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Quand l’Europe et le Maroc s’unissent pour l’émancipation des femmes

Du 25 au 29 septembre 2024, Marrakech accueille les travaux de l’Académie d’automne des femmes du Parti populaire européen (PPE), qui se tiennent pour la première fois en Afrique. Cet événement d’envergure, organisé en partenariat avec la Fédération des femmes du Rassemblement national des indépendants (RNI), rassemble plus de 30 dirigeantes nationales d’organisations féminines européennes et marocaines. Au programme : des échanges nourris sur les défis actuels en matière de sécurité, de climat, d’énergie, de démographie et d’économie. Cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre du partenariat entre le PPE et le RNI, met en lumière le rôle crucial des femmes dans la résolution des enjeux mondiaux. Elle souligne également l’importance du Maroc comme pont entre l’Europe et l’Afrique. Un rendez-vous qui promet de dessiner les contours d’un avenir plus inclusif et équitable pour les femmes des deux rives de la Méditerranée.

Marrakech abrite, du 25 au 29 septembre, des journées qui s’annoncent historiques. En effet, des femmes de pouvoir, venues des quatre coins de l’Europe et du Maroc, ont pris part, pour la première fois, en dehors des frontières européennes, à un événement d’une portée considérable : l’Académie d’automne des femmes du Parti populaire européen (PPE). Cette rencontre annuelle n’est pas un simple rassemblement de plus. Elle incarne l’espoir d’un nouveau chapitre dans les relations euro-méditerranéennes, placé sous le signe de l’émancipation féminine. L’événement a réuni un panel impressionnant d’intervenants, incluant des ministres (femmes) en exercice, d’anciennes ministres des affaires étrangères, des parlementaires, des maires et des experts internationaux, reflétant la volonté de croiser les perspectives à tous les niveaux de gouvernance.

Une collaboration inédite pour un avenir commun

Dès les premiers instants de la séance d’ouverture ayant eu lieu vendredi 27 septembre – après une série de visites et de rencontres dans la ville ocre depuis mercredi 25 septembre –, le ton est donné. Amina Benkhadra, présidente de la Fédération des femmes RNI, a pris la parole pour ouvrir les débats. Son discours résonne comme un appel à l’action : «Ensemble, nous pouvons construire un avenir plus inclusif, plus solidaire et plus prospère pour nos sociétés respectives», déclare-t-elle avec conviction. Elle souligne l’importance du partenariat entre le PPE et le RNI, deux formations politiques unies par des valeurs communes : «la promotion de la femme dans la société, le soutien à son émancipation économique et la défense des droits humains».

Cette collaboration n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de rapprochement entre l’Europe et le Maroc. Rozalia Biro, présidente de l’Organisation des femmes du PPE, ne s’y trompe pas. Pour elle, «le Maroc est le pont entre l’Europe et l’Afrique». Elle salue les réalisations du Royaume du Maroc en matière de droits des femmes, soulignant que «l’exemple de réussite du Maroc est un exemple pour nous en Europe». Au fil des interventions, un constat s’impose : l’avenir de l’Europe et de ses voisins du Sud est indissociable. Comme le rappelle Mme Biro, citant une collègue : «Si l’Afrique souffre, l’Europe souffre aussi». Cette interdépendance appelle à une coopération renforcée, notamment dans les domaines clés que sont la sécurité, l’économie, le social, l’environnement et la migration.

Le Maroc, un modèle de développement inclusif

L’évocation du Maroc suscite l’admiration des participantes européennes. Sous la conduite de S.M. le Roi Mohammed VI, le pays s’est engagé dans un vaste programme de réformes qui en fait aujourd’hui un modèle de développement durable et inclusif. Amina Benkhadra dresse un tableau éloquent des avancées réalisées : investissements massifs dans les infrastructures, émergence d’une plateforme industrielle compétitive, transition énergétique ambitieuse...

Mais c’est surtout en matière de droits des femmes que le Maroc impressionne. Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances, membre du bureau politique RNI, livre des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : «En 2022, les femmes représentent 41,22% des employés du secteur public. La proportion de femmes aux postes de décision dans l’administration est passée de 16,21% en 2012 à 28,17% en 2022». Ces progrès, tout le monde s’accorde à le dire, sont le fruit d’une vision politique claire. Nadia Bouaïda, membre du Parlement au nom du RNI, le souligne : «Grâce au leadership visionnaire de S.M. le Roi, nous avons vu des changements transformateurs dans l’éducation, la santé et les droits légaux».

