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Lundi 23 Juin 2025
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Sahara marocain : Alger avale des couleuvres après la confirmation de Washington

À quelques jours d'une réunion du Conseil de sécurité à huis clos pour faire le point sur la situation au Sahara marocain, l’Algérie vient d’encaisser un nouveau coup de boutoir. Les États-Unis ont officiellement reconfirmé mardi dernier leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes, entérinant ainsi la décision historique prise par Donald Trump en décembre 2020. Au lendemain de cette déclaration américaine, le ministère algérien des Affaires étrangères a indiqué, dans un communiqué succinct, «prendre acte» de la confirmation par Washington de sa position, exprimant son «regret» face à ce qu’il qualifie de prise de position «contraire à la légalité internationale et aux résolutions des Nations unies». Au-delà de la phraséologie désuète du communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, c’est la tonalité de de document qui frappe les esprits. Car malgré la portée politique de l’annonce américaine, le langage d’Alger est resté plutôt policé et aucune mesure diplomatique n’a été annoncée.

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La diplomatie marocaine n’en finit pas multiplier les succès s’agissant de la question de l’intégrité territoriale du Royaume. Le 8 avril 2025, les États-Unis ont officiellement reconfirmé leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes, entérinant ainsi la décision historique prise par Donald Trump en décembre 2020. Cette position a été annoncée à Washington par le nouveau secrétaire d’État, Marco Rubio, à l’issue d’un entretien avec Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères. «Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Maroc sur le Sahara», a déclaré Marco Rubio, soulignant que l’initiative marocaine d’autonomie «reste la seule base sérieuse, crédible et réaliste pour une solution juste et durable». La déclaration du haut responsable US évoque par ailleurs «l’urgence de relancer les discussions sur la base de la seule proposition marocaine», consacrant ainsi la continuité de la politique américaine, désormais inscrite dans le marbre.

L’Algérie dans une position de plus en plus inconfortable

Si Rabat engrange les succès diplomatiques successifs, Alger, elle, semble être aux abois. Au lendemain de la déclaration américaine, le ministère algérien des Affaires étrangères a indiqué, dans un communiqué succinct, «prendre acte» de la confirmation par Washington de sa position, exprimant son «regret» face à ce qu’il qualifie de prise de position «contraire à la légalité internationale et aux résolutions des Nations unies». Tout à son désarroi, Alger s’est remis à ressasser sa litanie, évoquant «un territoire non autonome, relevant d’un processus de décolonisation inachevé», ou encore un soi-disant «peuple sahraoui qui doit pouvoir exercer librement son droit à l’autodétermination». Au-delà de la phraséologie désuète du communiqué du ministère des Affaires étrangères algérien, c’est la tonalité de de document qui frappe les esprits. Car malgré la portée politique de l’annonce américaine, le langage d’Alger est resté plutôt policé et aucune mesure diplomatique n’a été annoncée. Contrairement aux précédents épisodes, notamment avec la France ou l’Espagne, aucun rappel d’ambassadeur n’a été évoqué, et la réaction s’est limitée à une déclaration officielle, sans escalade verbale.

Un soutien occidental de plus en plus affirmé

La sortie américaine s’inscrit dans une séquence diplomatique où plusieurs puissances européennes réaffirment leur appui sans équivoque à Rabat. Le 3 avril 2025, Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, a déclaré devant les députés que «Le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine». Il reprend ainsi les termes du message adressé par Emmanuel Macron à Sa Majesté le Roi Mohammed VI en juillet 2024. Malgré les efforts récents pour améliorer les relations franco-algériennes, Paris n’a pas changé sa position d’un iota. Au contraire, le discours se précise : «Il n’y a pas d’autre solution réaliste et crédible que le plan d’autonomie marocain», a insisté M. Barrot.

Madrid, de son côté, consolide le virage diplomatique engagé depuis la lettre de Pedro Sánchez du 18 mars 2022. Le 3 avril 2025, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a justifié ce repositionnement : «Il est irresponsable de continuer à s’accrocher à des dogmes dépassés. On ne peut pas maintenir une situation figée pendant 100 ou 200 ans». Albares assume ouvertement l’abandon de la neutralité espagnole, affirmant que le Maroc est un partenaire stratégique et que son plan d’autonomie est «aujourd’hui la proposition la plus sérieuse pour clore ce conflit». Face à cette convergence, le Front Polisario dénonce une «trahison». Son représentant à Madrid, Abdulah Arabi, a accusé l’Espagne d’avoir sacrifié «le droit à l’autodétermination» au profit de ses relations bilatérales avec Rabat. Mais ce ne sont pas ces gesticulations qui mettront fin à l’isolement croissant du mouvement indépendantiste, de plus en plus privé de relais dans les capitales occidentales.

