Dans un contexte économique marqué par la cherté de la vie et une érosion du pouvoir d'achat estimée entre 25 et 30% en trois ans, la question de la responsabilité des consommateurs et des mécanismes de régulation du marché s’impose avec acuité.
Le 26 mars courant, «L'Info en Face», diffusée sur «Matin TV», s’est penché sur la question. Aux commandes de l’émission, Rachid Hallaouy a reçu Ouadie Madih pour décrypter les mécanismes de régulation du marché et explorer des solutions en faveur des consommateurs. Un échange riche en informations, durant lequel Ouadie Madih a mis en lumière les failles de la législation actuelle, soulignant la nécessité d’un changement des habitudes de consommation pour mieux faire face à l’inflation. Les détails.
Le 26 mars courant, «L'Info en Face», diffusée sur «Matin TV», s’est penché sur la question. Aux commandes de l’émission, Rachid Hallaouy a reçu Ouadie Madih pour décrypter les mécanismes de régulation du marché et explorer des solutions en faveur des consommateurs. Un échange riche en informations, durant lequel Ouadie Madih a mis en lumière les failles de la législation actuelle, soulignant la nécessité d’un changement des habitudes de consommation pour mieux faire face à l’inflation. Les détails.
Un cadre légal existant, mais encore insuffisant
Interrogé sur la faisabilité d’une enquête ou d’une action judiciaire visant à obtenir réparation pour les consommateurs lésés par des pratiques jugées déloyales, Ouadie Madih a affirmé que la loi permettait de telles démarches, rappelant à cet effet que plusieurs infractions sont punissables par le cadre juridique en vigueur, notamment les prix abusifs, la non-conformité des produits alimentaires et la publicité mensongère. Toutefois, M. Madih a également pointé du doigt les limites du système actuel, notamment en matière d’application des sanctions et de sensibilisation des consommateurs à leurs droits. «Trop souvent, les victimes de ces pratiques ne savent pas comment agir ou doutent de l’efficacité des recours judiciaires», a-t-il déploré.
Les consommateurs : acteurs actifs ou victimes passives ?
Abstraction faite des mécanismes régissant le marché, la question de la responsabilité des consommateurs dans la spirale inflationniste a été au cœur du débat. Car, si, à première vue, les consommateurs semblent les premières victimes des hausses des prix, leur rôle dans le processus de fixation des prix ne saurait être ignoré. «Si nous continuons à acheter une tomate à 10 dirhams le kilo, nous participons indirectement à la fixation de ce prix», a précisé Ouadie Madih.
Pourtant, ce comportement n’exonère en rien le marché de ses propres dérives. Le président de la Fédération nationale des associations des consommateurs (FNAC) a insisté sur le fait que la responsabilité ne pouvait pas être imputée uniquement aux consommateurs. «Le consommateur ne peut être tenu seul responsable de la cherté de la vie», a-t-il affirmé, soulignant que d'autres acteurs, tels que les producteurs, les distributeurs et les régulateurs, jouent également un rôle essentiel dans ce processus.
Pourtant, ce comportement n’exonère en rien le marché de ses propres dérives. Le président de la Fédération nationale des associations des consommateurs (FNAC) a insisté sur le fait que la responsabilité ne pouvait pas être imputée uniquement aux consommateurs. «Le consommateur ne peut être tenu seul responsable de la cherté de la vie», a-t-il affirmé, soulignant que d'autres acteurs, tels que les producteurs, les distributeurs et les régulateurs, jouent également un rôle essentiel dans ce processus.
L'article 4 de la Loi 104-12 : Une régulation temporaire
Au cours de son intervention, Ouadie Madih a dressé un constat lucide et sans fard de la situation. Selon lui, les hausses de prix inquiétantes, trouvent sa racine dans une pluralité de facteurs, où la régulation, ou plutôt son absence, joue un rôle décisif. Selon l’intervenant, la Loi 104-12 mise en place en 2014 et qui repose sur le principe de l'offre et de la demande, nécessite d'être réévaluée. «La loi est souvent perçue comme trop figée, ce qui laisse un vide législatif pour protéger le consommateur. En 2024, nous continuons à attendre une révision plus percutante qui pourrait réellement impacter la régulation des prix», a-t-il espéré.
En parallèle, ce militant associatif a rappelé que l’article 4 de cette Loi permet à l'État d'intervenir temporairement pour encadrer les prix pendant six mois, renouvelables une fois. «Nous avons demandé à ce que cet article soit activé pour certains produits afin d'absorber la hausse des prix et de garantir des marges bénéficiaires limitées. Mais il est essentiel que, pendant cette période, des mesures structurelles soient mises en place pour protéger le consommateur à long terme,» a-t-il expliqué.
En parallèle, ce militant associatif a rappelé que l’article 4 de cette Loi permet à l'État d'intervenir temporairement pour encadrer les prix pendant six mois, renouvelables une fois. «Nous avons demandé à ce que cet article soit activé pour certains produits afin d'absorber la hausse des prix et de garantir des marges bénéficiaires limitées. Mais il est essentiel que, pendant cette période, des mesures structurelles soient mises en place pour protéger le consommateur à long terme,» a-t-il expliqué.
Encadrement des prix et coordination institutionnelle
Par ailleurs, Ouadie Madih a mis en exergue la problématique de la spéculation sur les prix, en particulier ceux des produits subventionnés tels que la viande. S’il a rappelé l’existence d’un cadre législatif destiné à encadrer ces pratiques, il a néanmoins mis en avant la nécessité d’intégrer une réflexion d’ordre moral dans la fixation des prix. «Au-delà de la légalité, il faudrait peut-être reconsidérer le cadre éthique et moral qui entoure cette question», a-t-il souligné.
