Menu
Search
Jeudi 09 Janvier 2025
S'abonner
close
Jeudi 09 Janvier 2025
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

Santé : pourquoi les syndicats en veulent-ils autant au gouvernement ?

Le secteur de la santé au Maroc s’apprête à vivre un nouvel épisode de contestation. Malgré l’engagement du ministre de mettre en œuvre les accords signés, les professionnels voient rouge et appellent à une grève nationale le 15 janvier. Entre frustrations accumulées et attentes déçues, ce mouvement témoigne des maux profonds qui rongent le système de santé. À travers cette mobilisation, les syndicats entendent rappeler l’urgence de placer les soignants au cœur des priorités de la réforme.

No Image
Finalement, les propos rassurants du ministre de la Santé prononcés la semaine dernière à la Chambre des conseillers n’auront pas suffi à apaiser la colère des professionnels du secteur. Toujours en attente de la mise en œuvre de l’accord signé le 23 juillet dernier, après six mois de tractations intenses, ces derniers annoncent une grève nationale pour le mercredi 15 janvier. Cette mobilisation concernera l’ensemble des structures de santé, qu’elles soient hospitalières, administratives ou préventives, à l’exception des services d’urgence et de réanimation. En parallèle, une manifestation est prévue devant le siège du ministère de la Santé à partir de midi le même jour. Ce climat de tension illustre les profondes divergences entre les professionnels de santé et le département de tutelle.

Promesses en suspens, frustration croissante

Dans un communiqué diffusé mardi soir, le collectif syndical national du secteur de la santé, composé de six syndicats, a dénoncé le retard dans la mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement en juillet 2024. Après six mois d’attente, aucune avancée concrète n’a été réalisée, alimentant un sentiment de frustration et d’amertume parmi les soignants, souligne le document. «Malgré le temps accordé au nouveau ministre pour prendre en main les dossiers, les attentes des professionnels de santé continuent d’être reléguées au second plan. L’administration fait preuve d’un mépris manifeste envers ses ressources humaines, pourtant essentielles à toute réforme du système de santé», souligne Dr Mustapha Chennaoui, secrétaire général du Syndicat national de la santé affilié à la CDT, membre du collectif, dans une déclaration accordée au «Matin».

Cette frustration est d’autant plus vive que les espoirs suscités par une réunion tenue le 10 novembre dernier semblent être restés sans lendemain. «Cette réunion, organisée un dimanche à la veille de l’examen des derniers amendements à la loi de Finances, avait pourtant laissé entrevoir une volonté d’agir rapidement», rappelle Mustapha Chennaoui. «Mais depuis, c’est le silence radio. Une semaine après son intervention à la Chambre des conseillers, le ministre n’a toujours pas prévu de nouvelle rencontre avec les syndicats.»

Une lutte récurrente pour des droits fondamentaux

Pour ces formations syndicales, cette situation est le énième épisode d’un combat qui semble sans fin. Ils rappellent que l’accord du 23 juillet 2024 avait été obtenu après six mois de mobilisation intense. «Nous avons mené une bataille acharnée pour conclure cet accord. Aujourd’hui, nous sommes à nouveau contraints de nous mobiliser pour exiger son application, après six mois d’attente et deux mois laissés au ministre pour examiner les dossiers», déplore le même syndicaliste. La coordination syndicale déplore en effet l’absence de clarté dans les priorités du ministère de la Santé. «La valorisation des soignants et l’amélioration de leurs conditions de travail devraient figurer en tête des préoccupations du ministère», insiste le même intervenant. Cette indifférence, selon lui, illustre ainsi une gestion administrative insensible aux enjeux sociaux d’un secteur crucial pour la stabilité du pays.

Un système sous tension, un avenir incertain

Les professionnels de santé mettent ainsi en garde contre les conséquences «désastreuses de cette inaction». «La lassitude des soignants, conjuguée à la lenteur des réformes, compromet gravement toute ambition de transformation durable», alertent les syndicats. Ce retard, affirment-ils, ébranle la crédibilité du gouvernement et porte atteinte à la dignité des acteurs essentiels du système de santé. Dans ce contexte de blocage, les syndicats appellent l’ensemble des professionnels du secteur à une mobilisation massive pour garantir le succès de la grève nationale et de la manifestation prévue. Ils invitent également les citoyens à comprendre les motivations de ce mouvement, qu’ils jugent nécessaire pour dénoncer une «gestion défaillante des ressources humaines». Cette crise illustre une fois de plus les tensions chroniques qui minent le système de santé. Entre des acquis fragiles et des défis persistants, le secteur navigue encore à vue, à la croisée des chemins entre promesses non tenues et espoirs d’un futur meilleur.
Lisez nos e-Papers