Le Conseil de sécurité à l’épreuve, la Minurso sous pression

Ces évolutions interviennent à quelques jours d’une réunion cruciale au niveau des Nations unies. Le 14 avril 2025, tous les regards se tourneront vers New York, où le Conseil de sécurité se réunira à huis clos pour faire le point sur la situation au Sahara marocain. Deux hommes y prendront la parole : Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du Secrétaire général, et Alexander Ivanko, chef de la Minurso. Tous deux dresseront un état des lieux, aussi bien sur le terrain que sur le plan politique. D’après des extraits déjà relayés, le rapport semestriel de la Minurso souligne la pleine coopération du Maroc avec les équipes onusiennes, notamment à travers l’engagement constant des Forces Armées Royales. Il pointe en revanche les obstacles persistants imposés par le Polisario, qui entrave régulièrement les déplacements des observateurs à l’est du mur de défense. Le rapport revient aussi sur une proposition de trêve temporaire pour le mois du Ramadan : le Maroc l’a acceptée, le Polisario a fait la sourde oreille. Face à ces constats, le Polisario a choisi l’escalade verbale, en s’en prenant directement au chef de la Minurso, qu’il accuse – sans preuve – de partialité. Une attaque qui, pour nombre de diplomates, s’apparente à une manœuvre de diversion, au moment où les faits parlent d’eux-mêmes : le Royaume respecte ses engagements, le Polisario les viole.
Dans ce climat tendu, certaines voix réclament une remise à plat du dispositif onusien. L’analyste américain Michael Rubin, dans un entretien accordé au «Matin», a estimé que la Minurso est devenue obsolète, jugeant qu’elle «entretient l’illusion d’un référendum irréalisable» et prolonge inutilement le statu quo. Il accuse l’Algérie de bloquer toute solution depuis le début, et plaide désormais pour la fin pure et simple de la mission onusienne, appelant la communauté internationale à assumer les réalités du terrain et à s’aligner sur le consensus grandissant autour du plan d’autonomie marocain.
Côté marocain, la ligne reste constante : la Minurso est un outil de stabilité, à condition qu’elle soit respectée dans sa mission et non instrumentalisée. Pour Rabat, la session du 14 avril représente une occasion décisive de réaffirmer la voie d’un règlement politique réaliste, fondé sur l’autonomie dans le cadre de la souveraineté nationale. Car sur le terrain diplomatique, les lignes ont bougé. Avec le soutien sans ambiguïté des États-Unis, le ralliement clair de la France et de l’Espagne, et le silence approbateur d’une majorité des membres du Conseil de sécurité, le plan marocain d’autonomie n’est plus une option parmi d’autres. Il s’impose inexorablement comme la seule voie sérieuse vers une paix durable, tandis que l’Algérie et le Polisario s’enferment dans une posture de refus aussi négative que contre-productive. La preuve peut-être que ce différend vieux de près de 50 ans connaîtra bientôt son épilogue.

Christophe Boutin : Les USA réitèrent un choix géopolitique qui révèle un engagement stable vis-à-vis d’un acteur majeur de la scène internationale

En réaffirmant leur soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, en confirmation de la position communiquée par le Président Donald Trump à SM le Roi Mohammed VI, les Etats-Unis d’Amérique réitèrent un choix géopolitique qui révèle un engagement stable, sur un axe fort, vis-à-vis d’un acteur majeur de la scène internationale, a souligné le politologue français Christophe Boutin. Rappelant que l’Administration Trump avait en 2020 apporté un soutien majeur, non seulement à l’Initiative marocaine d'autonomie au Sahara marocain, soutenue à l’ONU, mais plus largement à la marocanité de ce territoire, le professeur Boutin a relevé que la souveraineté pleine et entière du Royaume sur cette partie de son territoire est aujourd’hui "clairement affirmée". Quatre ans et demi plus tard, une nouvelle Administration Trump confirme que la seule solution pour résoudre le conflit artificiel du Sahara est son autonomie sous souveraineté marocaine, a-t-il souligné, rappelant que le choix des Etats-Unis en 2020 avait eu des répercussions positives sur l’évolution de ce dossier sur la scène internationale, «puisque dans les années qui suivirent on a vu évoluer les positions d’autres États, soit pour prendre leurs distances face à ceux qui continuent de nier la réalité de la marocanité du Sahara, soit pour faire un pas de plus dans la reconnaissance de la souveraineté marocaine – avec au premier rang de ces derniers l’Allemagne et la France ».

