Moins de 48 heures après sa prise de fonctions à la tête de Transparency Maroc, Saad Taoujni a donné le ton, exposant l’approche qui guidera son mandat, qu’il entend placer sous le signe de la rupture méthodologique. Intervenant lors de l’émission «L’Info en Face» diffusée sur Matin TV, Saad Taoujni a pointé d’entrée de jeu les limites des approches répressives dépourvues d’efficacité selon lui, critiqué l’absence de mécanismes de suivi indépendants et appelé à un recentrage des politiques publiques sur la probité institutionnelle.
Succédant à feu Abdelaziz Nouaydi, qu’il a salué comme un homme de rigueur et de principes, M. Taoujni a tenu à rappeler que Transparency Maroc était reconnue d’utilité publique depuis près de vingt ans, une décision prise sous le gouvernement de feu Abderrahmane Youssoufi. Pour l’invité, ce rappel «a son importance dans le débat qui nous réunit», puisque l’ONG qu’il dirige a pour «ambition d’instaurer un contre-pouvoir fondé sur les faits, la compétence technique et l’intégrité procédurale».
Succédant à feu Abdelaziz Nouaydi, qu’il a salué comme un homme de rigueur et de principes, M. Taoujni a tenu à rappeler que Transparency Maroc était reconnue d’utilité publique depuis près de vingt ans, une décision prise sous le gouvernement de feu Abderrahmane Youssoufi. Pour l’invité, ce rappel «a son importance dans le débat qui nous réunit», puisque l’ONG qu’il dirige a pour «ambition d’instaurer un contre-pouvoir fondé sur les faits, la compétence technique et l’intégrité procédurale».
L’exemplarité, fondement de la dissuasion
Interrogé sur la meilleure approche à adopter pour lutter contre la corruption et s’il fallait opter pour la sévérité des sanctions comme moyen de dissuasion, Saad Taoujni est catégorique : «Je suis juriste, et je ne crois pas à la dureté des sanctions. Je crois à l’exemplarité.» Pour lui, la clé de la dissuasion réside dans la certitude que les actes répréhensibles seront sanctionnés. «Il suffit d’un ou deux exemples par an : sanctionner un responsable politique qui a détourné des fonds publics, et tout le monde comprendra», indique-t-il.
Se disant peu favorable à une approche punitive susceptible, selon lui, de nuire à l’économie et à l’emploi, il plaide pour une coopération structurée et étroite avec l’État. Il insiste : «Ce qui compte, c’est la rapidité et l’efficacité dans le traitement des affaires de détournement. On doit agir avec la même célérité que dans les affaires impliquant des journalistes ou des youtubers dans des délits liés à la diffamation, par exemple». À cet égard, Saad Taoujni dénonce sans détour l’impunité persistante dans certains cas : «28 parlementaires poursuivis, voire condamnés, circulent librement. Les rapports de la Cour des comptes font état de centaines d’élus locaux soupçonnés de dilapidation de deniers publics, sans qu’aucune action ne soit engagée.»
Se disant peu favorable à une approche punitive susceptible, selon lui, de nuire à l’économie et à l’emploi, il plaide pour une coopération structurée et étroite avec l’État. Il insiste : «Ce qui compte, c’est la rapidité et l’efficacité dans le traitement des affaires de détournement. On doit agir avec la même célérité que dans les affaires impliquant des journalistes ou des youtubers dans des délits liés à la diffamation, par exemple». À cet égard, Saad Taoujni dénonce sans détour l’impunité persistante dans certains cas : «28 parlementaires poursuivis, voire condamnés, circulent librement. Les rapports de la Cour des comptes font état de centaines d’élus locaux soupçonnés de dilapidation de deniers publics, sans qu’aucune action ne soit engagée.»
La rigueur méthodologique de Transparency Maroc
Par ailleurs, Saad Taoujni a mis en garde contre le fait de céder à une certaine logique populiste qui ne repose pas sur des faits avérés dès lors qu’il s’agit de dénoncer la corruption. Il a tenu à tracer une ligne de démarcation claire entre l’action de Transparency Maroc et les discours imprécis ou infondés qui circulent souvent dans l’espace public dès qu’il est question de ce phénomène. Fidèle aux principes d’éthique et de rigueur qui fondent la légitimité de l’organisation, il a rappelé que toute démarche devait se faire avec l’analyse rigoureuse, étayée par des données probantes.
«Nous ne voulons pas de diffamation. Nous ne portons pas atteinte à l’honneur des gens», a-t-il déclaré avec fermeté, soulignant que toute prise de position de l’ONG devait reposer sur des éléments objectivables, vérifiés et vérifiables. Pour ce faire, une équipe d’experts, réunissant des compétences nationales et internationales, est mobilisée afin de garantir une lecture méthodique et impartiale des dossiers.
