Au siège du Conseil de la ville de Casablanca, les mots de la directrice du Centre de développement de l'OCDE, Ragnheidur Elin Arnadottir, ont sonné comme un appel urgent à l'action face aux défis colossaux qui attendent le continent africain. «La population africaine devrait croître considérablement d'ici 2050. Et comme de plus en plus de jeunes ont accès à l'éducation, le continent constitue un vivier de talents sans précédent, ce qui représente une immense opportunité à saisir !» a déclaré Ragnheidur Elin Arnadottir, devant un parterre d'experts, décideurs politiques et représentants du secteur privé réunis pour la présentation du rapport «Dynamiques de développement en Afrique 2024 : compétences, emplois et productivité».
En ce mardi 15 avril 2025, c’est dans la métropole économique du Maroc et hub de l'Afrique que l'OCDE et l'Union africaine ont choisi de présenter conjointement cette sixième édition de leur rapport phare. Cet événement, organisé par Casablanca Finance City (CFC), a rassemblé des personnalités de premier plan autour d'une question cruciale : comment transformer le potentiel démographique africain en véritable levier de développement économique ?
Face à l'ampleur des défis, la coopération régionale et internationale apparaît comme un facteur déterminant de réussite. Lors de la présentation du rapport «Dynamiques de développement en Afrique 2024», Saïd Ibrahimi, directeur général de Casablanca Finance City Authority, a souligné l'importance de ce rendez-vous annuel devenu incontournable : «Je suis ravi que nous puissions organiser pour la deuxième année consécutive la présentation de ce rapport de référence, conjointement élaboré par le Centre de développement de l'OCDE et la Commission de l'Union africaine».
En ce mardi 15 avril 2025, c’est dans la métropole économique du Maroc et hub de l'Afrique que l'OCDE et l'Union africaine ont choisi de présenter conjointement cette sixième édition de leur rapport phare. Cet événement, organisé par Casablanca Finance City (CFC), a rassemblé des personnalités de premier plan autour d'une question cruciale : comment transformer le potentiel démographique africain en véritable levier de développement économique ?
Face à l'ampleur des défis, la coopération régionale et internationale apparaît comme un facteur déterminant de réussite. Lors de la présentation du rapport «Dynamiques de développement en Afrique 2024», Saïd Ibrahimi, directeur général de Casablanca Finance City Authority, a souligné l'importance de ce rendez-vous annuel devenu incontournable : «Je suis ravi que nous puissions organiser pour la deuxième année consécutive la présentation de ce rapport de référence, conjointement élaboré par le Centre de développement de l'OCDE et la Commission de l'Union africaine».
Un vivier de talents face à des défis structurels majeurs
Le constat est sans appel : l'Afrique se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. D'un côté, le rapport souligne un potentiel humain sans précédent avec une projection démographique vertigineuse : d'ici 2050, le continent représentera 85% de l'augmentation de la population mondiale en âge de travailler. Plus impressionnant encore, le nombre de jeunes Africains ayant terminé des études secondaires supérieures ou supérieures va plus que doubler entre 2020 et 2040, passant de 120 millions à 200 millions de diplômés. «C'est un potentiel extraordinaire», confirme Ragnheidur Elin Arnadottir. «Mais cette opportunité ne se traduira en croissance économique que si le développement des compétences correspond à la demande d'un marché du travail en évolution. En d'autres termes, nous devons former correctement pour pouvoir saisir cette opportunité aussi pleinement que possible».
D’où l’ampleurs des défis structurels à relever. Comme le souligne le président de la région, Abdellatif Maazouz, lors de son intervention : «Un jeune sur quatre ne fait rien, ce qui représente une charge pour la société et pour le continent. Cela mérite des réflexions éclairées pour trouver des solutions». Cette inactivité massive d'une partie de la jeunesse, couplée à un secteur informel qui domine encore largement le marché du travail africain, constitue un frein majeur au développement du continent.
Le cas de l'Afrique du Nord, région la plus productive du continent, illustre parfaitement ce paradoxe. Malgré les performances économiques, l'emploi informel y concerne encore 73% de la main-d'œuvre régionale. Et même si le nombre moyen d'années de scolarité dans la région s'élève à 7,9 ans, au-dessus de la moyenne continentale de 6,7 ans, la directrice du Centre de développement de l'OCDE tient à relativiser ce chiffre : «En ajustant ce chiffre en fonction de la qualité de l'apprentissage, la moyenne tombe à 6,1 ans, ce qui souligne la nécessité pour les décideurs politiques d'améliorer la qualité des résultats éducatifs».
D’où l’ampleurs des défis structurels à relever. Comme le souligne le président de la région, Abdellatif Maazouz, lors de son intervention : «Un jeune sur quatre ne fait rien, ce qui représente une charge pour la société et pour le continent. Cela mérite des réflexions éclairées pour trouver des solutions». Cette inactivité massive d'une partie de la jeunesse, couplée à un secteur informel qui domine encore largement le marché du travail africain, constitue un frein majeur au développement du continent.
