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Prendre part à un vol suborbital, le pari ambitieux de Amina Belkhayat

En avril 2024, la Space Exploration & Research Agency (SERA) a annoncé un partenariat avec Blue Origin pour un vol suborbital à bord de New Shepard attendu en 2025. Six places sont en jeu : cinq pour des ressortissants de pays peu représentés dans l’espace et une ouverte à tout candidat éligible. La sélection se fait par vote du public sur la plateforme de SERA. Amina Belkhayat, étudiante marocaine en génie mécanique et fondatrice de @space_darija, s’est portée candidate ; «Aller dans l’espace est mon rêve d’enfance», confie-t-elle au «Matin». Elle détaille sa démarche et invite les Marocains à la suivre et à soutenir son projet.

Au-delà du cercle des puissances spatiales historiques, une initiative conjointe entend ouvrir l’accès au vol habité à de nouveaux publics. Annoncé en avril 2024, le partenariat SERA × Blue Origin prévoit, pour 2025, un vol suborbital à bord de New Shepard, lanceur réutilisable franchissant la ligne de Kármán. SERA, fondée en 2021 à San Francisco et se définissant comme une «agence spatiale pour tous», articule une plateforme publique et un mécanisme de sélection participatif. C’est dans ce cadre que s’inscrit la candidature d’Amina Belkhayat, étudiante marocaine en génie mécanique et fondatrice de @space_darija.

Un dispositif SERA × Blue Origin à accès élargi

«Aller dans l’espace est mon rêve d’enfance. Avec le temps, ce rêve est devenu un objectif clair qui guide mes choix académiques et professionnels», nous confie Amina Belkhayat. Dès lors, on comprend son choix de faire des études de mécanique orientée aéronautique. «Je souhaite travailler dans le domaine de la propulsion des fusées, c’est au cœur de l’exploration spatiale». Mais d’ores et déjà, elle dit «mener une recherche avec une équipe internationale sur les systèmes alimentaires pour missions spatiales», un champ qu’elle juge «crucial pour la survie et le bien-être des astronautes». L’horizon qu’elle se trace est explicite, car il procède d’une conviction qu’elle tient à partager : «Je suis convaincue que l’humanité sera multi planétaire dans les prochaines décennies, et je souhaite que le Maroc fasse partie de cette dynamique.»

«Candidater au programme SERA Space × Blue Origin participe de cette ambition que je caresse depuis fort longtemps», dit-elle, précisant que «la date exacte du vol n’a pas encore été confirmée par SERA Space, mais le processus de sélection a déjà commencé». Un cheminement «où chaque candidat doit mobiliser sa communauté et franchir plusieurs étapes de sélection jusqu’à la constitution de l’équipage final qui volera à bord du New Shepard». En tous cas, Amina Belkhayat est consciente de l’ampleur de la tâche, car «au total, seulement 6 candidats seront retenus dans le monde, ce qui rend chaque étape particulièrement exigeante.»

Parcours scientifique et finalités

Outre les études académiques et l’engagement dans la recherche en rapport avec l’espace, Amina Belkhayat relève que d’autre facteurs s’avèrent déterminants pour sa candidature : la mobilisation publique et la visibilité sur les réseaux sociaux. À ce titre, elle souligne qu'«en quelques jours, une de mes publications a dépassé les 150.000 vues sur X (Twitter), se félicitant par là même de l’amplification engendrée par les relais institutionnels. «Je suis actuellement classée 4ᵉ sur le leaderboard général, un classement qui évolue chaque jour selon la mobilisation.» Autrement dit, c’est un terrain vivant, où chaque partage et chaque inscription pèsent : la progression n’est pas abstraite, elle se lit au quotidien dans les indicateurs publics de la plateforme, précise-t-elle.

Modalités de soutien : mode d’emploi

Pour Amina, le soutien se bâtit par des gestes simples et cumulés : «Aujourd’hui, l’enjeu est clair : rassembler le maximum de soutien pour représenter le Maroc. Concrètement, chacun peut contribuer en s’abonnant à mon compte X (@space_darija), en partageant mes publications, et surtout en créant un profil sur la plateforme SERA Space via le lien dans ma bio.» Elle en précise l’utilité : «Ce profil sera indispensable plus tard, puisque le vote officiel se fera à partir de ces inscriptions.»

• X : @space_darija

• Plateforme SERA (inscription via son lien) : https://t.me/sera_mission_control_bot/app?startapp=GZWDZYUA

Du cas individuel à l’écosystème national

Plus qu’une aventure personnelle, ce projet est pour Amina Belkhayat «un projet collectif» : «Au-delà de la compétition, je veux utiliser cette dynamique comme catalyseur pour renforcer une culture spatiale auprès des Marocains.» Pour créer ce lien, elle mise sur la pédagogie et la proximité : «À travers mon projet Space.Darija sur Instagram, je vulgarise l’espace en dialecte marocain pour rapprocher les sciences des jeunes générations.»

Dans le même esprit, elle ouvre des perspectives concrètes et accessibles : «Notre pays dispose déjà d’un secteur aéronautique solide, qui pourrait naturellement s’élargir vers une industrie aérospatiale plus ambitieuse, de la fabrication de fusées à l’industrie alimentaire de l’espace.» Selon elle, «le Maroc gagnerait aussi à développer des cursus universitaires orientés vers l’aérospatial, afin de former une nouvelle génération d’ingénieurs capables de contribuer à cette industrie d’avenir. C’est pourquoi j’appelle de mes vœux la création d’une AGENCE spatiale marocaine, qui structurerait nos efforts et permettrait aux jeunes talents d’intégrer l’aventure spatiale mondiale.»

Native de Rabat, cette jeune de 23 ans a grandi à Casablanca jusqu’à 13 ans, avant de poursuivre sa scolarité à Marrakech, du collège au lycée, puis ses premières années universitaires à l’Université Cadi Ayyad. Très tôt, son intérêt pour l’espace et les sciences s’est nourri de soirées familiales consacrées aux documentaires, de visites de musées et de discussions où son père lui rappelait «l’importance de s’émerveiller dans la vie». Soutenue par ses parents, elle a fait du domaine spatial son objectif de carrière, choix qui l’a naturellement orientée vers l’ingénierie mécanique. Elle prépare aujourd’hui un master à l’Université Hassan II de Casablanca et effectue un stage chez Safran. Entre son parcours étudiant et ses ambitions personnelles, elle avance avec détermination et optimisme, mue par son rêve d’enfance d’aller dans l’espace.
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