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Fortes pluies, inondations et perturbations dans plusieurs régions du Maroc

Le Maroc a connu au cours des dernières 24 heures un épisode météorologique intense marqué par de fortes précipitations ayant touché de nombreuses régions du pays, notamment Marrakech, Drâa-Tafilalet et plusieurs provinces du centre et du nord. Ces intempéries ont provoqué d’importantes perturbations, des inondations, des coupures de routes et la suspension des cours dans certains établissements scolaires.

À Marrakech, de violents orages accompagnés de grêle ont paralysé la ville dans la soirée de samedi à dimanche. Les fortes pluies ont submergé de nombreux axes routiers, rendant les déplacements périlleux, notamment sur les avenues Mohammed VI et Targa, dans le quartier Azzouzia et même au cœur de la médina. Les systèmes de drainage ont été rapidement dépassés, aggravant les inondations. Des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux ont montré des scènes de chaos, avec des voitures piégées dans l’eau et des habitations envahies. Les secours ont peiné à atteindre certaines zones, tant les routes étaient inaccessibles.

Dans la région de Drâa-Tafilalet, les fortes précipitations ont également entraîné des crues soudaines, provoquant la fermeture de plusieurs axes routiers. À Tinghir, la route régionale 704 reliant Boumalne Dadès à M’semrir via Aït Sedrat Al Jbel Al Oulya a été coupée à hauteur du pont de Tilout. La nationale 10 entre Ouarzazate et Kelaât M’Gouna a aussi été interrompue au niveau de l’oued Anatem. Des dégâts similaires ont été enregistrés entre Midelt et Tinghir ainsi qu’entre Azilal et Ighil N’Mgoun. Les précipitations les plus importantes dans cette zone ont été relevées à :
  • Imssoumer : 26 mm
  • Ighil N’Mgoun : 24 mm
  • Amzri-Imi N’Oulaoune (Ouarzazate) : 30 mm
  • Tansghoultine (Zagora) : 29 mm
  • Imilchil (Midelt) : 23,9 mm
A Errachidia, les fortes crues de l’oued rouge ont été signalées, avec une scène spectaculaire où une citerne transportant des hydrocarbures a été emportée par les eaux dans la zone de Boubernouce. Le chauffeur et son assistant ont heureusement été secourus sans blessures. Face à la situation, les autorités locales ont rapidement mobilisé les moyens du ministère de l’Équipement pour rouvrir les routes et garantir la sécurité des usagers. La vigilance reste de mise, notamment sur les axes encore fermés à titre préventif.

À Ouarzazate, la direction provinciale du ministère de l’Éducation a suspendu les cours samedi dans plusieurs communes (Imi N’Oulaoune, Ghessat, Toundoute) par mesure de précaution, conformément aux recommandations de la Direction générale de la météorologie.

Selon les relevés pluviométriques de cette dernière sur 24 heures, les hauteurs de pluie les plus marquantes sont les suivantes :
  • El Hajeb : 46 mm
  • Ifrane : 36 mm
  • Béni Mellal : 31 mm
  • Khouribga : 26 mm
  • Marrakech : 23 mm
  • Essaouira Port : 19 mm
  • Fès, Taourirt : 16 mm
  • Oujda : 15 mm
  • Midelt : 13 mm
  • Casablanca, Ouarzazate, Errachidia : 2 mm
Ces pluies ont eu un effet positif indéniable sur le remplissage des barrages. À la date du 12 avril 2025, le volume total d’eau stocké s’élève à 6,417 milliards de mètres cubes, soit 38,28 % de la capacité totale, contre 32,80 % à la même période en 2024. Des bassins stratégiques comme ceux de Loukkos (61,99 %), Bouregreg (59,62 %) ou encore Tensift (53,27 %) ont dépassé la barre des 50 % de remplissage.

Six barrages, dont quatre situés dans le bassin du Loukkos (Oued El Makhazine, Chérif Idrissi, Ennakhla, Chefchaouen), ont même atteint leur capacité maximale. Dix autres barrages affichent un taux de remplissage supérieur à 70 %, dont trois proches du seuil de saturation, comme les barrages Allal El Fassi, Sidi Mohammed Ben Slimane El Jazouli et Sidi Idriss.

Toutefois, la situation reste critique dans certains bassins. Celui de l’Oum Er-Rbia n’affiche qu’un taux de remplissage de 10,5 %, malgré son importance stratégique. Les bassins de Souss-Massa (21,78 %) et de Drâa-Oued Noun (29,30 %) restent également en dessous des niveaux requis.

Selon Ahmed Talhi, expert en environnement et développement durable, les besoins annuels du Maroc s’élèvent à environ 5 milliards de mètres cubes pour l’alimentation en eau potable, l’irrigation, l’industrie et le tourisme. Le stock actuel permettrait donc de couvrir à peine une année de consommation. L'expert espère davantage de précipitations dans les mois à venir, et appelle à une gestion plus efficiente des ressources.

Ces pluies ont aussi permis d’alimenter les nappes phréatiques, les sources et les puits, redonnant espoir aux agriculteurs. Si les cultures de printemps et les arbres fruitiers devraient en profiter, l’irrégularité des précipitations automnales pourrait compromettre la productivité globale de la saison agricole. Ainsi, si les précipitations récentes ont offert un répit bienvenu face au stress hydrique, les défis structurels persistent. La consolidation de la résilience hydrique du pays nécessite une accélération des projets, une innovation dans la gestion des ressources et une adaptation constante face à la variabilité croissante du climat.
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