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Salaires, droit de grève, retraites... le dialogue social à un tournant décisif

C’est parti pour un nouveau round de dialogue social entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Une nouvelle série de négociations s’est ouverte, mardi, avec la participation des centrales syndicales les plus représentatives et les départements ministériels chargés de mener le dialogue. Entamées par des réunions thématiques, ces sessions abordent des sujets vitaux tels que les augmentations salariales, la loi organique sur le droit de grève et la réforme des retraites. Ces discussions visent à concilier les intérêts divergents dans un contexte marqué par des revendications historiques des syndicats. Avec des propositions gouvernementales sur la table et des syndicats armés de demandes fermes, le climat social est à un tournant décisif.

Round de dialogue social lancé le 26 mars 2024 à Rabat sous la présidence du Chef du gouvernement
Round de dialogue social lancé le 26 mars 2024 à Rabat sous la présidence du Chef du gouvernement
À la veille de l’Aïd, un nouveau cycle de dialogue social a été lancé, durant lequel les acteurs clés du gouvernement et des syndicats se sont retrouvés autour de la même table pour aborder des dossiers brûlants. De l’augmentation des salaires à la réglementation tant attendue du droit de grève, en passant par des débats houleux sur la réforme des retraites, chaque thème promet d’être un champ de bataille pour les droits des travailleurs. Avec des syndicats qui ne lâchent rien et un gouvernement prêt à renégocier les termes de l’engagement social, le terrain est miné pour des discussions qui pourraient définir le climat social et économique des jours à venir. Salaires, grèves et retraites sur la table : découvrez les coulisses des négociations tendues du dialogue social.

Quatre ministres pour mener le dialogue

Les négociations s’ouvrent sur un nouveau cycle de dialogue social, initié par les sessions des diverses commissions thématiques. Ces discussions portent sur plusieurs sujets via différentes commissions, notamment celles dédiées aux augmentations salariales, à l’amélioration des revenus, aux législations et à la réforme des pensions de retraite. D’après nos sources, des rencontres préliminaires ont eu lieu avec les départements ministériels concernés pour débattre de ces enjeux avec les syndicats les plus représentatifs.



Ces réunions ont débuté le mardi 9 avril, d’abord avec l’Union marocaine du travail (UMT), suivie par l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). Ont participé à cette rencontre Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des finances, Fouzi Lekjaâ, ministre délégué chargé du Budget, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, ainsi que Ghita Mezzour, ministre délégué chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration. Une réunion analogue est prévue le lundi 15 avril 2024 avec la Confédération démocratique du travail (CDT).

Les augmentations salariales en débat

S’exprimant à propos des points abordés lors de ces premières rencontres du dialogue social entre les départements ministériels et les syndicats, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’UMT, a mis en lumière l’importance des thématiques abordées. L’ordre du jour de cette première rencontre comprenait principalement des discussions sur l’augmentation des salaires et du salaire minimum (SMIG). En plus de ces questions, les débats ont également porté sur la réduction de l’impôt sur le revenu. À cet égard, le secrétaire général a rappelé les exigences de son syndicat : une hausse salariale de 2.000 dirhams et une diminution de «l’impôt sur les salaires» via une nouvelle grille et des seuils de calcul plus avantageux pour les travailleurs. Pendant cette session, le gouvernement, représenté par Fouzi Lekjaâ, devait présenter ses propositions en matière de politique salariale...

Droit de grève, entre avancées et critiques

Le deuxième thème principal abordé lors de ces discussions concernait le cadre législatif longtemps attendu : la loi organique sur le droit de grève, comme stipulé par la Constitution de 2011 et les Constitutions antérieures. Younes Sekkouri, ministre de l’Emploi, a élaboré une nouvelle offre législative pour remplacer l’ancienne version élaborée par les précédents gouvernements sous la direction du Parti de la justice et du développement (PJD). Ce projet initial, vivement critiqué par l’UMT, a été décrit par Miloudi Moukharik, secrétaire général du syndicat, comme un «code pénal encadrant un droit constitutionnel». «L’ancien projet a été écarté et un nouveau projet a été développé par le ministère dirigé par Younes Sekkouri», a-t-il affirmé. Le responsable syndical, dont la centrale est connue pour avoir résisté à plusieurs propositions de ce cadre législatif depuis le gouvernement de Abderrahmane El Youssoufi, a souligné : «Nous ne sommes pas contre une loi équilibrée qui garantit à la fois le droit de grève, le droit au travail et les intérêts des salariés».

Réforme des retraites : un chantier litigieux

Lors de ces rencontres en commissions de dialogue social, un autre point critique a été abordé : la réforme des retraites. Nadia Fettah, la ministre de l’Économie et des finances, a présenté la nouvelle orientation du gouvernement à ce sujet. L’UMT, par la voix de son secrétaire général, Miloudi Moukharik, maintient fermement son opposition, résumée par les «trois non» : le refus de porter l’âge de la retraite obligatoire à 65 ans, l’opposition à la réduction des pensions résultant d’un nouveau mode de calcul et le rejet de l’utilisation inappropriée des fonds des cotisations. M. Moukharik a vivement critiqué ce qu’il considère comme une mauvaise gestion des caisses de retraite, qui finissent par revenir vers les employés pour demander des contributions supplémentaires. Il a également évoqué les investissements infructueux dans la Banque nationale pour le développement économique (BNDE) et le complexe FADESA, qu’il qualifie de véritables échecs, pour illustrer ses propos sur la mauvaise gestion des fonds de retraite.
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