Les défis persistants de l’égalité des genres

Malgré ces avancées indéniables, les intervenantes ne cachent pas l’ampleur des défis qui subsistent. Nadia Fettah Alaoui rappelle que selon le rapport de la Banque mondiale «Women, Business and the Law 2022», environ 2,4 milliards de femmes en âge de travailler ne jouissent toujours pas de l’égalité des chances économiques. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des barrières juridiques persistent. Face à ce constat, l’appel à l’action est unanime. Nadia Bouaïda exhorte : «Nous devons élever nos voix et exiger des actions pour démanteler ces barrières, en veillant à ce que toutes les femmes aient accès aux opportunités qu’elles méritent». Elle souligne l’urgence de la situation, rappelant le déficit annuel de 360 milliards de dollars dans les dépenses nécessaires pour atteindre l’égalité des genres d’ici 2030.

Pour relever ces défis, les participantes s’accordent sur l’importance de l’indépendance financière et de l’éducation. «Je crois fermement que la véritable émancipation des femmes ne peut être réalisée que par l’indépendance financière et l’éducation», affirme Nadia Bouaïda. Cette conviction est partagée par l’ensemble des intervenantes, qui voient dans ces deux piliers les clés de l’autonomisation des femmes.

Le sport et la politique, leviers d’émancipation

Dans ce concert de voix politiques, celle de Nawal El Moutawakel apporte une tonalité particulière. Première femme africaine et arabe à remporter une médaille d’or olympique en 1984, elle incarne le pouvoir transformateur du sport. «Le sport a toujours été, et reste encore aujourd’hui, un vecteur d’union entre les peuples», déclare-t-elle. Elle voit dans l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 par le Maroc, le Portugal et l’Espagne, «une opportunité historique de renforcer les relations entre les continents». Mais pour Nawal El Moutawakel, le sport n’est qu’une étape. Son parcours, qui l’a menée des pistes d’athlétisme aux plus hautes fonctions politiques, illustre la nécessité pour les femmes de s’engager dans la vie publique. «Être une source d’inspiration pour les autres ne suffit pas. Nous devons aller plus loin, nous devons devenir des actrices du changement», martèle-t-elle. Cette conviction est partagée par l’ensemble des participantes. Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, rappelle l’importance de la représentation féminine dans les instances décisionnelles. Elle évoque son expérience au Parlement européen, où elle a dû batailler pour augmenter la proportion de femmes proposées par les États membres, la faisant passer de 22 à 40%.

Vers une nouvelle politique européenne de voisinage

Au fil des discussions, un consensus se dégage : la politique européenne de voisinage doit être repensée. Nadia Fettah Alaoui salue les acquis de cette politique, tout en pointant ses limites: «Des efforts restent à faire pour atteindre véritablement les objectifs de cette politique de voisinage et notamment réduire l’écart de développement entre les deux rives et promouvoir les économies des deux parties». Elle plaide pour une adaptation des instruments financiers aux enjeux spécifiques de la Méditerranée et pour le développement de collaborations régionales dans des domaines prioritaires tels que la gestion des ressources hydriques, la transition énergétique et numérique. Elle appelle également à un soutien plus conséquent aux stratégies sectorielles d’envergure.

Amina Benkhadra renchérit, soulignant la nécessité de «renouveler les contours de la politique européenne de voisinage pour le Sud». Elle insiste sur l’importance de prendre en compte les aspirations des pays du Sud et de reconnaître leurs spécificités. Cette vision est partagée par l’ensemble des participantes, qui voient dans cette refonte l’opportunité de créer un partenariat plus équilibré et plus efficace entre l’Europe et ses voisins du Sud. Comme le résume Nadia Fettah Alaoui : «Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où la diversité démographique est une force, où l’égalité des genres est une réalité et où chaque femme, qu’elle soit jeune ou âgée, migrante ou native, peut réaliser son plein potentiel».

Les débats se sont poursuivi à huis clos. Selon nos informations, une grande importance a été accordée aux questions de sécurité : «La sécurité et la défense ont occupé une place prépondérante dans les discussions, avec des interventions notables de Mariya Gabriel, vice-présidente du PPE, et de Steven Höfner, directeur de la Fondation Konrad Adenauer au Maroc, qui a abordé le «Nouveau paradigme de sécurité et le voisinage méridional», apprend-on. Les questions démographiques et économiques ont été au cœur d’un panel riche, réunissant notamment Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances du Maroc, Sofia Zacharaki, ministre grecque de la Cohésion sociale et de la famille, et Frances Fitzgerald, vice-présidente du groupe PPE au Parlement européen. Il a également été question de l’implication des collectivités locales dans les défis économiques et démographiques. Ce qui a été mis en lumière par les interventions des plusieurs maires.

Alors que l’Académie d’automne touche à sa fin, l’atmosphère est à l’optimisme et à la détermination. Les participantes repartent avec des idées novatrices et la conviction renforcée que la collaboration entre les femmes d’Europe et de ses voisins du Sud et de l’Est peut devenir un modèle de coopération internationale.
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