Cette exigence de méthode, selon M. Taoujni, est d’autant plus cruciale que certains champs d’intervention, à l’instar de la santé ou de la protection sociale, requièrent des outils d’analyse particulièrement pointus. Il a ainsi affirmé que Transparency Maroc disposait parfois de capacités techniques qui dépassent celles de certaines entités judiciaires. Mais selon lui, cela, loin de remettre en cause le rôle de la justice, illustre la valeur ajoutée que peut apporter une expertise indépendante et spécialisée. L’intervenant tient ainsi à préciser que cette démarche méthodologique, qui exclut toute forme de sensationnalisme, vise à placer l’intervention de Transparency Maroc dans une logique de responsabilité, de précision et de rigueur intellectuelle, conditions indispensables à la crédibilité d’un acteur engagé dans la dénonciation de pratiques illicites.
«Nous ne voulons pas de diffamation. Nous ne portons pas atteinte à l’honneur des gens», a-t-il déclaré avec fermeté, soulignant que toute prise de position de l’ONG devait reposer sur des éléments objectivables, vérifiés et vérifiables. Pour ce faire, une équipe d’experts, réunissant des compétences nationales et internationales, est mobilisée afin de garantir une lecture méthodique et impartiale des dossiers.
Cette exigence de méthode, selon M. Taoujni, est d’autant plus cruciale que certains champs d’intervention, à l’instar de la santé ou de la protection sociale, requièrent des outils d’analyse particulièrement pointus. Il a ainsi affirmé que Transparency Maroc disposait parfois de capacités techniques qui dépassent celles de certaines entités judiciaires. Mais selon lui, cela, loin de remettre en cause le rôle de la justice, illustre la valeur ajoutée que peut apporter une expertise indépendante et spécialisée. L’intervenant tient ainsi à préciser que cette démarche méthodologique, qui exclut toute forme de sensationnalisme, vise à placer l’intervention de Transparency Maroc dans une logique de responsabilité, de précision et de rigueur intellectuelle, conditions indispensables à la crédibilité d’un acteur engagé dans la dénonciation de pratiques illicites.
Un appel à l’action gouvernementale
S’agissant des politiques publiques de lutte contre la corruption, Saad Taoujni a dressé un constat plutôt négatif. Il a pointé l’inertie structurelle et le manque de résultats concrets qui caractérisent selon lui les efforts du gouvernement. Pour étayer son jugement, il a rappelé le recul du Maroc dans l’Indice de perception de la corruption, établi par Transparency International, précisant qu’il est passé de la 73e position en 2018 à la 99e en 2024 sur un total de 180 pays. Pour lui, cette dégradation «ne saurait être interprétée comme une simple fluctuation conjoncturelle». Il s’agit plutôt, a-t-il ajouté, d’un indicateur objectif d’un affaiblissement des dispositifs de contrôle, d’un déficit d’engagement institutionnel et d’un reniement des obligations internationales souscrites par le Royaume, notamment dans le cadre de la Convention des Nations unies contre la corruption. Pour M. Taoujni, ce recul est d’autant plus déplorable que d’autres pays ont amélioré significativement leur classement, citant à titre d’exemple la Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux pays qui, selon lui, ont enregistré des progrès tangibles en raison d’un renforcement de leurs structures de gouvernance. «Il ne suffit pas de créer des agences ou des instances. Encore faut-il leur garantir une indépendance réelle, une capacité d’action effective et un accès sans entrave à l’information publique», a-t-il insisté, faisant ainsi allusion aux facteurs de blocage des politiques publiques en la matière.
Tout en déplorant l’écart croissant entre les discours officiels et la réalité du terrain, l’invité de «L’Info en Face» a exhorté les autorités publiques à une relecture rigoureuse des engagements constitutionnels, s’agissant en particulier de la reddition des comptes, de la transparence budgétaire et du contrôle citoyen. Selon lui, seule une volonté politique affirmée, traduite par des actes législatifs et administratifs concrets, permettra de restaurer la crédibilité des institutions, de redresser les indicateurs internationaux et de répondre aux attentes d’une société civile de plus en plus consciente des enjeux de gouvernance.
Tout en déplorant l’écart croissant entre les discours officiels et la réalité du terrain, l’invité de «L’Info en Face» a exhorté les autorités publiques à une relecture rigoureuse des engagements constitutionnels, s’agissant en particulier de la reddition des comptes, de la transparence budgétaire et du contrôle citoyen. Selon lui, seule une volonté politique affirmée, traduite par des actes législatifs et administratifs concrets, permettra de restaurer la crédibilité des institutions, de redresser les indicateurs internationaux et de répondre aux attentes d’une société civile de plus en plus consciente des enjeux de gouvernance.
