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Voici les dossiers qui attendent la future Autorité de régulation de l’énergie (Amine Bennouna)

Quelles seront les nouvelles attributions de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité (ANRE) ? Quels sont les dossiers qu’elle devra traiter en priorité ? Des questions qui se posent avec acuité depuis la nomination, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de Zouhaïr Chorfi à la tête de cette institution. Amine Bennouna, expert en énergie, invité de l’émission «L’Info en Face» du 11 décembre, de «Groupe Le Matin», présentée par Rachid Hallaouy, partage sa vision de la future nouvelle version de cette autorité de régulation.

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L’ANRE : changement dans la continuité ou continuité avec beaucoup de changements ? Cette question a fait l’objet du débat de «L’Info en Face» du mercredi 11 décembre, de Groupe Le Matin. Amine Bennouna, expert en énergie, était l’invité de l’émission pour discuter des récents changements dans la gouvernance de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité et la modification attendue de son périmètre d’action. Pourquoi cette transformation? Et quelles seront les nouvelles attributions de l’ANRE ? Amine Bennouna souligne que l’évolution de cette entité répond à des besoins multiples, dont l’élargissement de ses prérogatives pour couvrir non seulement l’électricité, mais également l’énergie au sens large, incluant des segments comme le gaz naturel et l’hydrogène vert. L’ensemble de la chaîne de valeur devrait ainsi être couvert.



Et la nomination de Zouhaïr Chorfi à la tête de l’ANRE ? M. Bennouna a exprimé son optimisme face à ce choix, saluant les compétences de M. Chorfi en matière de gestion et d’instruction de dossiers complexes. Selon lui, cette décision s’inscrit dans une volonté de renforcer la capacité de l’ANRE à imposer une rigueur dans la régulation du secteur : «L’ANRE doit être un gendarme impartial pour assurer un marché compétitif et transparent». Il a également noté que cette transformation permettra de mieux aligner les objectifs de l’ANRE sur les enjeux de la transition énergétique.

Par ailleurs, explique-t-il, une gestion technocratique de cette autorité continuera d’exister. Cependant, elle sera de moins en moins technique. Dans le futur, l’ANRE pourrait demander un conseil technique auprès d’organismes extérieurs, imagine M. Bennouna. «Nous avons eu besoin, dans le cadre de l’Autorité nationale de régulation de l’électricité, de fixer un certain nombre de choses qui étaient essentiellement techniques, notamment les conditions d’accès au réseau. Il se trouvait justement qu’à la tête de l’ANRE se trouvait un technicien. Il s’avère maintenant qu’il ne s’agit plus uniquement de technicité».

À quels dossiers l’ANRE devra-t-elle s’attaquer en priorité ?

1. Fixation des tarifs d’électricité

Pour notre invité, la fixation des tarifs pour les producteurs en auto-consommation, notamment ceux qui injectent leurs surplus d’électricité dans le réseau, est prioritaire. La lenteur dans la mise en œuvre de s lois existantes, très critiquées, freine le développement de l’autoproduction énergétique. Initialement attendu pour la mi-décembre, le bouclage de ce dossier pourrait être différé, selon notre invité, de quelques mois suite à la nomination récente de Zouhaïr Chorfi à la tête de l’ANRE par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Quoi qu’il en soit, M. Bennouna reste convaincu que «Zouhaïr Chorfi et ses équipes vont mettre à plat toutes les lois existantes».



2. Régulation des hydrocarbures

Actuellement hors du champ de l’ANRE, les hydrocarbures pourraient devenir une nouvelle compétence. Des pratiques non concurrentielles dans ce secteur, comme le non-respect des capacités de stockage, nécessitent une régulation plus stricte. «Nous avons une loi depuis quelques décennies qui impose 2 mois de stockage pour tous les combustibles. Or personne n’a jamais atteint cette capacité. Nous avons donc une loi que nous n’arrivons pas à faire respecter». Et de préciser, «comme l’a soulevé Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable, les stocks effectifs varient de 20 à 40 jours seulement». L’expert en énergie insiste sur l’importance de développer des capacités de stockage suffisantes pour répondre aux besoins du pays. Il rappelle que le Maroc doit améliorer ses infrastructures de stockage pour garantir la sécurité d’approvisionnement en combustibles (pétrole, gaz) et en énergies renouvelables. Une régulation efficace pour imposer le respect des capacités de stockage minimales est essentielle.

3. Transition vers un marché du gaz naturel

Lors de son passage à l’émission «L’Info en Face», Amine Bennouna a abordé plusieurs aspects liés au gaz, notamment son rôle stratégique croissant dans le mix énergétique du Maroc. Il a évoqué les infrastructures en cours de réalisation, comme le gazoduc Nigeria-Maroc, qui pourrait transformer la région en un hub énergétique. Avec le développement du gazoduc Nigeria-Maroc et des infrastructures locales (comme les installations de liquéfaction à Tendrara), l’ANRE pourrait être impliquée dans la régulation de ce marché naissant.

L’invité a également discuté des défis liés à la création d’un marché du gaz naturel au Maroc, en notant que le cadre réglementaire et les infrastructures restaient insuffisants. «Nous avons une stratégie de développement du gaz naturel, mais nous n’avons pas encore créé de marché», a-t-il souligné. La stratégie nationale du gaz nécessite des cadres réglementaires pour organiser ce marché et attirer les investissements nécessaires. Il a, en outre, distingué le gaz naturel du gaz butane, ce dernier étant encore subventionné, mais voué à une libéralisation progressive.

4. Promotion de la concurrence et de la transparence

L’ANRE devra assurer une saine concurrence sur le marché de l’énergie, en particulier dans un contexte d’élargissement de ses responsabilités. Améliorer l’attractivité du marché pour les investisseurs, locaux et étrangers, est également un objectif stratégique. Dans ce cadre, M. Bennouna met l’accent sur la nécessité de renforcer la transparence et la concurrence pour attirer davantage d’investissements, notamment étrangers, dans un marché réglementé mais compétitif.

5. Développement des énergies renouvelables

Bien que le Maroc ait progressé dans l’éolien et le solaire, l’adoption des énergies renouvelables pour les consommateurs industriels et les PME reste limitée. L’ANRE devra superviser la mise en œuvre de lois favorisant l’autoproduction et l’intégration des énergies renouvelables dans le mix énergétique.

6. Harmonisation avec les autres acteurs institutionnels

L’ANRE devra coordonner ses actions avec d’autres institutions (comme l’Agence marocaine pour l’énergie durable-Mazen et l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique-AMEE) pour éviter les doublons et accélérer la mise en œuvre des projets stratégiques. Une redéfinition claire des rôles et des responsabilités entre les différentes entités sera cruciale. Autant de défis qui attendent le nouveau patron de l’ANRE. Heureusement, des réalisations ont eu lieu jusqu’ici et balisent le terrain. M. Bennouna mentionne, à cet effet, des avancées notables telles que la mise en place des mécanismes de fixation des tarifs d’électricité pour les auto-consommateurs. Toutefois, il a noté que certains objectifs, notamment en termes de concurrence sur le marché électrique, n’ont pas été pleinement atteints. Il a, par ailleurs, évoqué des projets structurants comme les parcs éoliens récents, qui ont permis de réduire l’intensité carbone de l’électricité marocaine à environ 600 grammes de CO2 par kilowattheure.
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