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Régionalisation avancée : sept défis et trois priorités pour un Maroc des régions inclusif et durable

Les deuxièmes Assises de la régionalisation avancée tenues les 20 et 21 décembre, à Tanger, marquent une étape majeure dans ce chantier structurant. Dans un message clairvoyant, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a mis en exergue les défis à relever et les priorités stratégiques pour renforcer le rôle des régions en tant que moteurs d’un développement territorial équilibré et inclusif.

Ph : Saouri
Ph : Saouri
Les 20 et 21 décembre 2024, des dates à inscrire dans les annales de Tanger. La ville abrite un événement historique pour le Maroc : les deuxièmes Assises de la régionalisation avancée, un moment clé pour faire le bilan des acquis et tracer les perspectives futures de ce chantier stratégique.

À cette occasion, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé un message aux participants, dont lecture a été donnée par le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, dans lequel il a réaffirmé l'importance capitale de la régionalisation avancée comme levier de développement, de justice sociale et d'équité territoriale. Ce message Royal, porteur d’une vision ambitieuse, a donné le ton de cette rencontre prévue sur deux jours et rappelé l'engagement indéfectible du Royaume en faveur d’un modèle de gouvernance territoriale exemplaire.

Le Souverain a appelé à l’élaboration d’une feuille de route claire et consensuelle, définissant les orientations stratégiques pour répondre aux défis actuels et futurs. Ce message Royal, porteur d’une vision clairvoyante, a également identifié sept défis majeurs à relever pour renforcer l’efficacité et la résilience des régions, tout en consolidant leur rôle comme moteurs de développement inclusif.



1. Le premier défi identifié par Sa Majesté le Roi concerne l’application effective de la Charte nationale de déconcentration administrative, un chantier prioritaire. Déjà, lors des premières Assises nationales de la régionalisation avancée, le Souverain avait insisté sur l’urgence d’accélérer sa mise en œuvre. Toutefois, le constat actuel reste mitigé : de nombreux départements ministériels tardent encore à activer ce processus, notamment pour les compétences prioritaires liées à l’investissement. Dans Son message, S.M. le Roi souligne : «Force est de constater que la plupart des départements ministériels ont tardé à activer le chantier de déconcentration administrative. De fait, nonobstant son importance, sa mise en œuvre demeure entachée de lacunes, notamment dans le domaine des compétences prioritaires liées à l’investissement. Ce retard dans le transfert de ces compétences aux services déconcentrés compliquerait les procédures administratives d’investissement et empêcherait les investisseurs de les accomplir dans des conditions convenables».

2. Le deuxième défi porte sur l’audit et l’opérationnalisation des compétences des collectivités territoriales. Pour le Souverain, une évaluation rigoureuse des attributions, notamment celles des Conseils régionaux, est essentielle pour impulser un véritable développement économique et social. À cet effet, S.M. le Roi appelle à l’adoption d’une approche globale fondée sur une responsabilisation pleine et entière des acteurs concernés. L’audit des compétences constitue une étape incontournable pour garantir une mise en œuvre efficiente et cohérente.

3. Le troisième défi réside dans le renforcement de la démocratie participative. Le Souverain rappelle que, conformément à la Loi fondamentale du Royaume, les citoyens et les associations de la société civile doivent jouer un rôle central dans l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques publiques locales. Une telle participation est cruciale pour garantir la pertinence des décisions prises et favoriser une adhésion collective.

4. Quant au quatrième défi, il concerne la responsabilité et la reddition des comptes. Ce pilier fondamental, évoqué dans le message Royal, exige des régions un engagement renforcé envers les principes de gouvernance, de transparence et de lutte contre la corruption. La responsabilité, indissociable de la reddition des comptes, doit être appliquée en conformité avec les dispositions de la Constitution afin de garantir une gestion efficace et intègre.

5. Le cinquième défi est lié à l’amélioration de l’attractivité des régions dans un contexte de compétitivité mondiale croissante. Pour répondre à cet enjeu, S.M. le Roi préconise l’élaboration d’une stratégie volontariste visant à valoriser les atouts des régions et à créer un environnement propice aux investissements. Cela inclut le développement d’infrastructures modernes, la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, la mise en place de mesures incitatives et la valorisation des ressources naturelles ainsi que du patrimoine culturel et historique.

6. Le sixième défi évoqué par le Souverain concerne, lui, la conception de mécanismes de financement innovants, en complément des modes traditionnels devenus insuffisants. Il s’agit notamment d’opérationnaliser un modèle budgétaire local axé sur l’efficacité et d’adopter des dispositifs financiers alternatifs prévus par le cadre législatif en vigueur. Ces outils permettront de mieux répondre aux besoins croissants des territoires.

7. Enfin, le septième défi porte sur la gestion des crises et l’adaptation aux transformations. Dans son message, Sa Majesté le Roi met en avant la nécessité pour les régions de renforcer leurs capacités d’anticipation et d’adaptation face aux crises économiques, environnementales et naturelles. L’intégration d’une stratégie de gestion des risques dans les programmes de développement est primordiale pour assurer la résilience des territoires et garantir un développement inclusif et durable.

Priorités sectorielles : eau, transport et numérique

Dans son message, Sa Majesté le Roi a également mis en exergue trois priorités stratégiques nécessitant une attention particulière et des actions ciblées.

1. La première est liée à la gestion des ressources hydriques, qui font face à un stress structurel grandissant. Le Souverain a souligné l’urgence de mettre en place une gouvernance efficace de l’eau et de déployer des programmes ambitieux dans le cadre de la stratégie nationale pour l’économie de l’eau. Cette démarche vise à assurer une gestion durable de cette ressource vitale dans un contexte de changement climatique et d’augmentation des besoins.

2. La deuxième se rapporte au transport et à la mobilité, des chantiers fondamentaux pour réduire les disparités territoriales et soutenir le développement économique et social. Le Souverain insiste sur l’importance d’une extension inclusive et durable des infrastructures de transport. Ce levier stratégique est essentiel, notamment pour accompagner des projets d’envergure, tels que l’organisation de la Coupe du monde 2030, et renforcer la connectivité entre les régions du Royaume.

3. Enfin, la transformation numérique qui s’impose comme une exigence incontournable pour les régions. Plus qu’une option, elle constitue un impératif pour moderniser la gestion administrative et stimuler une dynamique de développement territorial en phase avec les évolutions technologiques. Le numérique est appelé à jouer un rôle clé dans l’amélioration de l’efficacité, de la transparence et de l’attractivité des territoires.
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