La défense des engagements internationaux du Maroc
Plus qu’un impératif de bonne gouvernance, la lutte contre la corruption, estime Saad Taoujni, doit être placée dans le cadre plus large des engagements internationaux que le Maroc a librement consentis. Selon lui, ces engagements, loin d’être symboliques ou facultatifs, traduisent une volonté inscrite dans le droit positif du Royaume, notamment à travers la ratification de la Convention des Nations unies contre la corruption.
Sauf que, a-t-il fait observer, plusieurs de ces engagements fondamentaux demeurent inopérants, faute d’une transposition législative effective. Il en va ainsi de la déclaration de patrimoine, encore largement dépourvue de mécanismes de contrôle, ou de la prévention des conflits d’intérêts, pour laquelle le pays ne dispose toujours pas d’un cadre juridique exhaustif et contraignant. Plus encore, l’absence d’une loi sur l’enrichissement illicite constitue, selon M. Taoujni, une faille structurelle, incompatible avec les obligations internationales du Maroc.
Se défendant de verser dans la rhétorique idéologique ou militante, l’intervenant a précisé qu’il s’agissait de normes contraignantes que le pays s’est engagé à respecter. À ses yeux, le non-respect de ces engagements affecte non seulement la crédibilité interne de l’action publique, mais également la place du Maroc sur la scène internationale, notamment dans ses partenariats économiques et institutionnels. «La transparence ne se décrète pas, elle s’encadre juridiquement. Ce n’est ni un luxe ni un slogan : c’est une exigence normative», a-t-il déclaré, appelant à une mise en conformité urgente de la législation nationale avec les engagements internationaux.
Sauf que, a-t-il fait observer, plusieurs de ces engagements fondamentaux demeurent inopérants, faute d’une transposition législative effective. Il en va ainsi de la déclaration de patrimoine, encore largement dépourvue de mécanismes de contrôle, ou de la prévention des conflits d’intérêts, pour laquelle le pays ne dispose toujours pas d’un cadre juridique exhaustif et contraignant. Plus encore, l’absence d’une loi sur l’enrichissement illicite constitue, selon M. Taoujni, une faille structurelle, incompatible avec les obligations internationales du Maroc.
Se défendant de verser dans la rhétorique idéologique ou militante, l’intervenant a précisé qu’il s’agissait de normes contraignantes que le pays s’est engagé à respecter. À ses yeux, le non-respect de ces engagements affecte non seulement la crédibilité interne de l’action publique, mais également la place du Maroc sur la scène internationale, notamment dans ses partenariats économiques et institutionnels. «La transparence ne se décrète pas, elle s’encadre juridiquement. Ce n’est ni un luxe ni un slogan : c’est une exigence normative», a-t-il déclaré, appelant à une mise en conformité urgente de la législation nationale avec les engagements internationaux.
Un rôle de contre-pouvoir collaboratif
À ce titre, Saad Taoujni a clairement affirmé la position de Transparency Maroc en tant qu’acteur indépendant, mais néanmoins désireux de collaborer avec le pouvoir exécutif. «Nous ne sommes pas contre l'État, nous sommes un partenaire exigeant», a-t-il souligné, réaffirmant que l’ONG cherche plutôt à instaurer une exigence systématique de transparence et de rigueur. Selon lui, cet engagement ne relève pas d’une logique d’opposition, mais d’une volonté constructive de contribuer à un environnement de gouvernance plus transparent et plus responsable.
Partant de là, M. Taoujni a mis en exergue les lacunes des stratégies nationales anticorruption. Il a ainsi critiqué la tendance à l’autosatisfaction qui semble marquer certaines évaluations des politiques publiques, affirmant que ces autoévaluations sont souvent dépourvues de fondements solides, à savoir des données fiables et des études d'impact indépendantes. Pour lui, une telle démarche ne peut que fausser les conclusions et nuire aux réformes souhaitées. «la lutte contre la corruption nécessite des bilans clairs et objectifs, fondés sur des indicateurs vérifiables et une analyse impartiale» a-t-il insisté.
Partant de là, M. Taoujni a mis en exergue les lacunes des stratégies nationales anticorruption. Il a ainsi critiqué la tendance à l’autosatisfaction qui semble marquer certaines évaluations des politiques publiques, affirmant que ces autoévaluations sont souvent dépourvues de fondements solides, à savoir des données fiables et des études d'impact indépendantes. Pour lui, une telle démarche ne peut que fausser les conclusions et nuire aux réformes souhaitées. «la lutte contre la corruption nécessite des bilans clairs et objectifs, fondés sur des indicateurs vérifiables et une analyse impartiale» a-t-il insisté.