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Voici comment le «mouvement» du polisario a été dévoyé (Mahjoub Salek)

Lors d’une rencontre organisée la semaine dernière au sein de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, sur le thème «La question du Sahara marocain à la lumière des transformations diplomatiques et géopolitiques», Mahjoub Salek, l’un des fondateurs du front polisario et coordinateur de la faction dissidente Khatt Achahid (Ligne du Martyr), a livré un témoignage inédit sur les origines du mouvement séparatiste et son instrumentalisation par des puissances étrangères. Après avoir retracé l’évolution de ce conflit et analysé le contexte régional et mondial de son développement, M. Salek a souligné que le Maroc qui a réalisé des percées majeures devait entreprendre la mise en œuvre du plan d’autonomie.

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Le conflit autour du Sahara marocain demeure l’un des différends les plus complexes ayant battu le record en termes de longévité. Il est en effet marqué par des décennies d’affrontements diplomatiques et militaires entre le Maroc et le front polisario, soutenu par l’Algérie. Alors que les transformations géopolitiques en cours semblent redessiner la carte de la région, de plus en plus de voix dissidentes au sein du polisario s’élèvent pour dénoncer les dérives de ce mouvement séparatiste, plaidant ainsi en faveur d’une solution politique. À cet égard, Mahjoub Salek, l’un des fondateurs du polisario, a apporté un éclairage singulier sur la genèse de ce conflit et les perspectives de son règlement.

Aux origines du polisario : une cause noble et une lutte dévoyée

Selon cette figure de proue de Khatt Chahih (faction dissidente), le polisario a été fondé à l’origine non pas pour créer un État indépendant, mais pour «libérer le Sahara de la colonisation espagnole». «Nous étions tous des Marocains, avec des cartes d’identité marocaines», a-t-il insisté en précisant «la nationalité marocaine est imprescriptible».



Au lendemain de l’indépendance, l’Armée de libération qui luttait contre la présence coloniale au Sahara devait être dissoute pour intégrer les Forces Armées nouvellement créées. Mais cette opération, compte tenu des circonstances à l’époque, ne s’était pas passée sans difficultés. M. Salek s’est rappelé ainsi comment dès 1972, un groupe de jeunes marocains saharaouis, fils de membres de l’Armée de libération, ont demandé le soutien de l’État pour poursuivre leur lutte contre l’occupation espagnole, avant d’être «matraqués et torturés». Pour lui, c’est cette «erreur» des autorités marocaines, vécue comme un affront, qui les a poussés à fonder le front polisario, pour obtenir l’indépendance de ce territoire marocain. Le contexte régional aidant, ces jeunes ont été vite récupérés par l’Algérie qui a profité du climat de la guerre froide pour endoctriner et orienter ce mouvement. À l’époque, les mouvements de libération et les idéologies révolutionnaires avaient le vent en poupe, ce qui a compliqué la tâche du Maroc.

L’ingérence étrangère perpétue le conflit aux dépens du Maroc En effet, d’après M. Salek, l’évolution du polisario vers un mouvement séparatiste a été favorisée et encouragée par des interventions extérieures, notamment dans un premier temps par celle du régime libyen de Mouammar Kadhafi : «Il nous fournissait des armes et nous disait : allez libérer votre territoire !» a-t-il déclaré.

L’Algérie, d’abord prudente en raison d’un accord de frontière signé avec le Maroc à Ifrane, a fini par prendre part au conflit après avoir observé la montée en puissance de la Libye dans la région. «Lorsque l’Algérie a vu que la Libye commençait à dominer la région et à fournir de l’armement moderne, elle a changé de position et a commencé à nous utiliser contre le Maroc en espérant ainsi obtenir des concessions marocaines sur la région de Tindouf», a-t-il expliqué.

C’est ainsi que le mouvement polisario a été dévoyé de son objectif initial qui est de libérer le Sahara pour le faire revenir dans le giron de la patrie, se rappelle M. Salek. «Notre objectif était de libérer le Sahara du joug espagnol, pas de créer un État, mais l’Algérie a tout mis en œuvre pour transformer le polisario en un outil de pression sur le Maroc».

Un mouvement de libération récupéré par le régime algérien

C’est ce qui explique, selon l’intervenant, que le front polisario a progressivement et inexorablement perdu son autonomie de décision et ses idéaux d’origine, notamment après la nomination de Mohamed Abdelaziz en tant que secrétaire général du Mouvement. «Après la disparition de son leader historique, le mouvement est devenu un simple instrument entre les mains des services secrets algériens pour faire obstruction au Maroc», a-t-il ajouté. Évoquant son propre parcours, il a livré un témoignage glaçant sur les conditions de sa détention : «J’ai été emprisonné pendant huit ans dans une cellule souterraine. On nous battait et torturait avec une brutalité inouïe afin de nous pousser à accepter leurs choix politiques qui ne servaient en fin de compte que l’agenda algérien.» Selon lui, de nombreux détenus sont morts sous la torture ou ont sombré dans la folie. Au fil du temps, ce qui était supposé être une guerre de libération et de parachèvement de l’intégrité territoriale est devenu un conflit instrumentalisé par l’Algérie, a affirmé M. Salek. «Les Sahraouis sont devenus les premières victimes d’une guerre d’influence imposée par l’Algérie en vue de freiner la progression du Maroc», s’est-il désolé.

Le Maroc en position de force, il est temps de mettre en œuvre le plan d’autonomie

L’avènement du règne de de S.M. le Roi Mohammed VI a marqué un tournant décisif dans la gestion de ce dossier, dans la mesure où le Souverain a adopté une approche pragmatique et plus intelligente qui a conforté la position du Maroc, a relevé M. Salek. «Le nouveau Roi a ouvert la voie à davantage de libertés et de réformes, chose qui a donné plus de crédibilité au discours du Maroc. Le Royaume a ainsi pu tirer le tapis sous les pieds du polisario qui se drapait dans la position de victime opprimée», a-t-il fait observer. C’est ce qui explique, selon lui, les percées diplomatiques et les victoires récoltées dans ce dossier et qui se sont traduites par la reconnaissance par des puissances comme les États-Unis, la France et l’Espagne de la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes. «Même l’Algérie a compris qu’il était impossible de créer un État dans le Sahara occidental», a-t-il affirmé. Compte tenu de ces évolutions, M. Salek a estimé que le Maroc était proche de régler cette question une fois pour toutes, précisant que le règlement de ce différend nécessitait son retrait de la Quatrième Commission des Nations unies et de mettre fin à la présence de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara (Minurso). Pour lui, la résolution définitive de ce conflit est tributaire de la mise en œuvre du plan d’autonomie proposé par le Maroc : «Le seul moyen pour le Maroc de mettre fin à ce conflit est de faire preuve de courage et d’appliquer le plan d’autonomie, car la majorité des Sahraouis est déjà au Maroc. Le conflit sera ainsi réglé pour de bon», a-t-il conclu.
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