Pour Fayçal Hafidi, fondateur et CEO de Learning Coach, l’erreur fréquente consiste à se plonger directement dans les révisions, sans avoir au préalable réfléchi à une organisation efficace. «Pour éviter un surmenage, il est essentiel de commencer par l’organisation avant même de s’attaquer aux techniques de révision. Cet aspect est trop souvent négligé par les élèves et leurs parents», indique-t-il.
«La clé réside d’abord dans la gestion du temps et de l’énergie. Le cerveau n’est pas un organe que l’on peut solliciter à volonté : il a un rythme biologique, des niveaux d’énergie fluctuants, et il est très sensible à l’alimentation comme à l’état émotionnel. Il est donc crucial de savoir quand travailler ses cours et quand faire des pauses pour éviter tout gaspillage de temps et d’énergie», explique le coach.
Une fois ce cadre posé, la méthode peut s’affiner selon la nature des matières : «Il faut distinguer les matières à caractère scientifique de celles à dominante descriptive. Les premières nécessitent compréhension et pratique d’exercices jusqu’à la maîtrise. Pour les secondes, il s’agit essentiellement de mémorisation et de restitution».
Et pour mémoriser efficacement, là encore, le spécialiste recommande des outils adaptés : «Le cerveau stocke l’information sous forme d’images. il faut donc apprendre à transformer une information en image, puis à la restituer». Il insiste sur deux techniques fondamentales : «La scénarisation, qui consiste à créer un film mental liant les informations par des images, et l’ancrage, qui repose sur l’utilisation d’objets du quotidien auxquels on associe les informations à retenir. Les élèves doivent s’exercer à ces techniques comme on s’entraîne à un sport, jusqu’à les maîtriser».
Mais même les meilleures méthodes peuvent être compromises par certaines erreurs stratégiques. «Les élèves se rendent souvent à l’examen sans s’être auto-évalués dans des conditions similaires. Ils sont prêts sur le fond, mais mal préparés à la gestion du temps et du stress», prévient Fayçal Hafidi. Il évoque, également, des erreurs fréquentes : «Réponses hors sujet, négligence du chronomètre, ou encore tentative de mémorisation sans compréhension, ce qui conduit inévitablement à l’échec».
En coaching scolaire, son approche est claire : «On analyse ces erreurs à partir des précédents contrôles et examens, puis on met en place des plans d’action pour les éviter».
Pour ceux que l’angoisse submerge, le fondateur de Learning Coach insiste sur l’importance de bien comprendre ce que l’on appelle communément le stress. «Le stress est un terme souvent mal utilisé. Il n’existe pas d’émotion appelée “stress” : l’émotion ressentie face à l’examen, c’est la peur.» Une peur qui, bien dosée, peut être un levier : «Elle stimule et met le corps en état de vigilance. Le problème survient lorsque cette peur, sans être identifiée, bascule dans la panique». Son conseil pour éviter ce basculement : «Il faut surveiller son langage intérieur, les mots que l’on utilise et les idées que l’on adopte face à l’épreuve. Plus ils sont teintés de catastrophisme, plus la peur s’amplifie». D’où l’importance d’une préparation fondée sur des éléments concrets : «Il faut s’appuyer sur des faits, évaluer objectivement ses capacités dans chaque matière, s’auto-évaluer dans des conditions réelles et se corriger comme le ferait l’examinateur. C’est le meilleur remède contre la panique».
Questions au fondateur et CEO de Learning Coach
Fayçal Hafidi : «Il est essentiel de dormir suffisamment, de maintenir une activité physique régulière et de s’accorder des moments de loisirs»

Quels conseils donnez-vous aux parents pour soutenir leurs enfants pendant cette période de révisions intenses ?
La période de préparation aux examens dans notre pays est excessivement longue. Elle engendre une fatigue importante et, surtout, de l’ennui. Trop de temps consacré à la préparation finit par nuire à son efficacité. Les parents doivent encourager leurs enfants à maintenir leurs activités parascolaires, sans leur faire croire que seule la préparation importe. De nombreuses heures sont perdues dans une révision oisive et peu productive. Les parents doivent également garder à l’esprit que ce qui compte, ce n’est pas tant la préparation que le résultat final, à savoir la note. Leur rôle doit se limiter à s’assurer que leur enfant est en mesure d’obtenir la note escomptée, nécessaire à la poursuite de son parcours. Il convient ensuite de laisser l’enfant choisir la méthode de préparation qui lui convient.
Comment concilier révisions, temps de repos et sommeil pour rester en forme mentalement et physiquement ?
La révision ne commence pas à l’approche des examens. C’est un mythe entretenu par le système scolaire, qui accorde un temps libre important avant les épreuves. Certaines écoles interrompent même les cours plusieurs semaines avant les examens ! En réalité, la révision devrait débuter dès le début de l’année scolaire et se poursuivre de manière régulière jusqu’au jour de l’épreuve. Les élèves ayant déjà passé plusieurs contrôles, leur niveau est déjà en grande partie établi. Il s’agit donc davantage de remédiation que de révision. Les universités devraient proposer des partiels pour que les étudiants puissent ajuster leur niveau avant les examens finaux. Malheureusement, le système actuel pousse nombre d’élèves et d’étudiants à reprendre leurs révisions depuis le début, comme si rien n’avait été acquis au cours de l’année. Cela engendre une pression excessive, incitant à réduire le sommeil et à cesser toute activité extérieure. Or, c’est contre-productif. Il est essentiel de dormir suffisamment, de maintenir une activité physique régulière et de s’accorder des moments de loisirs. Il faut garder à l’esprit que plus le temps de révision est limité, plus le cerveau est contraint d’être efficace et productif.
