La vidéosurveillance, notamment celle dotée de reconnaissance faciale et/ou d’intelligence artificielle, suscite les débats. Pour son numéro du jeudi 27 mars, «L’Info en Face» du journal «Le Matin» a mis la question «Vidéosurveillance/Données personnelles : un enjeu d’(in)sécurité juridique ou de sécurité publique ?» au centre du débat. «Les deux», répond d’emblée Salah Baina, spécialiste Tech, IT et protection des données personnelles. L’usage de ces technologies a d’abord une intention de sécurité de la vie publique. «Mais cela ne représente que 1% du temps d’utilisation de ces caméras. Les 99% du temps qui restent, nous aurons des gens qui n’ont absolument rien fait et qui seront filmés, reconnus et tracés», explique-t-il. Et de se poser la question : «À quel prix sommes-nous capables de sacrifier nos vies privées que la Constitution protège ? Car en allant faire les courses, déposer mes enfants à l’école, à la mosquée ou dans un événement, je n’ai pas forcément envie d’être tracé», partage notre expert.
Autre point soulevé lors de l’émission : le fait que plusieurs experts pointent du doigt un manque de transparence en matière d’implémentation des dispositifs de vidéosurveillance. «Qui accède réellement aux images ? Comment ces données sont-elles stockées et exploitées ?», s’interroge Baina. La solution ? : Des protocoles clairs, assimilés par tous, accompagnés d’audits réguliers sont essentiels pour maintenir l’équilibre en sécurité et respect des libertés fondamentales.
D’ailleurs, une récente étude menée par la CNDP révèle que plus de 60% des dispositifs de vidéosurveillance ne disposent pas de mécanismes clairs de destruction des images après une durée déterminée. Ce qui augmente les risques d’abus ou de piratage. «La cybersécurité doit être une priorité absolue», insiste Baina.
• L’exploitation à des fins commerciales sans obtenir ni même demander le consentement de leurs propriétaires.
• Le risque d’une surveillance politique accrue.
• La vulnérabilité face aux cyberattaques.
«Les fuites de données personnelles peuvent mener à des usages frauduleux, allant du vol d’identité à la manipulation de l’opinion publique». Plusieurs affaires impliquant des bases de données vidéo piratées et revendues sur le dark web ont été relayées par la presse internationale. «Une caméra mal sécurisée peut devenir un véritable cheval de Troie pour des hackers», met en garde Baina.
Qu’en est-il du cadre réglementaire sur la vidéosurveillance et la protection des données personnelles ?
Le cadre juridique est en retard sur la réalité technologique, affirme l’invité. Des textes de loi, comme la Loi 09-08, ne sont plus suffisants pour encadrer les nouveaux usages de la reconnaissance faciale et du traitement des données visuelles. Selon notre expert, «les avancées en intelligence artificielle et en biométrie posent des problèmes non anticipés par nos régulations actuelles». Et d’affirmer que la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) peine à imposer une gouvernance efficace sur ces technologies.Autre point soulevé lors de l’émission : le fait que plusieurs experts pointent du doigt un manque de transparence en matière d’implémentation des dispositifs de vidéosurveillance. «Qui accède réellement aux images ? Comment ces données sont-elles stockées et exploitées ?», s’interroge Baina. La solution ? : Des protocoles clairs, assimilés par tous, accompagnés d’audits réguliers sont essentiels pour maintenir l’équilibre en sécurité et respect des libertés fondamentales.
Faut-il considérer la vidéosurveillance comme un atout pour la sécurité publique ou une menace pour les libertés individuelles ?
L’expert en IT et protection des données personnelles rappelle que la question mérite une réflexion qui doit impliquer les différentes parties concernées. Il note à ce sujet que la criminalité a été réduite dans plusieurs pays en utilisant ces systèmes de vidéosurveillance. Dans d’autres, ils ont amélioré la gestion des incidents. Cependant, il met en garde contre les usages abusifs : «Si le cadre juridique n’est pas renforcé, nous pourrions assister à une surveillance massive sans aucun contrôle citoyen». Mais ce n’est pas le seul problème. L’absence même d’un débat public sur ces technologies est problématique. L’émission a par ailleurs permis de souligner les dérives observées dans certains pays et qui montrent à quel point la vidéosurveillance peut être utilisée à des fins qui ne sont pas les mêmes que les objectifs initiaux. «On ne peut pas traiter chaque citoyen comme un suspect potentiel», alerte Baina. Qui détient les données collectées par ces dispositifs ? Et comment sont-elles exploitées ? Les données sont souvent gérées par différents acteurs, sans une stratégie claire de gouvernance, explique l’expert. Il révèle par ailleurs que «plusieurs entreprises privées et institutions publiques détiennent des bases de données sans système de contrôle transparent». Un flou juridique qui pose un problème de souveraineté numérique et ouvre la porte à des utilisations abusives de ces données.D’ailleurs, une récente étude menée par la CNDP révèle que plus de 60% des dispositifs de vidéosurveillance ne disposent pas de mécanismes clairs de destruction des images après une durée déterminée. Ce qui augmente les risques d’abus ou de piratage. «La cybersécurité doit être une priorité absolue», insiste Baina.
Que risque-t-on lorsqu’on est filmé ?
Trois dangers majeurs accompagnent la gestion des données issues de la vidéosurveillance :• L’exploitation à des fins commerciales sans obtenir ni même demander le consentement de leurs propriétaires.
• Le risque d’une surveillance politique accrue.
• La vulnérabilité face aux cyberattaques.
«Les fuites de données personnelles peuvent mener à des usages frauduleux, allant du vol d’identité à la manipulation de l’opinion publique». Plusieurs affaires impliquant des bases de données vidéo piratées et revendues sur le dark web ont été relayées par la presse internationale. «Une caméra mal sécurisée peut devenir un véritable cheval de Troie pour des hackers», met en garde Baina.