Le Matin : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste précisément cette intervention de préservation du tissu ovarien et comment peut-elle aider les patientes atteintes de cancer ?
Dr Mounir Filali : La technique de préservation du tissu ovarien peut être proposée à toute personne de sexe féminin, prépubère, âgée de quelques semaines à l’âge adulte, avant l’âge de 40 ans, et qui va subir un traitement lourd, comme certaines chimiothérapies qui peuvent altérer définitivement sa fertilité. De nombreux enfants et de jeunes adultes guérissent aujourd’hui de leurs cancers (par exemple les leucémies), mais malheureusement certaines chimiothérapies peuvent laisser des séquelles et peuvent rendre ces patients stériles après leur guérison... Le but de cette technique innovante est donc de leur permettre d’avoir une vie normale après leur maladie.
Je tiens, par ailleurs, à remercier toutes les personnes qui ont réalisé cette première au Maroc, et qui va permettre de faire avancer la prise en charge de nos patientes au Maroc atteintes de maladies lourdes, comme le cancer. Cette technique n’aurait pas pu voir le jour sans l’implication de tous, sans la collaboration de deux équipes médicales installées dans deux villes différentes, à Casablanca et Rabat, sans la confiance du médecin-oncologue en nos compétences, Dr Jihane Toughza, sans la confiance de la patiente, sans l’investissement personnel de tous les médecins, notamment les deux chirurgiens Dr Hammouda Achour et de Dr Benjelloun Majid, et sans surtout Dr Bahae Benamar, biologiste, qui a investi dans l’équipement qui a permis de conserver ce premier tissu ovarien.
Quels types de cancers sont concernés par cette technique ?
Quasiment tous les types de cancers, voire d’autres maladies auto-immunes, qui vont avoir des traitements pouvant altérer les gamètes (ovocytes) des patientes, et donc leur fertilité, sont concernés.
Pourquoi est-ce une avancée majeure pour la fertilité des patientes, et qu’est-ce qui distingue cette intervention des autres options disponibles ?
Je voudrais rectifier une information fausse qui a beaucoup circulé malheureusement dans les médias. Ce n’est pas une première en Afrique, nos collègues tunisiens la pratiquent depuis des années. C’est une première au Maroc. Cette technique offre désormais des possibilités supplémentaires pour proposer la conservation des ovocytes à des patientes pour lesquelles cela n’était pas envisageable auparavant, notamment en cas de traitement urgent par chimiothérapie. Elle est également une option pour celles ayant déjà subi une première ligne de chimiothérapie, comme dans les cas de leucémie après la phase d’induction.
Dans le domaine de la fertilité, nos centres publics ou privés, très bien équipés, vont enrichir leur panel déjà assez complet par cette nouvelle technique et pourront, dans un avenir proche, proposer eux aussi cette nouvelle technique.
Quels sont les défis spécifiques que vous avez rencontrés en réalisant cette intervention, notamment en termes de technologie et de formation ?
La technique, en elle-même, et je parle aussi sous le contrôle de mes collègues-chirurgiens, n’est pas difficile en soi, tant du point de vue chirurgical que biologique. C’est l’indication de la technique qui l’est. Cela nécessite un savoir bien sûr que nous avons acquis avant de nous lancer dans l’aventure, par des formations pratiques et théoriques réalisées à l’étranger. Nous organisons également dans les différents congrès scientifiques au Maroc des sessions de formation à tous les collègues sensibles à la cause, dont des oncologues, des gynécologues, des biologistes et des embryologistes.
Quels sont les critères de sélection des patientes éligibles à ce type de procédure ? Et comment cette technique pourrait-elle impacter leur qualité de vie après le traitement contre le cancer ?
L’indication de la préservation de la fertilité est posée, en règle générale, par une équipe pluridisciplinaire au cours de réunions que nous appelons RCP (réunion de concertation pluridisplinaire) réunissant plusieurs collègues de différentes disciplines (oncologue, gynécologue, anesthésiste, biologiste de la reproduction et d’autres...). En fonction d’un certain nombre de paramètres, les spécialistes vont opter soit pour la conservation des ovocytes ou la conservation du tissu ovarien. L’un des facteurs les plus importants sera par exemple l’âge de la patiente.
Quant à l’impact sur la vie future des patientes, cette technique n’apporte que du positif, à quelques très rares exceptions, puisque dans plus de 90% des cas, les patientes retrouvent une vie quasi normale, ont des cycles réguliers et dans 30% des cas ont des grossesses naturelles sans assistance médicale à la procréation.
Quel est le processus de suivi après l’intervention pour garantir la préservation et la possible réimplantation du tissu ovarien ?
La préservation du tissu ovarien dure des années, voire des dizaines d’années. Il reste à la disposition de la patiente. En ce qui concerne la greffe de ce tissu préservé, c’est le médecin principal de la patiente, souvent l’oncologue, qui joue un rôle clé. Lorsque ce dernier estime que la patiente est en rémission, il détermine le moment opportun pour procéder à la réimplantation.
Quel est le tarif de l’intervention de préservation du tissu ovarien et existe-t-il des options de remboursement pour les patientes concernées ?
À l’heure actuelle, cette intervention de préservation du tissu ovarien n’est pas encore prise en charge par les systèmes de remboursement. Toutefois, le coût de cette technique ne représente même pas 5% du coût total d’un traitement de chimiothérapie. Les frais exacts pour cette intervention seront fixés ultérieurement, mais pour les premières patientes, l’opération a été réalisée gracieusement, les médecins ayant renoncé à leurs honoraires pour soutenir cette initiative novatrice en oncofertilité.