Pour le professeur Boutin, cette réitération de la position américaine aura de nouveaux effets dans le même sens. Selon lui, «la situation du Sahara marocain, hub économique ouvert demain sur l’Afrique avec le port de Dakhla Atlantique, et pôle de stabilité sécuritaire quand les menaces grandissent au Sahel voisin, devrait naturellement porter d’autres États à rejoindre les partisans de cette solution».

«The heritage Foundation» : cette réaffirmation est «message fort qui consacre la vérité et la réalité sur le terrain»

La réaffirmation par les États-Unis de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur son Sahara représente «un message fort qui consacre la vérité et la réalité sur le terrain» et «ouvre la voie à la paix et à la stabilité régionales», a indiqué l’expert américain David Aaronson, du think tank «The Heritage Foundation» basé à Washington. Cette déclaration «forte» renouvelle la dynamique positive créée notamment par l'accord tripartite de 2020, et «ouvre la voie à la paix et à la stabilité régionales», a relevé M. Aaronson, dans une déclaration à la MAP, en réaction à la réaffirmation par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, en confirmation de la position communiquée par le Président Donald Trump à Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Sous le leadership de S.M. le Roi Mohammed VI et du Président américain, Donald Trump, les relations maroco-américaines sont «promises à un avenir meilleur», a ajouté l’analyste de l’influent think thank américain. Il a noté, dans ce sens, que le deux pays «partagent des intérêts et des valeurs communs, notamment un engagement fort en faveur de la paix, de la sécurité et de la prospérité».

«Le Maroc a été le premier pays à reconnaître l'indépendance des États-Unis en 1777. Il est le seul pays africain à avoir conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis», a-t-il rappelé, relevant que cette relation est «solide et continuera sans aucun doute à se développer dans tous les domaines». Pour le spécialiste des questions du Proche-Orient, l'accord tripartite est «un exemple clé de cette coopération, tout comme l'exercice militaire African Lion».

Aymeric Chauprade : La réaffirmation du soutien américain à la souveraineté du Maroc sur son Sahara, "un message fort envoyé au monde"

La réaffirmation du soutien américain à la souveraineté du Maroc sur son Sahara est "un message fort envoyé au monde", a souligné, mercredi dans une déclaration à la MAP, le géopolitologue français et ancien député européen Aymeric Chauprade. « Au moment où la géopolitique et l’économie mondiales sont fortement influencées par les visions du président Donald Trump et sa volonté de maintenir les Etats-Unis d’Amérique au tout premier rang mondial, il est évident qu’une telle réaffirmation est un message fort envoyé au monde. Elle devrait encourager d’autres États à appuyer la dynamique en cours de reconnaissance de la marocanité du Maroc et à comprendre que le Royaume est un élément essentiel de stabilité pour le Maghreb et la Méditerranée occidentale », a affirmé M. Chauprade.

«La réaffirmation hier par le Secrétaire d’État américain Marco Rubio, à l’occasion de la visite du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita à Washington, de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de son territoire, en d’autres termes de la marocanité du Sahara, est un événement important », a-t-il noté, rappelant que « cette reconnaissance s’était faite sous le premier mandat Trump et qu’elle est désormais confirmée dès le début du deuxième mandat ». Et de conclure que « deux pays importants et membres du Conseil de Sécurité : la France et les Etats-Unis reconnaissent la marocanité du Sahara et considèrent que le plan d’autonomie dans la souveraineté marocaine est la solution. C’est un signal fort pour le reste du monde et cela devrait permettre d’espérer de nouveaux succès du Maroc à l’international sur ce sujet crucial ».
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