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USFP-gouvernement : les convergences et les divergences selon Driss Lachgar

Intervenant dans le cadre de l’émission «Bidoun Loughat Khachab», diffusée sur Med Radio, Driss Lachgar, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), a livré sa lecture de la scène partisane marocaine. Il a ainsi tenu à clarifier le positionnement de l’USFP et sa relation avec l’Exécutif. Tout en déplorant l’effritement de l’opposition et la dérive technocratique, M. Lachgar revendique pourtant son appui à certains choix gouvernementaux. Pour lui, la «critique stérile» et les «oppositions sans fondement» ne sont plus de mise.

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Intervenant dans le cadre de l’émission «Bidoun Loughat Khachab», sur Med Radio, Driss Lachgar, le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), a vigoureusement attaqué la majorité gouvernementale et l’opposition, qu’il a considérées comme totalement en déphasage avec les exigences de l’époque et les défis auxquels est confronté le pays. Face à un Parlement réduit à «une simple formalité», et à une scène politique où les repères idéologiques semblent s’estomper de plus en plus, M. Lachgar n’a pas mâché ses mots pour dénoncer un climat de confusion qui nuit à la pratique démocratique. Il a ainsi pointé du doigt la déconnexion flagrante entre les préoccupations citoyennes et la politique gouvernementale, notamment en ce qui concerne des enjeux cruciaux comme le pouvoir d’achat. Mais malgré ce discours virulent, M. Lachgar laisse planer parfois le doute sur sa relation avec l’Exécutif.

Une posture ambiguë vis-à-vis du gouvernement Akhannouch

Appelé à s’expliquer sur la position «ambiguë» de l’USFP vis-à-vis du gouvernement – beaucoup lui reprochent une certaine complaisance envers Aziz Akhannouch –, M. Lachgar n’a pas botté en touche, puisqu’il a reconnu en filigrane ne pas être en désaccord total avec certains choix. Il a souligné que le Maroc avait besoin de stabilité pour affronter ses défis, surtout dans le contexte des crises mondiales et locales. Selon lui, la critique permanente ne mène à rien et il est nécessaire de privilégier des solutions responsables. Pourtant, cette posture est perçue par certains comme un soutien implicite au gouvernement, ce qui lui vaut des reproches au sein de la gauche, qui estime que l’USFP ménage souvent un gouvernement jugé néolibéral.

Mais M. Lachgar maintient sa position, insistant sur l’importance des investissements dans des secteurs cruciaux comme la gestion des ressources en eau, face à la pression croissante sur cette ressource essentielle. Dans cette optique, il a salué les efforts du gouvernement dans ce domaine, notamment en matière de protection et de gestion durable du patrimoine hydrique.



Plus encore, M. Lachgar a mis en avant le modèle de l’État social initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, un modèle fondé sur l’équilibre entre la protection des citoyens, la solidarité nationale et les investissements dans les infrastructures nécessaires à la croissance économique, y compris dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, de la santé et de l’éducation. M. Lachgar a en outre insisté sur l’importance d’une approche équilibrée et responsable, estimant que la «critique stérile» et les «oppositions sans fondement» ne sont plus de mise. Pour lui, la clé réside dans un dialogue constructif, afin de répondre aux enjeux actuels et garantir un développement durable et solidaire pour le pays.

L’USFP, «une force de proposition» dans l’opposition

Interrogé sur la position exacte de l’USFP dans l’échiquier politique, Driss Lachgar affirme que son parti est dans l’opposition, mais tout en revendiquant un «programme alternatif» et une «culture de gouvernance». Il insiste sur le fait que l’USFP, contrairement à d’autres formations, ne fait pas de l’opposition un simple exercice de critique, expliquant que son parti a présenté un programme clair avant les élections et continue à proposer des alternatives sérieuses. Pour lui, l’USFP, qui a participé à toutes les grandes réformes structurelles du pays, ne peut se permettre de rester à l’écart de la dynamique que vit le Royaume : «Nous étions là quand il était question de la réforme de la Moudawana, de la réforme du Code de la presse, de la réforme de la Constitution», a-t-il dit précisant que l’USFP est «une force de proposition», même en étant dans l’opposition.

