Hajar E. avait 29 ans. Ce lundi 14 avril 2025, elle aurait soufflé ses trente bougies, entourée de ses proches. Le destin en a décidé autrement. Elle sera enterrée le jour même de son anniversaire dans sa ville natale de Khémisset, laissant derrière elle une famille anéantie et une communauté éducative profondément bouleversée. Le vendredi 28 mars, à quelques jours de l’Aïd Al-Fitr, en pleine journée et en pleine rue à Erfoud, cette jeune enseignante de langue française à l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) a subi une agression d’une extrême violence. Son agresseur n’était autre qu’un élève de 21 ans, mécontent d’une remarque disciplinaire à son encontre. L’arme utilisée : un «chakour», une hache rudimentaire. Transportée d’urgence dans un état critique à l’hôpital universitaire Hassan II de Fès, elle a lutté deux semaines avant de rendre l’âme le dimanche 13 avril à l’aube.
Ce drame a immédiatement suscité l’indignation générale dans tout le Maroc. Rapidement, les images filmées par des témoins et diffusées sur les réseaux sociaux ont provoqué un véritable choc. La brutalité de l’agression était telle que la victime gisait sur les lieux, assommée. Originaire de Khémisset, Hajar avait suivi un parcours académique exemplaire : d’abord étudiante en soins infirmiers, puis à l’École normale supérieure (ENS), avant de décrocher un master en éducation et littérature à la Faculté des sciences de l’éducation. L’enseignement était pour elle plus qu’une profession, une vocation ! En poste depuis 2021 à Erfoud, elle s’était engagée dans une région difficile, marquée par la précarité et les difficultés sociales, persuadée que l’éducation pouvait changer des vies. «Hajar était exemplaire, passionnée par son métier et très engagée auprès de ses élèves. Elle ne méritait absolument pas ce sort injuste», nous témoigne l’une de ses collègues, encore sous le choc.
Deux semaines avant le décès de Hajar, un groupe d’enseignantes affectées dans un douar près de Figuig a vu son logement de fonction entièrement réduit en cendres, dans un incendie aussi soudain que suspect. De retour de leur congé, elles ont retrouvé leur habitation ravagée, leurs affaires personnelles et professionnelles consumées par les flammes. Si aucun blessé n’est à déplorer, le traumatisme est profond. Ce type d’incident, qui survient fréquemment pendant les vacances scolaires selon plusieurs témoins, nourrit les soupçons d’un ciblage intentionnel des enseignants, dans l’indifférence quasi générale.
À Fqih Ben Salah, un professeur de mathématiques a été violemment agressé en pleine salle de classe, le 8 avril dernier, par l’un de ses élèves. L’enseignant a dû être évacué d’urgence à l’hôpital, déclenchant une vague d’indignation au sein du corps syndical local. Le syndicat de l’enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) a exprimé sa solidarité avec le professeur agressé, dénonçant une «montée inquiétante des violences contre les enseignants» et réclamant des mesures de protection immédiates. Quelques semaines plus tôt, à Khémisset cette fois-ci, un professeur de physique a, lui aussi, été pris à partie alors qu’il exerçait ses fonctions. Là encore, la scène s’est déroulée en plein cours, déclenchant l’indignation de la section locale de l’Organisation démocratique de l’enseignement (ODE). Cette dernière a qualifié l’agression de «grave atteinte à la dignité et à l’autorité des enseignants» et a demandé l’ouverture d’une enquête rapide, ainsi que la mise en place de mesures structurelles pour enrayer ce phénomène de plus en plus fréquent. Ces faits, épars mais convergents, traduisent un malaise profond : celui d’une école marocaine où les enseignants, pourtant piliers du système éducatif, exercent souvent dans des conditions précaires et dangereuses. Ils sont aujourd’hui nombreux à se sentir abandonnés par leur hiérarchie, sans moyens de se défendre dans un climat d’impunité qui alimente la spirale de la violence.
