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Villes durables, habitat insalubre, urbanisme... Akhannouch dévoile l’essentiel de sa feuille de route

Dans un discours prononcé hier devant la Chambre des représentants, le Chef du gouvernement a présenté les grandes lignes de la politique d’urbanisme et de logement du Royaume. Face aux défis démographiques et économiques, le Maroc mise sur une approche intégrée visant à développer des espaces urbains durables et inclusifs. Au cœur de cette stratégie : un vaste programme de soutien au logement, la résorption de l’habitat insalubre et la dynamisation du secteur immobilier. En parallèle, le gouvernement accélère la couverture du territoire en documents d’urbanisme et simplifie les procédures pour les investisseurs. Objectif affiché : faire du foncier un levier majeur de développement économique et social, tout en préservant le patrimoine architectural du Royaume.

Le Maroc s’apprête à entrer dans une nouvelle ère urbaine. C’est le message fort délivré par le Chef du gouvernement lors de la séance mensuelle des questions de politique générale à la Chambre des représentants, ce 15 juillet 2024. Face aux députés, il a dressé un bilan des actions menées et esquissé les contours d’une politique ambitieuse en matière d’urbanisme et de logement.

Une vision intégrée pour des villes durables

«Nous avons lancé une approche novatrice de l’urbanisme, qui nous permettra d’améliorer la planification urbaine et de créer des cadres de vie de qualité», a déclaré le Chef du gouvernement. Cette vision s’appuie sur un constat : les défis démographiques et économiques du Royaume exigent une refonte en profondeur de la politique d’aménagement du territoire. Au cœur de cette stratégie, le lancement d’une nouvelle génération de documents d’urbanisme. Le gouvernement a ainsi accéléré la couverture du territoire, avec l’adoption de 275 documents d’urbanisme depuis octobre 2021, dont 195 plans d’aménagement. L’objectif est ambitieux : couvrir 1.289 communes sur les 1.503 que compte le pays. Cette planification s’accompagne d’une simplification des procédures. «Nous avons réduit de 45% le nombre de documents requis pour les opérations d’investissement», a souligné le Chef du gouvernement. Un effort qui se traduit par des délais raccourcis : 30 jours pour les lotissements et 15 jours pour les petits projets de construction.

Le logement, pierre angulaire de la politique sociale

«L’accès à un logement décent est un droit constitutionnel que nous nous efforçons de concrétiser», a rappelé le Chef du gouvernement. Pour y parvenir, le Maroc a lancé en début d’année un ambitieux programme d’aide directe au logement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en six mois, plus de 84.500 demandes ont été enregistrées et 17.000 bénéficiaires ont déjà reçu une aide. Le programme séduit particulièrement les femmes (44% des bénéficiaires) et les Marocains résidant à l’étranger (22%). Au total, l’État a déjà engagé 1,3 milliard de dirhams pour soutenir l’acquisition de logements d’une valeur globale de 6,3 milliards de dirhams. Le Chef du gouvernement s’est également félicité des retombées économiques du programme: «Nous observons une hausse de 16% des projets autorisés et une augmentation de 2,5% de la valeur ajoutée du secteur du BTP au premier trimestre 2024.»

La lutte contre l’habitat insalubre s’intensifie

Parallèlement à ce soutien à l’accession, le Maroc poursuit ses efforts pour éradiquer l’habitat insalubre. Le programme «Villes sans bidonvilles» a déjà permis d’améliorer les conditions de vie de plus de 347.000 familles, soit un taux de résorption de 75%. «61 villes marocaines sont aujourd’hui sans bidonvilles», s’est réjoui le Chef du gouvernement. Fort de ce succès, le gouvernement lance un nouveau programme quinquennal 2024-2028 visant à accélérer la lutte contre l’habitat insalubre. L’objectif est ambitieux : traiter la situation de 120.000 familles en cinq ans. «Nous avons triplé le rythme annuel de réalisation, passant de 6.200 familles ciblées entre 2018 et 2021 à plus de 18.000 familles par an ces deux dernières années», soit trois fois ce qui été réalisé par le passé, a précisé le Chef du gouvernement.

