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Sahara marocain : le Mouvement des non-alignés conforte la position du Royaume

La Déclaration finale sanctionnant les travaux du 19e Sommet du Mouvement des non-alignés, tenu dans la capitale ougandaise, Kampala, les 19 et 20 janvier, a mis en exergue l'importance et la pertinence des résolutions adoptées depuis 2007 par le Conseil de sécurité des Nations unies concernant le différend régional autour du Sahara marocain. Des résolutions, notamment la toute dernière, 2703, à travers lesquelles le CS souligne la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie en tant que base sérieuse et crédible et seul point d’arrivée du processus politique.

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Le 19e Sommet du Mouvement des non-alignés (MNA) a réaffirmé, samedi au terme de ses travaux à Kampala, son appui au processus politique onusien concernant le différend régional autour du Sahara marocain en vue de parvenir à une «solution politique mutuellement acceptable».



Les Chefs d'État et de gouvernement du MNA «se sont félicités du processus des négociations tenues sous les auspices des Nations unies et de l'engagement des parties à continuer de faire preuve de volonté politique et à travailler dans un climat propice au dialogue afin d'entrer dans une phase de négociations plus intensive», lit-on dans la Déclaration finale du Sommet. Le 19e Sommet du Mouvement des non-alignés précise que l'objectif consiste aussi à assurer la mise en œuvre des dernières résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui ont souligné que l'initiative marocaine d'autonomie était sérieuse et crédible.

Le document final a également mis en exergue l'importance et la pertinence des résolutions adoptées depuis 2007 par le Conseil de sécurité de l'ONU, y compris sa résolution 2703 adoptée le 30 octobre 2023, qui a confirmé que la solution politique définitive ne peut être qu’une «solution politique réaliste, pragmatique, durable et basée sur le compromis».

Cette résolution, pour rappel, a identifié de manière claire les parties à ce processus politique, qui doivent assumer leur responsabilité politique, juridique et morale dans la recherche d’une solution définitive au différend régional sur le Sahara marocain. Elle cite en particulier l’Algérie à six reprises, soit autant de fois que le Maroc, confirmant que l’Algérie est bel et bien la partie principale à ce différend artificiel. De même, cette dernière résolution consacre les tables rondes comme seul cadre du processus politique, avec notamment la participation de l’Algérie, partie prenante directement interpellée.

Les non-alignés louent le rôle et les efforts de S.M. le Roi pour la défense des droits légitimes du peuple palestinien

Les Chefs d'État et de gouvernement ayant pris part à ce 19e Sommet du MNA ont vivement loué le rôle central du Comité Al-Qods, issu de l’Organisation de la coopération islamique, présidé par S.M. le Roi Mohammed VI, dans la défense des droits légitimes du peuple palestinien à établir un État souverain, indépendant et viable avec Al-Qods-Est pour capitale, conformément aux décisions internationales y afférentes et au plan de paix arabe visant la création de deux États indépendants reconnus internationalement.

Dans la Déclaration finale adoptée par les Chefs d’État et de gouvernement, le MNA s’est félicité des initiatives politiques et des actions humanitaires et sociales entreprises par le Maroc, sous l’impulsion de S.M. le Roi Mohammed VI, pour préserver les intérêts et les revendications légitimes de la population palestinienne. Le MNA a également loué le rôle joué par l’Agence Bayt Mal Al-Qods Acharif, en tant que bras exécutif du Comité, dans la préservation du statut juridique de la Ville sainte et de son identité, ainsi que la protection des lieux de culte.

Le MNA met en exergue les initiatives avant-gardistes portées par le Maroc à l'ONU

La Déclaration finale adoptée au terme du 19e Sommet du MNA a mis également en exergue le rôle pionnier joué par le Maroc à l’ONU dans l’adoption de plusieurs initiatives avant-gardistes. Dans ce sens, la Déclaration finale s’est référée à la résolution contre l’Autodafé du Saint Coran et le discours de haine, présentée par le Maroc le 25 juillet 2023 et adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU à l’unanimité de ses 193 États membres.

