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Cancer du foie : une nouvelle étude pointe les défaillances de la prévention

Malgré l’existence de vaccins et de traitements efficaces, les hépatites virales continuent de faire des ravages. Une étude mondiale projette un doublement des cas de cancer du foie d’ici 2050. Le Maroc, engagé dans un plan national ambitieux, tente d’inverser la tendance.

Plus de 300 millions de personnes vivent aujourd’hui avec une hépatite virale B ou C, souvent sans le savoir. En silence, ces infections progressent, détruisent le foie et mènent, dans de nombreux cas, à un cancer hépatique mortel. Et si rien n’est fait, le monde pourrait faire face à un quasi-doublement du nombre de cancers du foie d’ici 2050, alerte une étude internationale publiée dans «The Lancet», à l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite, commémorée chaque 28 juillet.



Une étude alarmante

Menée par des experts de six pays (dont la France via l'Institut national de la santé et de la recherche médicale - Inserm), cette étude met en lumière une vérité inquiétante : près de 60% des cancers du foie sont liés à des causes évitables – hépatites B et C, alcool, et stéatose hépatique non alcoolique (souvent associée à l’obésité). Le nombre de nouveaux cas pourrait atteindre 1,52 million par an en 2050, avec 1,37 million de décès annuels. «Sans action coordonnée, le monde se dirige vers une catastrophe évitable», préviennent les auteurs.

Parmi les principaux facteurs, les hépatites virales restent les plus préoccupantes. Si leur part relative dans les causes de cancer diminue légèrement, elles continueront de représenter, à elles seules, plus de 60% des cas.

Et pourtant, des outils existent. Le vaccin contre l’hépatite B est sûr et efficace, mais son accès reste limité dans de nombreuses régions, faute de moyens, d’obligations vaccinales ou par méconnaissance de ses bénéfices. En parallèle, la part des cancers liés à l’alcool et à l’accumulation de graisses dans le foie (stéatose) continue d’augmenter, notamment en Occident et en Asie.

Le Maroc en alerte, mais dans l’action

Conscient des enjeux, le Maroc a placé les hépatites virales au cœur de sa politique de santé. Le Plan stratégique national intégré 2024-2030, mis en place par le ministère de la Santé et de la protection sociale, vise à lutter conjointement contre le VIH, les infections sexuellement transmissibles (IST), et les hépatites B et C. Il fixe des objectifs ambitieux : réduire de 65% la mortalité liée à ces infections et diminuer de 60% le nombre de nouvelles contaminations.

Le traitement de l’hépatite C par antiviraux à action directe (AAD) est gratuitement accessible dans les hôpitaux régionaux et provinciaux. En quelques mois, ces médicaments permettent une guérison dans la grande majorité des cas.

«Si nous voulons éradiquer l’hépatite C à l’horizon 2030, cela passe par le dépistage massif et l’accès équitable au traitement», précise une source au ministère.

Une faible prévalence... mais des poches de vulnérabilité

Selon la dernière enquête nationale de séroprévalence, le taux d’infection chronique par le virus de l’hépatite C au Maroc est estimé à 0,5%, soit environ 125.000 personnes. Ce chiffre, relativement faible, cache toutefois une forte concentration dans certaines populations à risque : patients hémodialysés, usagers de drogues injectables, et populations dites «clés».

En ce qui concerne l’hépatite B, bien que le vaccin soit intégré au programme national depuis 1999, la dose à la naissance, essentielle pour prévenir la transmission mère-enfant, n’est pas encore systématique – une lacune pointée par plusieurs spécialistes.

Éviter l’explosion des cas : une responsabilité mondiale

À l’échelle planétaire, les recommandations sont claires : intensifier la vaccination, généraliser le dépistage précoce, rendre les traitements accessibles, et agir sur les comportements à risque comme la consommation excessive d’alcool et la mauvaise alimentation. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) ambitionne une élimination des hépatites virales comme menaces de santé publique d’ici 2030. Mais sans un sursaut, cet objectif restera hors d’atteinte.

D’ailleurs, l’étude du «Lancet» rappelle la nécessité d’un partenariat international renforcé – entre États, systèmes de santé, chercheurs et industriels – pour combler les inégalités criantes d’accès au diagnostic et aux soins.
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