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Jeudi 22 Mai 2025
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Diplomatie par le sport : une stratégie d’influence en marche

À l’heure où le sport devient un levier de puissance douce sur la scène internationale, le Maroc investit ce champ avec détermination. Une conférence tenue à Béni Mellal a illustré comment le Royaume transforme les exploits sportifs en capital diplomatique pour renforcer sa position régionale et internationale.

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L’Université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal a accueilli, le 3 mai, une conférence de haut niveau autour d’un thème émergent mais désormais incontournable dans le paysage géopolitique marocain : la diplomatie sportive. Organisée par le Pôle des études doctorales en partenariat avec la délégation régionale de l’Association marocaine de la presse sportive, cette rencontre a rassemblé chercheurs, journalistes, responsables sportifs et étudiants pour explorer le rôle croissant du sport dans l’affirmation du Royaume sur la scène internationale. Sous la modération de Dr. Mohssine Idali, directeur du Pôle doctoral, les échanges ont mis en lumière la manière dont le sport, bien au-delà de ses dimensions ludiques, se mue en levier d’influence, de rayonnement culturel et de cohésion nationale.

Une diplomatie par le ballon rond

Parmi les figures marquantes invitées à intervenir, le politologue sportif Dr. Moncef El Yazghi et le militant algérien pour les droits humains Walid Kabir ont livré une analyse lucide du potentiel diplomatique du sport. Kabir a salué les avancées de la diplomatie sportive marocaine, qu’il attribue à une vision royale claire et structurée. Selon lui, le Royaume a su bâtir des ponts de coopération notamment avec le continent africain, faisant du sport un vecteur de paix, de tolérance et de dialogue interculturel. « Le Maroc utilise intelligemment cette carte douce pour renforcer son image et défendre ses causes nationales », a-t-il déclaré, évoquant en particulier la centralité de la cause du Sahara marocain dans cette stratégie.

De son côté, Dr. El Yazghi a souligné le rôle catalyseur joué par la participation du Maroc à la Coupe du monde 2022 au Qatar. Loin d’être un simple exploit sportif, cette aventure a permis de galvaniser le sentiment national, de projeter l’image d’un pays moderne et soudé, et d’illustrer comment le football peut servir d’outil de politique étrangère. Il a plaidé pour une meilleure répartition territoriale des retombées des grands événements sportifs et pour l’accompagnement de cette dynamique par une politique culturelle ambitieuse.

L’université comme acteur engagé

Dès l’ouverture de la conférence, Dr. Mohssine Idali a souligné la responsabilité croissante des chercheurs dans les débats d’intérêt national. « Il ne s’agit plus seulement d’observer, mais de s’engager, de porter un message et d’agir au croisement du savoir, de la diplomatie et de la souveraineté », a-t-il affirmé devant un auditoire composé d’universitaires, d’élus, de journalistes et de responsables de la région Béni Mellal-Khénifra.

En filigrane des débats, une conviction partagée s’est imposée : dans un monde où la compétition diplomatique ne se joue plus uniquement sur le terrain politique, la diplomatie sportive émerge comme un instrument stratégique puissant. Le Maroc, fort de ses ambitions africaines et internationales, mise désormais sur cette « force douce » pour affirmer sa présence, défendre ses intérêts et fédérer ses citoyens autour d’un projet national inclusif.
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