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Cancer du col de l’utérus: pourquoi le Maroc doit miser encore sur le vaccin contre le HPV

Le Maroc a intégré le vaccin contre le HPV, virus responsable du cancer du col de l’utérus, dans son calendrier national de vaccination dès octobre 2022, et s’est engagé ainsi à éliminer cette maladie d’ici 2030. Un objectif ambitieux mais loin d’être atteint. Les participants à une conférence de presse organisée jeudi dernier à Casablanca par l’Association Dar Zhor, ont souligné l’urgence de la situation et appelé à redoubler d’effort pour améliorer l’accès au vaccin contre le HPV.

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«Agir maintenant et vacciner les enfants contre le HPV pour protéger leur avenir», est le thème d’une conférence organisée jeudi dernier à Casablanca par l’Association Dar Zhor à l’occasion de la Semaine mondiale de la Vaccination.



Cette rencontre, qui a rassemblé plusieurs experts de la santé, a mis en lumière le rôle essentiel de la vaccination dans la lutte contre ce cancer et les autres cancers induits par le papillomavirus humain (HPV). La conférence fait suite à la campagne d’information et de sensibilisation orchestrée par Dar Zhor sur le cancer du col de l’utérus et a souligné l’urgence de la situation.

Les participants ont ainsi rappelé que le cancer du col de l’utérus demeure un problème de santé publique majeur au Maroc, avec plus de 3.500 nouveaux cas par an et plus de 4 décès par jour. «Le cancer du col de l’utérus est l’une des principales causes de décès chez les femmes dans de nombreux pays dont le Maroc, mais il est largement évitable grâce à la vaccination contre le HPV», a déclaré Pr Fadila Kouhen, oncologue. Et d’ajouter que «le coût de la vaccination est bien inférieur à celui du traitement du cancer, et donc investir dans la vaccination contre le HPV au Maroc représente une stratégie intelligente sur le plan économique, en réduisant les coûts tout en préservant la santé et la qualité de vie des femmes marocaines. Nous encourageons en tant qu’oncologues vivement les individus, les professionnels de la santé et les décideurs politiques à promouvoir et à soutenir l’accès à la vaccination contre le HPV pour prévenir cette maladie évitable».

Les intervenants ont également souligné que le Maroc, qui a intégré le vaccin contre le HPV dans son calendrier national de vaccination dès octobre 2022, en visant toutes les filles de 11 ans, s’est engagé à éliminer cette maladie en tant que problème de santé publique d’ici 2030, en adoptant des objectifs ambitieux, notamment : un taux de couverture vaccinale par le vaccin anti papillomavirus humain des filles à l’âge de 11 ans d’au moins 90%, un taux de participation au dépistage du cancer du col de l’utérus d’au moins 70% par un test de dépistage fiable, et un taux de prise en charge des femmes identifiées avec une maladie cervicale d’au moins 90%. «Le groupe consultatif stratégique d’experts sur la vaccination de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclaré en 2022 qu’une dose unique de vaccin contre le HPV est capable de fournir une protection solide contre les infections à papillomavirus humain, pour les types 16 et 18 qui causent 70% des cas de cancer du col de l’utérus.

Le Maroc a adopté cette recommandation dans l’objectif d’améliorer l’accès au vaccin», a affirmé Dr Mohammed Benazzouz, chef de service de la protection de santé de l’enfant au ministère de la Santé et de la protection sociale. Et de préciser que «les données concernant la vaccination des jeunes filles sont actuellement en phase de collecte et de vérification. Nous espérons un rebond du taux de la vaccination après le passage à une dose».

Durant la conférence, l’efficacité du vaccin HPV et son innocuité ont été mis en évidence. «En 2021, plus de 330 millions de personnes ont été vaccinées dans le monde contre ce virus. Plus de 194 pays ont inclus la vaccination contre le HPV dans leur programme national de vaccination, tels que les États-Unis, l’Australie, la Belgique, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Le Maroc a rejoint ces pays en introduisant le vaccin dans son calendrier national de vaccination en octobre 2022», a indiqué Pr Mina Oumlil, professeur en pédiatrie. «On dispose aujourd’hui de solides données en vie réelle confirmant l’impact positif de la vaccination sur la réduction du risque d’infections par le HPV et de lésions du col de l’utérus de haut grade, marqueurs intermédiaires de l’efficacité de la vaccination.

Plusieurs publications récentes, basées sur des registres réalisés notamment en Suède, au Danemark ou en Angleterre, tendent à confirmer la diminution attendue des cancers du col de l’utérus grâce à la vaccination. Une nouvelle étude menée en Écosse, portant sur près de 450.000 personnes, a également montré des résultats prometteurs. Aucun cas de cancer invasif du col de l’utérus n’a été constaté chez les femmes qui avaient été vaccinées à l’âge de 12 ou 13 ans», a-t-elle développé.

Pour sa part Dr Myriam Nciri, présidente de l’association Dar Zhor, a rappelé que les pays qui ont mis en place une vaccination en milieu scolaire ont obtenu des taux de couverture vaccinale supérieurs à 80% (Royaume-Uni, Portugal, Espagne, Australie, Canada), voire 90% dans certains cas (Norvège et le Mexique). «Dans le cadre de la semaine mondiale de la vaccination, du PNPCC 2020-2029 et de la stratégie mondiale d’élimination du cancer du col de l’utérus, l’association Dar Zhor plaide pour le démarrage rapide d’une campagne de vaccination anti HPV, afin de rattraper le retard pris, et d’atteindre le taux de vaccination de 90% des filles, entièrement vaccinées contre le papillomavirus humain avant l’âge de 15 ans, à l’horizon 2030».
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