Le cas de l'Afrique du Nord, région la plus productive du continent, illustre parfaitement ce paradoxe. Malgré les performances économiques, l'emploi informel y concerne encore 73% de la main-d'œuvre régionale. Et même si le nombre moyen d'années de scolarité dans la région s'élève à 7,9 ans, au-dessus de la moyenne continentale de 6,7 ans, la directrice du Centre de développement de l'OCDE tient à relativiser ce chiffre : «En ajustant ce chiffre en fonction de la qualité de l'apprentissage, la moyenne tombe à 6,1 ans, ce qui souligne la nécessité pour les décideurs politiques d'améliorer la qualité des résultats éducatifs».
L'éducation et la formation : investissements à fort rendement
À l’image de ce diagnostic partagé par l'ensemble des intervenants, les solutions proposées convergent toutes vers un même axe stratégique : l'investissement massif dans l'éducation et la formation professionnelle. Car, selon les données présentées, chaque année supplémentaire de scolarité peut augmenter les revenus des apprenants africains jusqu'à 11,4%, contre 9,1% pour les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
Nizar Baraka, ministre de l'Équipement et de l'eau, présent lors de l'événement, a insisté particulièrement sur cet aspect : «La réponse à cette question, c'est, un, compétences, deux, emploi et engagement. Et l'engagement, c'est d'assurer une éducation de qualité et de renforcer les fondements de cette éducation pour permettre à nos jeunes d'avoir l'agilité nécessaire pour s'adapter par rapport aux conditions de confiance que connaît l'économie mondiale».
En effet, au-delà des chiffres, c'est bien la qualité de l'éducation qui cristallise l'attention des experts. Le rapport préconise notamment deux méthodes pédagogiques particulièrement efficientes : la pédagogie structurée et l'enseignement ciblé basé sur les niveaux d'apprentissage des élèves. «Étendre ces méthodes d'enseignement à 90% des élèves du primaire en Afrique coûterait environ 3,6 milliards de dollars par an, soit environ 2% des dépenses d'éducation du continent en 2021», précise Ragnheidur Elin Arnadottir. «Mais cela générerait un rendement équivalent à 1,2 année supplémentaire d'apprentissage de qualité, ce qui représente un impact significatif pour un investissement relativement modeste».
La formation professionnelle apparaît également comme un levier essentiel, particulièrement pour les travailleurs du secteur informel et les femmes, qui constituent une part importante de la main-d'œuvre africaine. «Elle renforce la productivité et l'employabilité», souligne la directrice du Centre de développement de l'OCDE.
Nizar Baraka, ministre de l'Équipement et de l'eau, présent lors de l'événement, a insisté particulièrement sur cet aspect : «La réponse à cette question, c'est, un, compétences, deux, emploi et engagement. Et l'engagement, c'est d'assurer une éducation de qualité et de renforcer les fondements de cette éducation pour permettre à nos jeunes d'avoir l'agilité nécessaire pour s'adapter par rapport aux conditions de confiance que connaît l'économie mondiale».
En effet, au-delà des chiffres, c'est bien la qualité de l'éducation qui cristallise l'attention des experts. Le rapport préconise notamment deux méthodes pédagogiques particulièrement efficientes : la pédagogie structurée et l'enseignement ciblé basé sur les niveaux d'apprentissage des élèves. «Étendre ces méthodes d'enseignement à 90% des élèves du primaire en Afrique coûterait environ 3,6 milliards de dollars par an, soit environ 2% des dépenses d'éducation du continent en 2021», précise Ragnheidur Elin Arnadottir. «Mais cela générerait un rendement équivalent à 1,2 année supplémentaire d'apprentissage de qualité, ce qui représente un impact significatif pour un investissement relativement modeste».
La formation professionnelle apparaît également comme un levier essentiel, particulièrement pour les travailleurs du secteur informel et les femmes, qui constituent une part importante de la main-d'œuvre africaine. «Elle renforce la productivité et l'employabilité», souligne la directrice du Centre de développement de l'OCDE.
Le Maroc, laboratoire d'expériences innovantes en matière de formation
Dans ce panorama continental, le Maroc se distingue par plusieurs initiatives novatrices en matière d'adéquation entre formation et besoins du marché du travail. Le président de la région, Abdellatif Maazouz, a mis en avant l'expérience marocaine dans le secteur automobile et de l’aéronautique, où une formation spécifique a été développée pour répondre précisément aux besoins de ces écosystèmes industriels. «Dans la région, il y a un système de formation aéronautique qui prépare cet écosystème et place le Maroc dans le réseau et le radar de ce secteur», explique-t-il. Il a également évoqué une initiative dans le domaine numérique : «Une fondation informatique embarque 300 personnes formées, dont la première promotion a permis la formation de 200 personnes avec l'objectif d'arriver à 400 personnes».
Autant d’initiatives qui s'inscrivent dans une vision plus large de transformation économique. Comme l'a expliqué Baraka : «Aujourd'hui, deux tiers de l'investissement sont publics et un tiers privé. Et l'objectif, c'est de passer à deux tiers d'investissement privé contre un tiers d'investissement public.»
