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Séisme : ce que nous apprend le HCP sur les zones sinistrées 

Démographie, emploi, pauvreté… Le Haut-commissariat au plan vient de publier un rapport détaillé sur le profil sociodémographique de la zone sinistrée suite au tremblement de terre du 8 septembre 2023. Avec une population de 2.608.115 personnes, cette zone représente des caractéristiques démographiques et socioéconomiques très disparates ce qui permet de mettre en lumière les inégalités existantes au sein d'une population.

La zone touchée par le séisme du 8 septembre s'étendant sur une superficie totale de 53.135 kilomètres carrés. Elle englobe cinq provinces et une préfecture, relevant de 4 régions distinctes mais néanmoins limitrophes à savoir : les provinces d’Al Haouz et Chichaoua et la préfecture de Marrakech dans la région de Marrakech-Safi, la province d'Ouarzazate dans la région de Drâa-Tafilalet, la province de Taroudannt dans la région de Souss-Massa et enfin la province d’Azilal dans la région de Béni Mellal-Khénifra. L’estimation de la population de l’ensemble du territoire sinistré faisait état de 2.608.115 personnes, soit un accroissement de 9% par rapport à 2014, résidant dans 578.280 ménages dont la taille moyenne avoisine 4,5 personnes.

Une population plutôt vieillissante

D’après les résultats du recensement de 2014, la population en âge de travailler (tranche d'âge de 15 à 59 ans) représente une proportion relativement importante dans toutes les zones des provinces sinistrées (entre 56,1% dans la zone sinistrée de la province d’Azilal et 61,6% dans la zone sinistrée de la préfecture de Marrakech). Les données mettent par ailleurs en évidence des tendances de vieillissement de la population plus prononcée dans certaines provinces sinistrées que dans d’autres. Par exemple, la zone sinistrée de la province de Taroudannt affiche la plus grande proportion de personnes âgées de 60 ans et plus, avec 10,7% de sa population globale tandis que celles de la préfecture de Marrakech et de la province d’Azilal affiche la plus faible proportion, avec respectivement 8,6% et 8,7% de la population. En 2014, les zones sinistrées des provinces d'Azilal, de Chichaoua et d’Al Haouz ont des populations légèrement plus jeunes par rapport à celles de la préfecture de Marrakech et des provinces de Ouarzazate et Taroudannt. La part des enfants âgées de 0 à 14 ans y constituent respectivement 35,3%, 33,2% et 31,4%. Le développement urbain plus avancé et la migration de la population active vers la préfecture de Marrakech font que sa zone sinistrée se distingue par la plus faible proportion de jeunes de 7 0 à 14 ans parmi toutes les provinces sinistrées (29,8% dans l’ensemble des deux milieux et 23,9% en milieu urbain).



Côté langues parlées, le HCP indique que la population de ce périmètre parle la Darija mais aussi dans une large mesure le Tachelhit, qui est en fait la langue maternelle des habitants de la majorité des communes sinistrées. En effet, dans ces zones sinistrées, 66,9% de la population utilise la Darija, 64,7% utilisent le Tachelhit, 2,1% parlent le Tamazight et seulement 0,1% utilisent les deux autres langues, à savoir Tarifit et Hassania.

Ouarzazate, Marrakech, et Taroudannt affichent les taux de scolarisation les plus élevés

Les résultats du RGPH de 2014 révèlent que le taux d’analphabétisme dans la zone sinistrée est au-dessus du niveau national avec 41,2% contre 32,2%. Les communes sinistrées de la province d’Azilal et celles de Chichaoua présentent des taux d’analphabétisme les plus élevés dépassant les 50%, tandis que les communes sinistrées d’Al Haouz et de Taroudannt ont des taux modérés (44,1% et 41,8% respectivement). Quant aux communes sinistrées de la préfecture de Marrakech, celles-ci ont un taux d’analphabétisme faible de l’ordre de 32,4% proche du taux national. Les résultats mettent également en évidence des disparités selon sexe. En effet, l’analphabétisme touche plus les femmes que les hommes dans ces zones, surtout dans les provinces d’Azilal et de Chichaoua où les taux franchissent le cap de 60%.

44,4% de la population de la zone sinistrée n’ont aucun niveau d’étude, 5% ont le niveau préscolaire, 32,4% ont le niveau d’étude primaire, 10,3% ont le niveau secondaire collégial, 5,2% ont le niveau secondaire qualifiant, et seulement 2,7% ont le niveau supérieur. Selon les provinces, Azilal se hisse parmi celles ayant un pourcentage élevé des personnes n’ayant aucun niveau d’étude (54,1%) et parmi celles ayant les pourcentages les plus faibles des personnes ayant le niveau supérieur, alors que la préfecture de Marrakech sort du lot avec seulement 36,4% de la population n’ayant aucun niveau d’étude. Le taux de scolarisation de l’ensemble de la zone sinistrée est de l’ordre de 95% qui est presque du même niveau que la moyenne nationale. Selon les provinces, Ouarzazate, Marrakech, et Taroudannt affichent les taux de scolarisation les plus élevés de 96,7%, 96,4% et 95,9% respectivement, tandis qu’Al Haouz, Chichaoua et Azilal affichent les taux de scolarisation les plus faibles de 94,7%, 92% et 91,7% respectivement.