Ce drame a immédiatement suscité l’indignation générale dans tout le Maroc. Rapidement, les images filmées par des témoins et diffusées sur les réseaux sociaux ont provoqué un véritable choc. La brutalité de l’agression était telle que la victime gisait sur les lieux, assommée. Originaire de Khémisset, Hajar avait suivi un parcours académique exemplaire : d’abord étudiante en soins infirmiers, puis à l’École normale supérieure (ENS), avant de décrocher un master en éducation et littérature à la Faculté des sciences de l’éducation. L’enseignement était pour elle plus qu’une profession, une vocation ! En poste depuis 2021 à Erfoud, elle s’était engagée dans une région difficile, marquée par la précarité et les difficultés sociales, persuadée que l’éducation pouvait changer des vies. «Hajar était exemplaire, passionnée par son métier et très engagée auprès de ses élèves. Elle ne méritait absolument pas ce sort injuste», nous témoigne l’une de ses collègues, encore sous le choc.
La violence en milieu scolaire, une réalité alarmante
Le drame qui a coûté la vie à Hajar n’est malheureusement pas un cas isolé. Selon une étude conjointe de l’Unicef et du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), 69% des violences scolaires se déroulent à l’intérieur même des établissements. Près d’un quart des élèves interrogés affirment avoir été impliqués dans des actes de violence physique en milieu scolaire. Mais ce ne sont pas uniquement les élèves qui en sont victimes. Les enseignants, eux aussi, paient un lourd tribut à cette insécurité croissante. La tragédie d’Erfoud a ravivé un sentiment d’abandon largement partagé dans les rangs du corps enseignant. Sur les réseaux sociaux, les témoignages abondent, révélant un quotidien marqué par les insultes, les menaces, les agressions verbales ou physiques. Un climat délétère, qui semble s’aggraver, en particulier dans les zones rurales.Deux semaines avant le décès de Hajar, un groupe d’enseignantes affectées dans un douar près de Figuig a vu son logement de fonction entièrement réduit en cendres, dans un incendie aussi soudain que suspect. De retour de leur congé, elles ont retrouvé leur habitation ravagée, leurs affaires personnelles et professionnelles consumées par les flammes. Si aucun blessé n’est à déplorer, le traumatisme est profond. Ce type d’incident, qui survient fréquemment pendant les vacances scolaires selon plusieurs témoins, nourrit les soupçons d’un ciblage intentionnel des enseignants, dans l’indifférence quasi générale.
À Fqih Ben Salah, un professeur de mathématiques a été violemment agressé en pleine salle de classe, le 8 avril dernier, par l’un de ses élèves. L’enseignant a dû être évacué d’urgence à l’hôpital, déclenchant une vague d’indignation au sein du corps syndical local. Le syndicat de l’enseignement affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT) a exprimé sa solidarité avec le professeur agressé, dénonçant une «montée inquiétante des violences contre les enseignants» et réclamant des mesures de protection immédiates. Quelques semaines plus tôt, à Khémisset cette fois-ci, un professeur de physique a, lui aussi, été pris à partie alors qu’il exerçait ses fonctions. Là encore, la scène s’est déroulée en plein cours, déclenchant l’indignation de la section locale de l’Organisation démocratique de l’enseignement (ODE). Cette dernière a qualifié l’agression de «grave atteinte à la dignité et à l’autorité des enseignants» et a demandé l’ouverture d’une enquête rapide, ainsi que la mise en place de mesures structurelles pour enrayer ce phénomène de plus en plus fréquent. Ces faits, épars mais convergents, traduisent un malaise profond : celui d’une école marocaine où les enseignants, pourtant piliers du système éducatif, exercent souvent dans des conditions précaires et dangereuses. Ils sont aujourd’hui nombreux à se sentir abandonnés par leur hiérarchie, sans moyens de se défendre dans un climat d’impunité qui alimente la spirale de la violence.