Autant d’initiatives qui s'inscrivent dans une vision plus large de transformation économique. Comme l'a expliqué Baraka : «Aujourd'hui, deux tiers de l'investissement sont publics et un tiers privé. Et l'objectif, c'est de passer à deux tiers d'investissement privé contre un tiers d'investissement public.»
Les énergies renouvelables : un secteur d'avenir pour l'emploi qualifié
Parmi les secteurs identifiés comme particulièrement prometteurs en termes de création d'emplois qualifiés, celui des énergies renouvelables occupe une place prépondérante, notamment en Afrique du Nord. «Avec ses vastes ressources naturelles et la plus grande capacité d'énergie solaire du continent, l'Afrique du Nord a une opportunité unique de mener la transition énergétique de l'Afrique», a fait observer Ragnheidur Elin Arnadottir.
Les chiffres sont éloquents : «Actuellement, le secteur des énergies renouvelables emploie environ 21.000 personnes dans la région, et près des deux tiers travaillent au Maroc», a-t-elle relevé. Mais le potentiel est bien plus important : «Le secteur des énergies renouvelables pourrait créer jusqu'à 2,7 millions d'emplois en Afrique du Nord, soit plus de 100 fois plus. Il y a donc beaucoup de potentiel à exploiter».
De son côté, le directeur général de CFC a mis en lumière deux leviers essentiels identifiés dans le rapport. «Le premier concerne la promotion de la mobilité des compétences et la libre circulation des personnes à travers les frontières. À Casablanca Finance City, nous en donnons une parfaite illustration», a-t-il expliqué. Concrètement, les entreprises membres de CFC bénéficient de démarches simplifiées pour l'obtention des permis de travail et de résidence, facilitant ainsi l'attraction et la rétention des talents internationaux. Le résultat est probant : plus de 70 nationalités sont aujourd'hui représentées au sein de la communauté CFC.
Les chiffres sont éloquents : «Actuellement, le secteur des énergies renouvelables emploie environ 21.000 personnes dans la région, et près des deux tiers travaillent au Maroc», a-t-elle relevé. Mais le potentiel est bien plus important : «Le secteur des énergies renouvelables pourrait créer jusqu'à 2,7 millions d'emplois en Afrique du Nord, soit plus de 100 fois plus. Il y a donc beaucoup de potentiel à exploiter».
De son côté, le directeur général de CFC a mis en lumière deux leviers essentiels identifiés dans le rapport. «Le premier concerne la promotion de la mobilité des compétences et la libre circulation des personnes à travers les frontières. À Casablanca Finance City, nous en donnons une parfaite illustration», a-t-il expliqué. Concrètement, les entreprises membres de CFC bénéficient de démarches simplifiées pour l'obtention des permis de travail et de résidence, facilitant ainsi l'attraction et la rétention des talents internationaux. Le résultat est probant : plus de 70 nationalités sont aujourd'hui représentées au sein de la communauté CFC.
La coopération régionale et internationale, clé du succès
Le second levier crucial concerne l'alignement des formations sur les besoins du marché. «Nous travaillons ensemble avec la région de Casablanca-Settat sur la mise en place de l'Africa Finance and Sustainability Institute, un établissement de formation focalisé sur les thèmes de la finance et de la durabilité», a précisé Saïd Ibrahimi. Cet institut offrira des formations exécutives à forte valeur ajoutée, alignées sur les standards internationaux, grâce à des partenariats stratégiques avec des organismes de certification reconnus et des entreprises leaders dans leur domaine. Le président de la région, Abdellatif Maazouz, a également insisté sur l'importance des «échanges d'expériences, notamment au niveau territorial», invitant à «partager l'expertise au niveau local du continent». Nizar Baraka a évoqué quant à lui la stratégie Royale concernant l'Atlantique, qui vise à «permettre aux pays du Sahel de bénéficier d'une ouverture vers l'Atlantique et qu'on puisse les intégrer dans les chaînes de valeur».
Abondant dans ce sens, la directrice du Centre de développement de l'OCDE, Ragnheidur Elin Arnadottir, a conclu : «Les gouvernements et les parties prenantes de l'industrie doivent travailler ensemble pour anticiper les futures demandes de compétences et s'assurer que les travailleurs sont équipés de l'expertise adéquate. Les partenariats public-privé seront également essentiels. En travaillant ensemble, les gouvernements, les entreprises et les établissements d'enseignement peuvent créer un écosystème de compétences qui soutient l'innovation et la création d'emplois durables».
Abondant dans ce sens, la directrice du Centre de développement de l'OCDE, Ragnheidur Elin Arnadottir, a conclu : «Les gouvernements et les parties prenantes de l'industrie doivent travailler ensemble pour anticiper les futures demandes de compétences et s'assurer que les travailleurs sont équipés de l'expertise adéquate. Les partenariats public-privé seront également essentiels. En travaillant ensemble, les gouvernements, les entreprises et les établissements d'enseignement peuvent créer un écosystème de compétences qui soutient l'innovation et la création d'emplois durables».