L’adoption de cette résolution a consacré le rôle du Maroc, conformément aux Hautes Orientations et à la Vision éclairée de S.M. le Roi Mohammed VI, en tant que leader régional et mondial pour la promotion des valeurs de paix, de tolérance et de dialogue interreligieux et interculturel, ainsi qu’en matière de lutte contre le danger des discours haineux véhiculés par l’extrémisme violent, l’obscurantisme, le populisme et le racisme de tous genres.

Par ailleurs, le Sommet de Kampala a salué le rôle du Maroc dans le maintien et la consolidation de la paix au niveau des Nations unies, notamment dans le cadre de sa présidence de la Configuration République Centrafricaine, et à travers son statut de coordinateur du Groupe de travail du Mouvement des non-alignés sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU. Les chefs d’État et de gouvernement se sont aussi félicités de la contribution significative du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme sur les plans régional et international.
Le Mouvement des non-alignés a, en outre, appuyé et encouragé les initiatives marocaines nationales et régionales sur le développement humain et le développement durable, ainsi qu’en matière de lutte contre la corruption et la question de la migration et des changements climatiques. De même, la Déclaration de Kampala a loué le rôle clé du Maroc dans la facilitation du processus onusien de soutien à la prévention, à la préparation et à la réponse aux pandémies (PPR).

Il est à noter que le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, qui a représenté S.M. le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, au 19e Sommet des Chefs d’État et de gouvernement du MNA, a conduit une importante délégation composée de l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, de l’ambassadeur de S.M. le Roi à Dar es Salam, Zakaria El Goumiri, de l’ambassadeur directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale, Mohamed Methqal, et du directeur des Nations unies et des organisations internationales au ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Redouane Houssaïni.

Entretien avec le professeur d’études stratégiques au Collège de défense nationale des Émirats arabes unis à Abou Dhabi

Mohamed Badine El Yattioui : «La présence du Maroc aux sommets du MNA et du G77+la Chine permet de contrer les attaques des adversaires, que ce soit dans les coulisses ou sur scène»

Sahara marocain : le Mouvement des non-alignés conforte la position du Royaume
Mohamed Badine El Yattioui.



Le Matin : le Maroc prend part au 19e Sommet des Chefs d’État et de gouvernement du Mouvement des non-alignés et au troisième Sommet du G77+la Chine, qui se tiennent à Kampala en Ouganda, respectivement les 19 et 20 janvier et du 21 au 23 janvier. Avec une forte délégation comprenant notamment Nasser Bourita et Omar Hilale. Comment expliquez-vous cette forte présence ? Et quels sont les enjeux de cette participation pour le Maroc ?

Mohamed Badine El Yattioui : les enjeux sont multiples pour expliquer la présence de cette délégation marocaine de haut niveau. Le premier a trait au fait que ces Sommets qui réunissent des pays aujourd’hui connus sous l’appellation de «Sud global» et qu’on appelait, pendant la guerre froide, le Mouvement des non-alignés pour exprimer la volonté d’une troisième voie entre le bloc occidental sous leadership américain et le bloc communiste-socialiste sous leadership soviétique, se trouvent aujourd’hui face à une situation différente, dans la mesure où nous avons ce «Sud global» qui essaie de s’affirmer de plus en plus et le Maroc a un rôle très important à jouer en tant que leader en Afrique et dans le monde arabe. L'enjeu est également économique, car le Maroc, qui a acquis un certain standing, grâce à son ouverture économique et commerciale, à sa capacité à attirer les investissements et à sa stabilité politique, se doit d'être présent.

L'autre point important est que le Mouvement des pays non alignés comprend de nombreux pays ayant des idéologies et des visions du monde très différentes. C'était déjà le cas pendant la guerre froide, où certains pays ont fini par se ranger d'un côté ou de l'autre malgré le projet de non-alignement, et c'est encore le cas aujourd'hui. Et pour le Maroc, participer à ces Sommets est très important, car il existe des pays comme l'Algérie et l'Afrique du Sud qui cherchent à se servir de ces forums comme tribune pour soulever un sujet qui n'a normalement pas sa place dans de tels événements, à savoir le sujet de l'intégrité territoriale du Royaume, avec un soutien clair aux séparatistes. Le Maroc doit donc être présent au plus haut niveau de son MAE pour répondre aux attaques des adversaires de son intégrité territoriale, que ce soit dans les coulisses ou sur scène.