Le foncier, levier de développement économique

«Le foncier est la clé de voûte de notre stratégie de développement économique», a affirmé le Chef du gouvernement. Cette approche se traduit par une mobilisation sans précédent de terrains pour les projets d’investissement. Ainsi, un million d’hectares ont été identifiés pour accueillir les projets liés à l’hydrogène vert, fer de lance de la transition énergétique du Royaume. Dans le domaine industriel, le gouvernement a élargi et réhabilité les zones d’accélération industrielle et les zones d’activités économiques et commerciales. Le Chef du gouvernement a également mis en avant les efforts de simplification: «Nous avons simplifié 22 procédures parmi les plus courantes, dont 50% concernent la mobilisation du foncier et 33% les permis de construire.» Cette politique porte ses fruits : plus de 5.140 projets d’investissement, représentant 34,5 milliards de dirhams et 62.000 emplois potentiels, ont été approuvés après le réexamen de dossiers initialement rejetés (16.000 projets rejetés).

Le Chef du gouvernement a réaffirmé l’ambition du Maroc : «Nous voulons faire de notre politique d’urbanisme et de logement un levier majeur pour atteindre nos objectifs de développement économique et social, tout en préservant notre riche patrimoine architectural.» Un défi de taille, mais crucial pour l’avenir du Royaume, à l’approche d’échéances importantes comme la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du monde 2030.

Un cadre législatif et institutionnel renforcé

«La dimension législative et réglementaire est essentielle pour consolider ce secteur», a souligné le Chef du gouvernement. Pour concrétiser cette vision, le Maroc s’apprête à franchir une nouvelle étape institutionnelle majeure. Suite à la séance de travail présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI le 17 octobre 2023, le gouvernement prévoit la création d’agences régionales d’urbanisme et de logement. «Ces institutions joueront un rôle clé dans l’accompagnement de la régionalisation avancée en matière de planification et de gestion au niveau régional», a expliqué le Chef du gouvernement. Ces futures agences auront pour mission d’assurer la cohérence entre les différents niveaux de planification territoriale. Elles permettront également d’élever les Agences urbaines au rang de pôles d’expertise, contribuant ainsi à la promotion des secteurs de l’urbanisme et du logement.

Une attention particulière accordée au monde rural

Le Chef du gouvernement a également mis l’accent sur les mesures prises pour répondre aux défis spécifiques du monde rural. «Les transformations rapides que connaît le milieu rural en matière de gestion foncière et de permis de construire nous ont poussés à agir», a-t-il déclaré. Une circulaire conjointe du ministère de l’Intérieur et du ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville a été émise pour simplifier la procédure d’autorisation de construction en milieu rural. Cette initiative a permis des avancées significatives :

• La délimitation de 1.341 douars couvrant une superficie de 21.161 hectares au profit de 559.198 habitants en seulement un an, contre 975 douars délimités sur toute la période précédant la circulaire.

• Le lancement de la délimitation de 439 douars supplémentaires, couvrant 7.796 hectares pour 235.448 habitants.

• La tenue de 259 réunions de la commission administrative au cours des six premiers mois de 2024, examinant 700 projets, dont 393 ont reçu un avis favorable. «Ces mesures visent à apporter la flexibilité nécessaire et à faciliter les démarches pour nos citoyens en milieu rural», a souligné le Chef du gouvernement.

Un effort collectif et une vision d’avenir

Le Chef du gouvernement a tenu à saluer le travail remarquable accompli par l’ensemble des secteurs concernés, en particulier le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville. Il a également loué les efforts des acteurs territoriaux, de l’administration territoriale, des Conseils régionaux et locaux, et des élus pour leur engagement dans la réussite de ce chantier national aux dimensions stratégiques.

«Notre réforme en profondeur des secteurs de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville vise à dépasser les insuffisances de gestion du passé», a-t-il affirmé. «Nous faisons de cette vision gouvernementale une étape cruciale pour relever les défis de l’État social dans sa globalité, garantissant l’égalité des chances et la justice sociale et spatiale dans l’accès à un logement digne pour tous les Marocains.»

La Coupe du monde 2030, un défi et une opportunité

Regardant vers l’avenir, le Chef du gouvernement a souligné l’importance de redoubler d’efforts et d’unifier les visions pour relever les défis futurs, notamment l’organisation de la Coupe d’Afrique 2025 et de la Coupe du monde 2030. «Ces événements sont l’occasion pour le Maroc de s’affirmer comme un modèle parmi les pôles internationaux et régionaux en transition vers le statut de pays avancé», a-t-il conclu, réaffirmant l’ambition du Royaume sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Le Chef du gouvernement a placé la préparation de la Coupe du monde 2030 au cœur des enjeux futurs du Maroc en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire. «Les politiques publiques majeures, liées aux questions d’investissement, au chantier de l’État social et à la réduction des disparités territoriales, ainsi que la réussite des futurs événements internationaux que notre pays s’apprête à organiser, comme la Coupe du monde 2030, nécessitent une appropriation préalable de plans innovants d’aménagement du territoire», a-t-il déclaré. Cette vision souligne l’importance d’une planification urbaine anticipée et ambitieuse pour répondre aux exigences d’un événement de cette envergure.