Dr Mounir Filali : La technique de préservation du tissu ovarien peut être proposée à toute personne de sexe féminin, prépubère, âgée de quelques semaines à l’âge adulte, avant l’âge de 40 ans, et qui va subir un traitement lourd, comme certaines chimiothérapies qui peuvent altérer définitivement sa fertilité. De nombreux enfants et de jeunes adultes guérissent aujourd’hui de leurs cancers (par exemple les leucémies), mais malheureusement certaines chimiothérapies peuvent laisser des séquelles et peuvent rendre ces patients stériles après leur guérison... Le but de cette technique innovante est donc de leur permettre d’avoir une vie normale après leur maladie.
Je tiens, par ailleurs, à remercier toutes les personnes qui ont réalisé cette première au Maroc, et qui va permettre de faire avancer la prise en charge de nos patientes au Maroc atteintes de maladies lourdes, comme le cancer. Cette technique n’aurait pas pu voir le jour sans l’implication de tous, sans la collaboration de deux équipes médicales installées dans deux villes différentes, à Casablanca et Rabat, sans la confiance du médecin-oncologue en nos compétences, Dr Jihane Toughza, sans la confiance de la patiente, sans l’investissement personnel de tous les médecins, notamment les deux chirurgiens Dr Hammouda Achour et de Dr Benjelloun Majid, et sans surtout Dr Bahae Benamar, biologiste, qui a investi dans l’équipement qui a permis de conserver ce premier tissu ovarien.
Quels types de cancers sont concernés par cette technique ?
Quasiment tous les types de cancers, voire d’autres maladies auto-immunes, qui vont avoir des traitements pouvant altérer les gamètes (ovocytes) des patientes, et donc leur fertilité, sont concernés.
Pourquoi est-ce une avancée majeure pour la fertilité des patientes, et qu’est-ce qui distingue cette intervention des autres options disponibles ?
Je voudrais rectifier une information fausse qui a beaucoup circulé malheureusement dans les médias. Ce n’est pas une première en Afrique, nos collègues tunisiens la pratiquent depuis des années. C’est une première au Maroc. Cette technique offre désormais des possibilités supplémentaires pour proposer la conservation des ovocytes à des patientes pour lesquelles cela n’était pas envisageable auparavant, notamment en cas de traitement urgent par chimiothérapie. Elle est également une option pour celles ayant déjà subi une première ligne de chimiothérapie, comme dans les cas de leucémie après la phase d’induction.
Dans le domaine de la fertilité, nos centres publics ou privés, très bien équipés, vont enrichir leur panel déjà assez complet par cette nouvelle technique et pourront, dans un avenir proche, proposer eux aussi cette nouvelle technique.
Quels sont les défis spécifiques que vous avez rencontrés en réalisant cette intervention, notamment en termes de technologie et de formation ?
La technique, en elle-même, et je parle aussi sous le contrôle de mes collègues-chirurgiens, n’est pas difficile en soi, tant du point de vue chirurgical que biologique. C’est l’indication de la technique qui l’est. Cela nécessite un savoir bien sûr que nous avons acquis avant de nous lancer dans l’aventure, par des formations pratiques et théoriques réalisées à l’étranger. Nous organisons également dans les différents congrès scientifiques au Maroc des sessions de formation à tous les collègues sensibles à la cause, dont des oncologues, des gynécologues, des biologistes et des embryologistes.
Quels sont les critères de sélection des patientes éligibles à ce type de procédure ? Et comment cette technique pourrait-elle impacter leur qualité de vie après le traitement contre le cancer ?
L’indication de la préservation de la fertilité est posée, en règle générale, par une équipe pluridisciplinaire au cours de réunions que nous appelons RCP (réunion de concertation pluridisplinaire) réunissant plusieurs collègues de différentes disciplines (oncologue, gynécologue, anesthésiste, biologiste de la reproduction et d’autres...). En fonction d’un certain nombre de paramètres, les spécialistes vont opter soit pour la conservation des ovocytes ou la conservation du tissu ovarien. L’un des facteurs les plus importants sera par exemple l’âge de la patiente.
Quant à l’impact sur la vie future des patientes, cette technique n’apporte que du positif, à quelques très rares exceptions, puisque dans plus de 90% des cas, les patientes retrouvent une vie quasi normale, ont des cycles réguliers et dans 30% des cas ont des grossesses naturelles sans assistance médicale à la procréation.
Quel est le processus de suivi après l’intervention pour garantir la préservation et la possible réimplantation du tissu ovarien ?
La préservation du tissu ovarien dure des années, voire des dizaines d’années. Il reste à la disposition de la patiente. En ce qui concerne la greffe de ce tissu préservé, c’est le médecin principal de la patiente, souvent l’oncologue, qui joue un rôle clé. Lorsque ce dernier estime que la patiente est en rémission, il détermine le moment opportun pour procéder à la réimplantation.
Quel est le tarif de l’intervention de préservation du tissu ovarien et existe-t-il des options de remboursement pour les patientes concernées ?
À l’heure actuelle, cette intervention de préservation du tissu ovarien n’est pas encore prise en charge par les systèmes de remboursement. Toutefois, le coût de cette technique ne représente même pas 5% du coût total d’un traitement de chimiothérapie. Les frais exacts pour cette intervention seront fixés ultérieurement, mais pour les premières patientes, l’opération a été réalisée gracieusement, les médecins ayant renoncé à leurs honoraires pour soutenir cette initiative novatrice en oncofertilité.