Un gouvernement déconnecté et une opposition fragilisée

Pour autant, Driss Lachgar ne se prive pas de décocher ses critiques à l’adresse de l’Exécutif, qu’il qualifie de «silencieux et déconnecté». Selon lui, ce gouvernement, à la tête d’un pays confronté à des crises économiques et sociales majeures, est indifférent aux préoccupations quotidiennes des citoyens, notamment la hausse du coût de la vie et la crise du pouvoir d’achat. M. Lachgar dénonce ainsi une déconnexion croissante entre l’élite politique et la réalité sociale, exacerbée par l’absence d’une communication claire. Parallèlement, il souligne l’inertie de la Chambre des représentants, qui semble incapable, selon lui, de jouer son rôle fondamental de «régulateur démocratique». Même l’opposition ne remplit pas à ses yeux sa mission. «Elle est affaiblie et fragmentée, rendant difficile l’émergence d’un front unifié capable de challenger efficacement le gouvernement», a-t-il précisé.

Cause palestinienne : Driss Lachgar clarifie la position de l’USFP

Répondant indirectement à la polémique créée par une de ses récentes déclarations, Driss Lachgar a tenu à réaffirmer la position constante de l’Union socialiste des forces populaires à l’égard de la cause palestinienne, qui s’inscrit selon lui dans l’héritage militant de figures emblématiques de l’USFP telles que Omar Benjelloun. Il a rappelé que le parti avait toujours défendu, sans équivoque, les droits légitimes du peuple palestinien à disposer d’un État indépendant, avec Jérusalem-Est pour capitale. Dans ce cadre, M. Lachgar a dit assumer pleinement sa récente déclaration relative au Hamas, soulignant que cette position ne saurait être détachée de la ligne de principe de son parti, fondée sur le soutien à l’Autorité nationale palestinienne et au projet d’un État palestinien unifié. Il a rejeté les surenchères idéologiques qu’il juge contre-productives et déconnectées des réalités géopolitiques : «Nous soutenons le peuple palestinien, nous adoptons les positions de l’Autorité nationale, et nous défendons la création d’un État palestinien», a-t-il martelé, appelant à dépasser les clivages partisans au nom de l’intérêt supérieur de la solidarité internationale. Pour ce leader socialiste, le soutien à la Palestine ne doit pas être l’otage de «positionnements dictés par l’émotion, mais reposer sur une vision stratégique cohérente, fidèle aux engagements historiques du Maroc et à son rôle sur la scène internationale».

Défendre le pain quotidien des citoyens, un «acte patriotique !»

Driss Lachgar a tenu dans son intervention à souligner l’importance pour un parti comme l’USFP d’appuyer les revendications sociales. Pour lui, la défense des besoins essentiels des citoyens est au cœur de l’engagement patriotique de l’Union : «Celui qui se soucie du pain quotidien du citoyen est celui qui aime réellement la patrie.» Cette déclaration résume la vision politique de l’USFP, selon laquelle la lutte pour la dignité et la justice sociale est indissociable des grandes causes nationales. Dans un contexte marqué par des inégalités persistantes et une perte de repères, M. Lachgar souligne la nécessité de réconcilier les institutions avec les citoyens en plaçant les priorités sociales au centre du débat public. À cette condition, insiste-t-il, le pays pourra renouer avec un véritable projet collectif. Partant de là, M. Lachgar a vivement critiqué la gestion de la chose sociale par le gouvernement, qu’il a jugée trop technocratique et déconnectée des réalités. Plus encore, il a dénoncé l’absence de coordination entre les ministères responsables de la protection sociale, et l’illisibilité des politiques publiques, en particulier en matière de santé.
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