Dans un monde en accélération constante, marqué par l’incertitude géopolitique, les fractures sociales et les dérives technologiques, comment redonner du sens au sens ? C’est autour de cette interrogation que s’est construit le long échange entre Faouzi Skali, anthropologue, soufi et penseur spirituel, et le journaliste Rachid Hallaouy, lors de l’émission «L’Info en Face» du 19 mars, sur «Matin TV».
Face à cela, M. Skali plaide pour un temps de la réflexion, à rebours de la cadence effrénée imposée par les logiques économiques et technologiques. «On ne peut pas gouverner le monde dans l’impulsion», insiste-t-il tout en mettant en garde : «Les civilisations meurent du manque de sens. Et nous devons réapprendre à écouter, à transmettre, à ralentir.»
Citant Debord, Baudrillard ou encore Lipovetsky, Faouzi Skali rappelle que le vide de sens n’est pas nouveau, mais s’est intensifié avec la montée du spectacle, de l’image, et aujourd’hui de l’intelligence artificielle. Il dénonce d’ailleurs une forme d’«homme augmenté» détaché de toute transcendance, et alerte sur les risques du transhumanisme : «La technologie ne suffit pas, il faut une éthique, une sagesse, une vision. L’intelligence artificielle, sans sagesse, peut devenir une impasse. Nous avons besoin d’une vision humaine, éthique, spirituelle.» C’est pourquoi l’invité de «L’Info en Face» appelle à reconnecter les sphères politique, scientifique et spirituelle, pour fonder un avenir commun. Il plaide pour une intelligence collective, transdisciplinaire, réunissant anthropologues, philosophes, théologiens, économistes, autour d’un objectif : penser une société du sens.
Le rythme de vie actuel empêche la réflexion
Selon Faouzi Skali, l’un des maux fondamentaux de notre époque réside dans «le diktat de l’instantanéité». La société actuelle, dominée par la vitesse de l’information, les réseaux et l’instant, empêche la construction du sens. Il dénonce une époque «privée de recul», où la réaction immédiate prend le pas sur la pensée structurée. «Nous vivons dans une époque qui va trop vite, et cette vitesse empêche la construction du sens. C’est une réalité que nous vivons même aux niveaux individuels. L’information continue, l’instantanéité, le diktat ou la dictature de l’instant... des changements observés depuis un certain temps, mais aujourd’hui, ils agissent avec une force et un rythme tout à fait inégalés», explique l’anthropologue. Pour lui, le monde fonctionne de plus en plus sur l’impulsion, l’instantané, la réaction. Or, le sens se construit dans la durée.Face à cela, M. Skali plaide pour un temps de la réflexion, à rebours de la cadence effrénée imposée par les logiques économiques et technologiques. «On ne peut pas gouverner le monde dans l’impulsion», insiste-t-il tout en mettant en garde : «Les civilisations meurent du manque de sens. Et nous devons réapprendre à écouter, à transmettre, à ralentir.»
Crises multiples, perte de repères
L’anthropologue revient longuement sur les déséquilibres contemporains: montée des extrémismes, dérives identitaires, crise du droit international, retour de la force brute. Il évoque un monde où «les règles héritées de 1945 sont devenues obsolètes», tandis que les grandes puissances redéfinissent leurs sphères d’influence. Pour Skali, ce basculement s’accompagne d’une crise de la pensée et des valeurs, où la puissance a remplacé le dialogue, et où l’humanité risque de s’effacer derrière les intérêts stratégiques et technologiques.Citant Debord, Baudrillard ou encore Lipovetsky, Faouzi Skali rappelle que le vide de sens n’est pas nouveau, mais s’est intensifié avec la montée du spectacle, de l’image, et aujourd’hui de l’intelligence artificielle. Il dénonce d’ailleurs une forme d’«homme augmenté» détaché de toute transcendance, et alerte sur les risques du transhumanisme : «La technologie ne suffit pas, il faut une éthique, une sagesse, une vision. L’intelligence artificielle, sans sagesse, peut devenir une impasse. Nous avons besoin d’une vision humaine, éthique, spirituelle.» C’est pourquoi l’invité de «L’Info en Face» appelle à reconnecter les sphères politique, scientifique et spirituelle, pour fonder un avenir commun. Il plaide pour une intelligence collective, transdisciplinaire, réunissant anthropologues, philosophes, théologiens, économistes, autour d’un objectif : penser une société du sens.