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La carte spéciale handicap qualifiée d'avancée symbolique "sans garanties concrètes", selon des associations

Le gouvernement marocain a récemment adopté le décret n° 2.22.1075, destiné à instaurer un cadre réglementaire pour l’octroi de la « Carte de Personne en Situation de Handicap ». Ce document officiel, présenté comme un outil facilitant l’accès aux services essentiels pour les personnes en situation de handicap, se veut être une réponse aux revendications de plusieurs décennies en faveur de l’inclusion sociale. Cependant, les acteurs et associations engagés dans la défense des droits des personnes handicapées dénoncent aujourd’hui de nombreuses lacunes dans ce dispositif.

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Selon le communiqué de presse publié par l'Union Nationale des Associations oeuvrant dans le domaine du Handicap Mental, "la carte est censée garantir aux personnes en situation de handicap une reconnaissance officielle et faciliter l’accès à des prestations clés telles que des soins de santé spécialisés, des exonérations sur certains frais (transports, équipements, médicaments) ou encore un soutien à l’insertion professionnelle par le biais de dispositifs d’emploi spécifiques".



Dans de nombreux pays, de tels mécanismes offrent des avantages concrets et tangibles aux bénéficiaires. Au Maroc, en revanche, le décret ne comporte pas de mesures explicites concernant ces bénéfices, limitant ainsi l’impact potentiel du dispositif sur l’amélioration réelle des conditions de vie des personnes concernées.

Une reconnaissance administrative "sans droits concrets"

Les critiques soulignent que, malgré la délivrance d’un document officiel, aucune garantie n’est apportée quant à l’accès prioritaire aux soins spécialisés. La carte, en l’état actuel, n’offre ni exonération des frais médicaux ni accès facilité aux équipements adaptés indispensables – tels que prothèses ou fauteuils roulants. Par ailleurs, l'absence de mesures concrètes dans le secteur de l’éducation et de l’insertion professionnelle inquiète particulièrement les familles, déjà confrontées aux coûts élevés liés à la prise en charge des besoins spécifiques de leurs proches, affirme la même source.

« Sans l’attribution automatique de prestations concrètes, cette carte risque de n’être qu’un simple papier administratif, sans véritable impact sur la vie quotidienne des personnes handicapées, » souligne le communiqué.

Par ailleurs, l'Union signale la situation financière des centres spécialisés, qui dépendent des subventions publiques pour fonctionner, qui est également alarmante." Alors que le financement habituel, initialement géré par le Ministère du Développement Social puis par le Fonds de Cohésion Sociale, fait défaut pour l’année en cours, ces structures se trouvent aujourd’hui au bord de la fermeture. Ce manque de moyens menace non seulement l’emploi des professionnels – éducateurs, orthophonistes, psychologues et travailleurs sociaux – mais expose également des milliers de personnes en situation de handicap à un risque accru de délaissement", déplore l'organisation.

Une évaluation opaque et des incertitudes pour 2025

Le décret prévoit la création de commissions régionales chargées d’évaluer la situation des demandeurs. Toutefois, les critères d’évaluation restent flous : comment déterminer précisément le niveau de handicap ? Quelles procédures seront mises en place pour contester une décision jugée injuste ? L'Union souligne que "ce manque de transparence ouvre la porte à des disparités régionales et à un risque d’arbitraire dans l’attribution de la carte. De plus, à l’approche de la rentrée scolaire 2025, les associations et les familles n’ont toujours reçu aucune information sur le financement des classes intégrées et des centres spécialisés, créant une incertitude préoccupante quant à la continuité du dispositif".

Face à ces insuffisances, l'union d’associations demande aux autorités de prendre des mesures immédiates afin d’assurer que la carte devienne un véritable instrument de changement social et économique. Parmi les recommandations formulées figurent :
  • L’attribution automatique de prestations liées à la carte, notamment en matière de soins spécialisés, de transport, et d’accès aux équipements adaptés.
  • Le déblocage immédiat des subventions promises aux centres spécialisés, pour garantir leur fonctionnement et la pérennité des services offerts.
  • La mise en place d’un financement stable via le système de couverture sociale et médicale, géré par une instance spécialisée dans le dossier du handicap.
  • L’instauration d’un mécanisme de transparence totale concernant les critères d’évaluation, assorti d’une procédure d’appel claire pour contester les décisions.
  • La création d’un organe spécifique chargé de suivre et de coordonner l’ensemble des politiques publiques relatives au handicap.
Enfin, l'union exige une réponse officielle et écrite du gouvernement, soulignant que l’avenir de milliers de personnes en situation de handicap – et de nombreux professionnels qui œuvrent à leur accompagnement – est en jeu.
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