La zone sinistrée est deux fois plus pauvre que le reste du pays

En analysant la pauvreté monétaire, il est important de noter que les taux de pauvreté monétaire varient considérablement d'une province à l'autre au sein de la zone sinistrée. La province d’Azilal présente le taux le plus élevé, s'élevant à 20,7%, ce qui est plus de quatre fois supérieur au taux national du Maroc, établi à 4,8%. En outre, la province de Taroudannt enregistre également un taux élevé de 9,6%, suivi de près par Ouarzazate avec 8,6%, tandis que Chichaoua, Al Haouz et Marrakech affichent des taux de 7,1%, 5,5% et 1%, respectivement. En considérant l'ensemble de la zone exposée au séisme, la moyenne du taux de pauvreté monétaire atteint 8%, ce qui reste supérieur à peu près deux fois au taux national. Cette constatation suggère que les provinces comprises dans cette zone géographique connaissent une situation économique plus précaire que la moyenne nationale.

S’agissant du taux de pauvreté multidimensionnelle, qui tient compte de plusieurs dimensions de la privation au-delà de la seule dimension monétaire, on constate que ce taux varie significativement entre les provinces de la zone sinistrée. La province d’Azilal présente le taux le plus élevé de pauvreté multidimensionnelle, atteignant 28,8%, tandis que Marrakech affiche le taux le plus bas, à seulement 2,8%. En prenant en compte l'ensemble de la zone sinistrée, la moyenne du taux de pauvreté multidimensionnelle atteint 18,5%, ce qui est nettement supérieur au taux national du Maroc, qui est de 8,2%. De même, la moyenne du taux de vulnérabilité pour la zone sinistrée est de 21,5% dépassant également le taux national de 12,6%. Ces résultats indiquent que, dans l'ensemble, les provinces de cette zone géographique sont confrontées à une plus grande privation multidimensionnelle et à un risque accru de vulnérabilité par rapport à la moyenne nationale.

Quatre actifs occupés sur cinq sont soit des salariés du privé ou des indépendants

Le taux d'activité de la zone sinistrée s'élève à 45,6%. Bien que ce chiffre soit légèrement inférieur à la moyenne nationale du Maroc, qui est de 47,6%, il convient de noter que la zone sinistrée englobe des provinces qui connaissent des niveaux d'activité économique variés, ce qui explique en partie cet écart. Par milieu de résidence, le taux d'activité des provinces sinistrées en milieu urbain est de 48,3% contre 49,1% au niveau national. Pour le milieu rural, le taux est de 43,7% contre 45,1% au niveau national. Les provinces endommagées présentent des taux d'activité variant de 41,3% à 50%. Marrakech affiche le taux d’activité le plus élevé, tandis que Taroudannt présente celui le plus bas. Par milieu de résidence, avec un taux de 39,9% Azilal enregistre le taux d'activité le plus bas, alors que Marrakech se positionne toujours en tête des zones sinistrées en matière d’activité. Pour le milieu rural, et à l’exception de Marrakech (47,7%) et Al Haouz (45,6%), toutes les provinces affichent un taux d'activité inférieur à celui national.

Dans l'ensemble de la zone sinistrée, le taux d'activité des hommes est substantiellement plus élevé que celui des femmes, illustrant des inégalités persistantes sur le marché du travail. Les femmes affichent un taux d'activité de seulement 16,5%, alors que les hommes atteignent un impressionnant 76,2%. Cette importante disparité reflète des défis en matière de participation des femmes à la vie économique au sein de ces régions.

L’analyse des données sur la répartition de la population active selon la situation dans la profession dans les six provinces, révèle des variations significatives dans la répartition de la population active selon la situation dans la profession entre les différentes provinces sinistrées. Dans l’ensemble de la zone, plus que quatre actifs occupés sur cinq sont soit des salariés dans le secteur privé (51,3%) ou des indépendants (30%). Les deux milieux de résidence suivent la même répartition de la situation dans la profession. Au sein des provinces, il existe de fortes variations dans la répartition des actifs occupées selon la situation dans la profession, avec une grande proportion de la population qui exerce dans le secteur privé et le travail indépendant. Par exemple, dans la province de Ouarzazate, une proportion importante de la population active (41,7%) travaille dans le secteur privé, tandis que dans la province d'Al Haouz, cette proportion est encore plus élevée (58,8%). Le travail indépendant est aussi prédominant à Ouarzazate (33,4%), tandis qu'à Al Haouz, une proportion considérable de la population active est employée (29,3%).
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