Autre aspect abordé par Ouadie Madih, la régulation des marchés de gros, notamment ceux des fruits, des légumes et du poisson. Il a déploré que certaines promesses concernant ces marchés demeurent sans réponse et a souligné que le contrôle des pratiques frauduleuses doit être renforcé. «Le contrôle doit être plus strict et les pratiques de magouilles doivent être combattues avec fermeté», a-t-il insisté, tout en plaidant pour une structuration plus responsable du marché.
Pour ce qui est de la question de la protection du consommateur, M. Madih a rappelé les ministères concernés par cette mission, citant notamment les départements du Commerce et de l’industrie, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Intérieur. Toutefois, il a pointé un déficit de coordination entre ces instances, limitant ainsi l’efficacité des dispositifs de contrôles en place. «Seuls quelques départements ont des directions dédiées à la protection du consommateur», a-t-il regretté, mettant en lumière l’importance d’une action plus concertée pour assurer une protection effective des citoyens face aux dérives du marché.
Certaines initiatives, comme l’importation de viande congelée subventionnée, visent à atténuer la pression sur les consommateurs. Mais ces mesures restent temporaires et ne s’attaquent pas aux racines du problème. Selon M. Madih, une réforme en profondeur des mécanismes du marché s’impose pour garantir un équilibre entre offre et demande, limiter la spéculation et assurer un prix juste aux consommateurs.
Autre aspect abordé par Ouadie Madih, la régulation des marchés de gros, notamment ceux des fruits, des légumes et du poisson. Il a déploré que certaines promesses concernant ces marchés demeurent sans réponse et a souligné que le contrôle des pratiques frauduleuses doit être renforcé. «Le contrôle doit être plus strict et les pratiques de magouilles doivent être combattues avec fermeté», a-t-il insisté, tout en plaidant pour une structuration plus responsable du marché.
Pour ce qui est de la question de la protection du consommateur, M. Madih a rappelé les ministères concernés par cette mission, citant notamment les départements du Commerce et de l’industrie, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Intérieur. Toutefois, il a pointé un déficit de coordination entre ces instances, limitant ainsi l’efficacité des dispositifs de contrôles en place. «Seuls quelques départements ont des directions dédiées à la protection du consommateur», a-t-il regretté, mettant en lumière l’importance d’une action plus concertée pour assurer une protection effective des citoyens face aux dérives du marché.
Certaines initiatives, comme l’importation de viande congelée subventionnée, visent à atténuer la pression sur les consommateurs. Mais ces mesures restent temporaires et ne s’attaquent pas aux racines du problème. Selon M. Madih, une réforme en profondeur des mécanismes du marché s’impose pour garantir un équilibre entre offre et demande, limiter la spéculation et assurer un prix juste aux consommateurs.
Le consommateur, un acteur sous-estimé
Si l’État et les acteurs du marché ont leur part de responsabilité, Ouadie Madih insiste encore une fois sur le fait que le consommateur n’est pas un simple spectateur. «Nous évoluons dans une économie de marché où plusieurs parties interagissent : le consommateur, qui achète le produit ; le producteur ou l’industriel, qui le met à disposition ; et le régulateur, qui encadre le marché», explique-t-il. Pourtant, de nombreux citoyens sous-estiment leur pouvoir d’influence.
«Quand je parle de “comment consommer”, ce n'est pas anodin. C'est en comprenant les mécanismes de fixation des prix et en adaptant nos comportements que nous pourrons peser réellement sur le marché et exiger un environnement plus juste et réglementé», analyse Ouadie Madih. Ainsi, l’un des leviers d’action à disposition des consommateurs est le choix raisonné de leurs achats. Réduire la demande pour un produit trop cher ou privilégier des alternatives peut, à terme, contraindre les acteurs du marché à revoir leurs pratiques tarifaires. «Si chaque consommateur choisit de réduire ses achats excessifs, cela pourrait influencer la demande et faire baisser les prix», a-t-il déclaré.
Pour M. Madih un consommateur averti peut certes jouer un rôle clé dans la construction d’un marché plus équitable et transparent, mais cela ne doit pas exonérer les pouvoirs publics de jouer leur rôle en matière de lutte contre l’inflation et les dysfonctionnements de l’offre et de la demande.
«Quand je parle de “comment consommer”, ce n'est pas anodin. C'est en comprenant les mécanismes de fixation des prix et en adaptant nos comportements que nous pourrons peser réellement sur le marché et exiger un environnement plus juste et réglementé», analyse Ouadie Madih. Ainsi, l’un des leviers d’action à disposition des consommateurs est le choix raisonné de leurs achats. Réduire la demande pour un produit trop cher ou privilégier des alternatives peut, à terme, contraindre les acteurs du marché à revoir leurs pratiques tarifaires. «Si chaque consommateur choisit de réduire ses achats excessifs, cela pourrait influencer la demande et faire baisser les prix», a-t-il déclaré.
Pour M. Madih un consommateur averti peut certes jouer un rôle clé dans la construction d’un marché plus équitable et transparent, mais cela ne doit pas exonérer les pouvoirs publics de jouer leur rôle en matière de lutte contre l’inflation et les dysfonctionnements de l’offre et de la demande.