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À bâtons rompus avec Lamia Boumehdi, meilleure entraîneuse de l’année en Afrique

Elle était la plus jeune joueuse à intégrer l’équipe nationale marocaine à seulement 16 ans en 1999. Aujourd’hui, Lamia Boumehdi devient la première Marocaine à remporter le Prix de meilleure entraîneuse d’Afrique. Dans cet entretien, cette attaquante reconvertie en technicienne revient sur son parcours exceptionnel, ses défis et ses ambitions pour le football féminin marocain et africain.

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Le Matin : Félicitations pour le titre de meilleure entraîneuse d’Afrique ! Qu’est-ce qui vous a traversé l’esprit au moment où vous avez entendu votre nom ?

Lamia Boumehdi :
Ce moment a été incroyablement émouvant pour moi. La première image qui m’est venue en tête, c’est celle de mes parents, de ma mère, celle qui m’a offert mon premier ballon à l’âge de sept ans, alors que je n’étais qu’une petite fille à Berrechid. Sans leur soutien, je ne serais jamais arrivée là où je suis. J’ai aussi pensé à mon parcours : jouer au football avec les garçons, fonder un club féminin avec ma mère, puis vivre des expériences marquantes au Maroc, en Norvège, en France ou encore en Italie. Ce titre, c’est une reconnaissance et aussi la preuve qu’une femme marocaine peut s’imposer dans un univers où elle n’était pas forcément attendue. Aujourd’hui, je suis fière de représenter toutes les femmes marocaines, que ce soit dans le sport ou ailleurs et de montrer que les barrières sont faites pour être brisées.



Vous travaillez actuellement au Congo avec le TP Mazembe, un pays passionné de foot, certes, mais aussi marqué par l’instabilité politique. Comment vivez-vous cette expérience ?

C’est vrai que quitter le Maroc pour travailler au Congo a été un grand changement, mais c’est exactement ce genre de défis qui me motive. Rejoindre un club aussi prestigieux que le TP Mazembe, qui a une histoire riche, a été une décision mûrement réfléchie. Nous avons réalisé des choses fantastiques, notamment en remportant la Ligue des Champions CAF cette année. Mais au-delà des titres, je travaille aussi sur des projets qui me tiennent à cœur, comme une académie pour former des jeunes de 3 à 14 ans. C’est une manière pour moi de transmettre ce que j’ai appris tout au long de ma carrière, que ce soit en tant que joueuse ou entraîneuse. Cette nouvelle famille footballistique que j’ai trouvée loin de chez moi renforce ma conviction que le football est un langage universel.

Vous avez été entraîneuse des équipes nationales féminines marocaines à plusieurs niveaux. En quoi cette expérience a-t-elle influencé votre approche ?

Mon passage à la tête des sélections U17 et U20 a été une étape déterminante dans ma carrière. Travailler avec de jeunes joueuses m’a appris à allier rigueur tactique et pédagogie. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les besoins des joueuses, qu’il s’agisse de développement technique ou de gestion humaine. J’ai aussi enrichi mon approche grâce aux formations et diplômes que j’ai obtenus dans différents pays, car dans le football, il faut toujours évoluer. Être à l’écoute, comprendre les contextes, savoir adapter ses méthodes : c’est ce qui fait la force d’un entraîneur.

Le Maroc est aujourd’hui perçu comme une locomotive du football féminin africain. Qu’est-ce qui, selon vous, a permis au pays de jouer ce rôle de leader ?

Je pense que le football féminin marocain a parcouru un chemin incroyable. Lorsque je jouais à Berrechid, nous n’avions pas autant de structures ni de reconnaissance. Mais aujourd’hui, des investissements massifs ont été réalisés, que ce soit par la Fédération royale marocaine de football ou à travers des initiatives comme l’Académie Mohammed VI. En plus, les compétitions nationales sont de plus en plus professionnelles et cela se ressent au niveau des équipes nationales. Lorsque je vois des joueuses marocaines briller dans des équipes nationales comme l’AS FAR ou à l’étranger, je ne peux m’empêcher de penser à tout le chemin parcouru.

L’équipe nationale féminine du Maroc a manqué sa qualification pour les Jeux olympiques. Cet échec peut-il affecter son élan ?

Ce n’est certainement pas un coup dur, mais plutôt une leçon. J’ai toujours appris, que ce soit sur le terrain ou en dehors, que les défaites peuvent devenir des opportunités. Cette équipe a un énorme potentiel, avec des joueuses qui évoluent dans les meilleurs championnats du monde. La Fédération met aussi beaucoup de moyens à disposition, contrairement à beaucoup d’autres pays africains, ce qui nous permet de continuer à progresser. Je suis convaincue que cette expérience renforcera leur détermination pour les prochaines échéances, notamment la Coupe d’Afrique des Nations.

Décidément, la Coupe d’Afrique des Nations féminine se tiendra au Maroc l’an prochain. Quelles sont, selon vous, les chances des Lionnes de l’Atlas ?

C’est une immense opportunité pour le football féminin marocain et pour toutes les filles qui rêvent de devenir footballeuses. Quand j’étais enfant, je rêvais de moments comme celui-ci. Puis, accueillir une Coupe d'Afrique des Nations (CAN), c’est offrir une plateforme pour montrer au monde tout ce que le Maroc a accompli dans le football féminin. Quant aux chances des Lionnes de l’Atlas, elles sont réelles. Nous avons des joueuses talentueuses, une préparation solide et une nation derrière nous. Jouer à domicile est une chance et je suis convaincue que les Lionnes de l’Atlas auront à cœur de briller.
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