Des chiens d’élite au service de la sécurité: tout savoir sur la Police cynotechnique marocaine

L’utilisation des chiens dans les forces de l’ordre marocaines remonte à 1956, avec la création de la DGSN. Dès les débuts, les unités cynotechniques étaient déployées pour des missions de surveillance et d’intervention aux postes frontières et aéroports. Mais c’est en 1992, avec la création du Centre cynophile national de police à Rabat, que la discipline s’est professionnalisée avec la mise en place de formations spécialisées pour les maîtres-chiens et le dressage des canidés. Un tournant décisif est pris en 2016, lorsque la DGSN amorce une refonte globale de la doctrine cynotechnique. Cette restructuration, comme l’explique Rachid Dahani, chef de la Division de la Police cynotechnique, visait à moderniser l’unité pour répondre aux nouveaux défis sécuritaires. «Cette refonte n’était ni un luxe ni une tendance, mais une nécessité stratégique dictée par un besoin d’adaptation à un environnement en mutation», souligne-t-il.

Depuis, les missions des unités cynotechniques se sont diversifiées. Elles interviennent dans :

• La détection d’explosifs et d’armes.

• La lutte contre le trafic de drogues et la recherche de billets de banque.

• La recherche de personnes disparues sous les décombres.

• L’assistance aux forces d’intervention dans les opérations de maintien de l’ordre.

Ce spectre d’action élargi fait aujourd’hui des chiens policiers un maillon essentiel du dispositif de sécurité nationale.

Depuis 2016, un vaste plan de développement a été mis en place par la DGSN pour renforcer les capacités de la police cynotechnique. Selon Rachid Dahani, cela s’est traduit par la création de nouvelles infrastructures et l’amélioration des moyens logistiques. Le Maroc dispose aujourd'hui de 22 Brigades cynotechniques régionales, réparties sur l’ensemble du territoire et couvrant les infrastructures stratégiques, les grandes villes et les postes frontières. Un programme d’extension prévoit la création de nouvelles unités, adaptées aux besoins sécuritaires croissants.



Les efforts déployés par la DGSN pour renforcer et moderniser l’action de la police cynotechnique ont donné leurs fruits. Forte d’un effectif

opérationnel de 437 cynotechniciens spécialisés et 377 chiens d’une dizaine de races différentes et neufs spécialités diverses, la police cynotechnique a développé, au fil des années, un réel savoir-faire qui commence à être reconnu et sollicité par de nombreux partenaires. Cette section a commencé à intéresser de plus en plus de femmes policières et dont le nombre connaît une évolution notable. Un métier dans lequel ces femmes ont prouvé leur compétence et leur capacité à dresser des chiens. Un métier qui exige une bonne condition physique, certes, mais également beaucoup de patience et de disponibilité.

La modernisation ne s’est pas arrêtée aux infrastructures. De nouveaux équipements spécialisés ont été intégrés :

• Des véhicules aménagés, climatisés et sécurisés pour le transport des chiens.

• Des uniformes de travail adaptés, garantissant sécurité et mobilité aux cynotechniciens.

• Des outils de dressage modernes, conçus pour optimiser la performance des chiens en fonction de leur spécialité.

Grâce à ces investissements, les brigades cynotechniques disposent aujourd’hui de moyens technologiques à la hauteur des enjeux sécuritaires contemporains.

La sélection des chiens est une étape cruciale. Chaque année, la DGSN acquiert des chiens selon des critères stricts. Comme l’explique Rachid Dahani, «Nous avons mis en place un programme annuel d’acquisition basé sur des besoins précis en termes de races et de compétences. Les chiens sont sélectionnés selon leurs aptitudes comportementales et leur résistance physique».

Les principales races utilisées incluent :

• Le Berger Allemand et le Malinois, polyvalents et adaptés aux missions d’intervention.

• Le Saint-Hubert, reconnu pour ses capacités exceptionnelles en pistage.

• Le Labrador et le Cocker, particulièrement efficaces pour la recherche de substances illicites.

Après leur sélection, les chiens rejoignent le Centre cynophile national de police pour une formation intensive, où ils sont initiés aux techniques de recherche, de pistage et de contrôle. L’apprentissage repose sur une méthode de récompense et de jeu, garantissant une motivation constante et un lien fort avec leur maître.

Le bien-être et la santé des chiens policiers sont également une priorité absolue pour la DGSN. Un service vétérinaire interne assure à cet égard un suivi médical quotidien et une alimentation équilibrée adaptée à chaque chien. Des examens réguliers sont également réalisés pour garantir leur performance opérationnelle. Ce suivi méticuleux permet d’assurer une longévité optimale et une pleine efficacité des chiens en service.

La modernisation de la Police cynotechnique a permis d’en faire une composante incontournable de la sécurité nationale. Aujourd’hui, ces unités interviennent sur tous les fronts de la lutte contre la criminalité, offrant un soutien stratégique aux forces de l’ordre. Grâce à des investissements ciblés et un savoir-faire en constante évolution, le Maroc s’impose comme une référence régionale et internationale dans ce domaine. Et derrière chaque opération réussie, il y a une relation indéfectible entre le cynotechnicien et son chien, forgée par des années de formation, de complicité et de courage.

Grâce à ses avancées, la Police cynotechnique marocaine commence à s’imposer comme un modèle à l’international. Selon Rachid Dahani, cette ouverture est stratégique pour s'imprégner des expériences d’autres pays dans le but de renforcer les capacités de ces unités et d'affiner les méthodes de travail. Le savoir-faire développé par la DGSN est de plus en plus sollicité par des pays partenaires pour :

• Former des unités cynotechniques étrangères.

• Échanger sur les nouvelles techniques de dressage.

• Collaborer sur des missions de sécurité transfrontalière.