Que pensez-vous des révisions en groupe ? Sont-elles réellement bénéfiques ?
Oui, elles sont très bénéfiques pour une large majorité d’élèves. L’être humain est profondément social, et beaucoup d’élèves ou d’étudiants supportent mal la solitude. Le système éducatif actuel ne valorise pas suffisamment le travail de groupe. De plus, nos villes manquent de bibliothèques adaptées, et les élèves ne sont pas formés à ce mode de révision. Certaines initiatives de révisions collectives en ligne existent, et elles sont très positives. Nombreux sont ceux qui souffrent de démotivation, de procrastination ou de difficultés dans certaines matières. La présence d’un ou plusieurs camarades peut grandement aider à surmonter ces obstacles.
Avez-vous des recommandations pour bien gérer son temps le jour de l’examen ?
Tout d’abord, il est impératif de se munir d’une montre et de la placer bien en vue. Il faut ensuite répartir à l’avance le temps alloué à chaque partie de l’examen, en prévoyant une marge de 10 à 15 minutes avant la fin. Il est utile de se convaincre que la durée réelle de l’épreuve est inférieure de 15 minutes au temps imparti, afin de se réserver un moment pour relire et corriger ses réponses.
Quels rituels ou habitudes peuvent aider les élèves à se concentrer juste avant de passer l’épreuve ?
La pratique de la visualisation est un excellent rituel à adopter. Elle consiste à fermer les yeux et à s’imaginer en train de passer l’examen avec calme et assurance, en répondant sereinement à chaque question. Il existe également un exercice appelé Super Brain Yoga, facilement accessible sur YouTube, qui favorise l’oxygénation du cerveau et stimule l’énergie nécessaire à la concentration. Enfin, la respiration réduite – qui consiste à respirer lentement, avec de brèves pauses – permet d’accumuler légèrement le CO₂ dans le corps, améliorant ainsi l’irrigation du cerveau et la capacité de concentration.
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La surcharge visuelle liée aux révisions intensives et à l’usage accru des écrans est-elle nocive pour la santé visuelle des collégiens et lycéens ?
Oui, elle peut l’être. Pendant les périodes d’examen, les élèves sollicitent fortement leur vision de près : lecture prolongée, prise de notes, usage intensif de l’ordinateur ou de la tablette... Or, cette concentration visuelle intense n’est pas anodine. Lorsque les yeux restent focalisés sur une courte distance durant de longues périodes, les muscles oculaires – en particulier ceux impliqués dans l’accommodation et de la convergence – se fatiguent. Cela peut provoquer des maux de tête, une sensation de tension visuelle ou une vision floue passagère. L’exposition prolongée aux écrans accentue cette fatigue. En effet, on cligne moins souvent des yeux devant un écran, ce qui réduit l’hydratation naturelle de la surface oculaire. À long terme, cette surcharge peut également aggraver certaines fragilités préexistantes, comme une myopie débutante ou une mauvaise coordination des deux yeux. Chez les adolescents, il a été démontré que le manque d’exposition à la lumière naturelle, associé à un usage excessif des écrans en vision rapprochée, peut accélérer la progression de la myopie.
Quels sont les signes qui doivent alerter les élèves (ou leurs parents) pendant les révisions ?
Des maux de tête en fin de journée, une vision floue après quelques heures de révision, des yeux qui piquent ou qui brûlent, des difficultés à se concentrer sur un texte ou un écran... Autant de signaux qui peuvent traduire une fatigue visuelle excessive. À cela s’ajoutent parfois une photophobie légère, un besoin accru de cligner ou de frotter les yeux, et même des troubles du sommeil, surtout en cas d’exposition prolongée aux écrans avant le coucher. Si ces symptômes se manifestent de manière répétée, il est vivement recommandé de consulter un orthoptiste pour un bilan adapté.
Quels sont les gestes simples que les élèves peuvent adopter au quotidien pour reposer leurs yeux ?
Même en période de révision intense, il est possible de ménager sa vue grâce à quelques gestes simples, mais efficaces. La règle du 20/20/20 (lever les yeux toutes les 20 minutes vers un point situé à 6 mètres, pendant 20 secondes) aide à relâcher la tension oculaire.
Il est aussi conseillé de faire des pauses de 5 à 10 minutes toutes les 45 minutes de travail, de rester bien hydraté et de penser à cligner volontairement des yeux lors de l’usage des écrans, afin de préserver une bonne lubrification.
La posture a, également, son importance : il vaut mieux éviter de travailler allongé ou trop près de l’écran, en gardant une distance d’environ 40 cm.
Un éclairage bien dosé, sans reflets, contribue aussi au confort visuel, tout comme une exposition quotidienne à la lumière naturelle, bénéfique notamment pour prévenir la myopie chez les jeunes. Enfin, bannir les écrans en soirée, surtout avant le coucher, permet au cerveau et aux yeux de mieux récupérer.
Intégrées au quotidien, ces habitudes peuvent grandement améliorer la qualité des révisions tout en préservant la santé visuelle.