Un tremplin vers le statut de pays avancé

La perspective de la Coupe du monde 2030 s’inscrit dans une ambition plus large pour le Maroc. Le Chef du gouvernement a souligné que cet événement, ainsi que la Coupe d’Afrique 2025, représentent des opportunités cruciales pour le Royaume. «Nous sommes plus que jamais appelés à redoubler d’efforts et à unifier nos visions pour relever les défis futurs qui nous attendent tous, à l’instar de la Coupe d’Afrique 2025 et de la Coupe du monde 2030», a-t-il affirmé. Il a ajouté que ces événements permettraient au Maroc de s’affirmer «comme un exemple à suivre parmi les pôles internationaux et régionaux qui passent au rang des pays avancés». Cette ambition reflète la détermination du gouvernement à faire de ces compétitions sportives un tremplin pour accélérer le développement du pays et renforcer son statut sur la scène internationale.

Critiques de la gestion gouvernementale

Lors de cette séance, le député Omar Anan de l’USFP est revenu sur sujet cher aux députés de l’opposition en critiquant vivement l’attitude du Chef du gouvernement et sa relation avec les forces de l’opposition. «Aujourd’hui, le Chef du gouvernement se tient devant nous après avoir déclaré lors de la dernière séance de questions mensuelles qu’il ne se souciait pas de nous, mais uniquement des citoyens», a-t-il déclaré. «Le gouvernement semble oublier que chaque membre de cette institution parlementaire représente la volonté de la nation et défend les intérêts des citoyens.» Il a également souligné l’importance de respecter les dispositions constitutionnelles et que la souveraineté appartient à la nation, exercée directement par ses représentants élus.

Reproches sur le manque de respect des institutions parlementaires

Le député a exprimé sa surprise face aux déclarations du gouvernement qui manquent de respect envers ceux qui lui ont accordé la confiance constitutionnelle. Il a souligné que cette attitude était inacceptable dans une démocratie émergente où S.M. le Roi, les forces vives et tous les Marocains s’efforcent de renforcer chaque jour le choix démocratique du Royaume. «Nous nous opposerons fermement à toute tentative de dévalorisation du travail sérieux accompli par le Parlement», a-t-il affirmé. «Nous nous défendrons vigoureusement contre toute tentative de domination de la scène politique et institutionnelle, car nous ne tolérerons jamais l’atteinte à l’action politique dans notre pays».

Revenant sur la thématique de cette séance, la députée Aïcha El Karji a rappelé pour sa part l’importance que S.M. le Roi accordait à la question du logement depuis son accession au Trône, citant le Discours Royal de 2001 sur la lutte contre l’habitat insalubre. «Le logement a toujours été une priorité pour S.M. le Roi, qui a affirmé en 2001 la nécessité de lutter contre l’une des manifestations les plus criantes de la misère sociale : l’habitat insalubre», a-t-elle déclaré. Elle a également évoqué les efforts continus du Royaume depuis le gouvernement d’alternance pour éradiquer les bidonvilles et promouvoir le logement social, y compris les initiatives récentes telles que la session de travail du 17 octobre 2023, présidée par S.M. e Roi, visant à adopter un nouveau programme de logement pour la période 2024-2028.

Questions sur les stratégies du gouvernement

La députée a interrogé le gouvernement sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des Directives Royales et sur la vision globale et intégrée du gouvernement pour garantir à tous les citoyens un logement décent, comme le stipule l’article 31 de la Constitution. Elle a critiqué le manque de priorité accordée par le gouvernement au secteur du logement, notant que ce dernier n’a pas été inclus parmi les priorités gouvernementales. Elle a également relevé la faible exécution des budgets alloués au secteur de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme dans le premier budget adopté par le gouvernement en 2022. «Les prévisions budgétaires pour l’aménagement du territoire et l’urbanisme sont bien en deçà des besoins réels», a-t-elle souligné. «Nous constatons une exécution budgétaire limitée, ce qui montre un manque d’engagement du gouvernement dans ce secteur crucial».

Des sujets qui ont également été au cœur des plaidoiries critiques à l’égard du gouvernement des autres députés de l’opposition (Mouvement populaire, Parti du progrès et du socialisme et le Parti de la justice et du développement). Des plaidoiries qui ont également critiqué le tableau noir brossé par le Chef du gouvernement et les membres de sa majorité concernant le bilan des précédents gouvernements, alors qu’ils en faisaient partie.
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