Le Mouvement des non-alignés est considéré comme le deuxième plus grand rassemblement d'États après les Nations unies. Mais ce groupement a-t-il le poids et l’influence qui correspondent aux 120 membres le composant ? A-t-il toujours une place dans le nouvel ordre mondial qui se dessine ?

En termes de poids et d'influence du MNA, là, les choses se compliquent, car bien que nous ayons un nombre impressionnant de pays, dépassant la moitié de ceux qui composent l'ONU, leur poids et leur influence restent limités, tout simplement parce que si l'on prend en compte plusieurs questions, notamment la question économique et tout un tas de sujets liés au commerce et aux investissements internationaux, et même le modèle économique de chacun des pays du MNA, on se retrouve alors devant des choix très différents, qui font qu'il y a un manque de vision commune, de coordination et même de projet commun. L'interconnexion que les pays du MNA peuvent avoir avec l'économie occidentale, d'une part, ou l'économie chinoise, d'autre part (pour ne prendre que ces deux exemples), qu'elle soit forte ou faible, fait que leurs visions et leurs enjeux divergent et il leur est donc très difficile de peser ou d'influencer les décisions internationales tout en étant aussi clivés.

À la question de savoir s'ils ont une place dans le nouvel ordre mondial qui se dessine, la réponse est oui, puisqu'on parle du «Sud global», mais on en revient toujours à la même chose : ce Sud global reste fortement divisé et fracturé, même si on a vu, par exemple, avec l'épisode de la guerre entre la Russie et l'Ukraine aux Nations unies, des pays refuser de condamner en très grand nombre, qu'il s'agisse de pays latino-américains, africains, asiatiques ou même arabes. Mais lorsqu'il s'agit des questions économiques qui déterminent le cours du monde et sont des enjeux structurants, tous ces pays, quel que soit leur niveau de développement, montrent une absence de vision commune qui est très problématique.

Le groupe des 77+la Chine est une coalition de pays dont le but est de faire valoir les intérêts économiques de ses membres dans les négociations économiques internationales. Dans quelle mesure il a pu atteindre cet objectif ?

Il faut préciser qu'aujourd'hui 134 pays font partie de ce groupe, qui s'appelait ainsi à l'origine. Et pour ce groupe aussi, il y a une vraie difficulté à avoir des objectifs communs, et ceux qui ont finalement réussi sont ceux qui ont développé des modèles étatiques et une capacité à coopérer avec un certain nombre d’acteurs.

Et un exemple très intéressant pourrait être utile pour un pays comme le Maroc, celui de l'Inde, qui, bien que membre fondateur du MNA et participant au Groupe des 77, a inventé le «multi-alignement». Et de plus en plus de pays comme l'Inde, le Maroc, qui pourra le faire encore plus, et les Émirats arabes unis, par exemple, développent ce que nous appelons le multi-alignement plutôt que le non-alignement. Pourquoi ? Le non-alignement renvoie à une logique de blocs, et aujourd'hui nous sommes face à une mondialisation qui se délite, avec beaucoup de problèmes (la crise Covid, la guerre en Ukraine, l'inflation dans une grande partie du monde, le conflit israélo-palestinien qui prend une nouvelle tournure très violente, le problème de la mer Rouge, etc.). Pour s'en sortir donc, il va falloir faire ce que les Indiens font depuis un certain temps déjà, c'est-à-dire passer du non-alignement au multi-alignement, en fonction des questions, des intérêts et des enjeux.

Il est important de savoir nourrir des alliances différentes en fonction des intérêts, et c'est quelque chose de très utile pour le Maroc, qui lui permettrait, tout en faisant partie du Groupe des 77 ou du Mouvement des pays non alignés, de développer sa propre approche dans le meilleur intérêt du Royaume.

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