Avec l’arrivée de l’hiver, les maladies respiratoires s’invitent partout : rhumes, grippes, toux persistantes, difficile d’y échapper. En cette saison, les virus respiratoires trouvent un terrain idéal pour se propager, favorisés par les températures basses, les espaces clos mal ventilés et une vie en intérieur plus marquée.
Chaque année, un sentiment général se répand : les symptômes semblent devenir de plus en plus sévères. Mais cette impression est-elle fondée ? Sommes-nous réellement confrontés à des formes plus agressives de ces infections ?
Les spécialistes, que nous avons contactés, pour tenter de répondre à cette question se veulent tous rassurants. Ils insistent sur l’absence de signes alarmants cette année. Selon eux, la situation reste comparable aux saisons précédentes, sans hausse inhabituelle de la gravité ou de la fréquence des infections respiratoires. «Comme chaque saison de froid, les virus respiratoires saisonniers circulent habituellement au Maroc, à l’instar de nombreux autres pays. Cette année ne présente pas de nouveautés ni de situation inhabituelle. Notre système de veille épidémiologique confirme la présence de la grippe, du rhinovirus ainsi que du Sars-CoV-2. Par ailleurs, d’autres virus, tels que le métapneumovirus humain (HMPV), sont également détectés, mais à des niveaux faibles, comme c’est généralement le cas en cette période», déclare Dr Mouad Mrabet coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la Santé.
Même son de cloche chez Pr Saïd Motaouakkil, médecin-anesthésiste réanimateur, qui confirme que la situation actuelle s’inscrit parfaitement dans le cadre habituel des infections respiratoires hivernales. «Les virus à tropisme respiratoire sont les plus fréquents durant cette période hivernale marquée par le froid et l'humidité. Parmi eux, on retrouve : le virus de la grippe, particulièrement répandu actuellement dans le monde, les virus responsables des rhumes, le virus respiratoire syncytial (VRS), le virus de la Covid-19, ainsi que le métapneumovirus humain (HMPV), dont la circulation reste plus limitée», affirme-t-il.
«Sur le plan clinique, ces virus provoquent des symptômes similaires : fièvre, toux sèche, fatigue, douleurs articulaires et mal de gorge», explique le médecin. Et de préciser que «dans certains cas, l'infection peut atteindre les poumons en profondeur, entraînant une dyspnée. Cette complication peut évoluer vers une insuffisance respiratoire nécessitant une prise en charge en réanimation. Pour établir un diagnostic, nous disposons d'examens de laboratoire capables d’identifier le virus en cause, et ces examens sont disponibles au Maroc».
Concernant le traitement, Pr Motaouakkil souligne que celui-ci repose principalement sur un traitement symptomatique, incluant des antipyrétiques pour la fièvre, des analgésiques pour les douleurs et une supplémentation en vitamines. Il existe également des traitements antiviraux pour la grippe et la Covid-19, mais il n’existe pas encore de traitement antiviral spécifique contre le métapneumovirus humain (HMPV). «Ce virus, découvert en 2001, est connu pour circuler depuis plus de 50 ans, comme en témoignent les analyses de sérums d'anciens malades. En Chine, il n’y a pas de situation d’urgence sanitaire liée à ce virus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) surveille néanmoins la situation épidémiologique, sans pour autant émettre de recommandations spécifiques pour le moment», indique l’expert.
Les personnes les plus sensibles et susceptibles de développer des formes graves de ces infections sont évidemment les enfants en bas âge, les personnes âgées de plus de 65 ans, les patients souffrant de maladies chroniques, ainsi que ceux présentant un déficit immunitaire. «Il est important de rester vigilant face à ces infections, tout en gardant à l’esprit qu’elles restent sous contrôle», rassure Pr Motaouakkil.
Certains variants du Sars-CoV-2 peuvent présenter une contagiosité accrue, bien que leur virulence soit souvent moindre grâce à la vaccination.
Pour la grippe, la souche H1N1 prédomine, avec une symptomatologie classique, mais parfois prolongée chez les patients à risque.
La co-infection par plusieurs virus (grippe, Covid-19, autres infections respiratoires) entraîne-t-elle des complications spécifiques cette année ?
La co-infection par plusieurs virus est possible et peut entraîner une symptomatologie plus sévère, notamment chez les personnes âgées, les enfants, et les patients immunodéprimés.
Une co-infection par plusieurs virus peut aussi causer une charge inflammatoire accrue, augmentant le risque de complications comme les pneumonies.
Au Maroc, où l’accès rapide aux soins peut être limité dans certaines régions, ces co-infections doivent être surveillées de près.
Comment les mutations ou l’apparition de nouveaux variants influent-elles sur la propagation et la gravité des épidémies ?
Les mutations virales, en particulier pour le Sars-CoV-2, peuvent faciliter une propagation plus rapide (augmentation de la transmissibilité), et influencer la réponse immunitaire et diminuer l’efficacité des vaccins ou traitements existants. Cependant, les vaccins disponibles au Maroc, notamment pour la grippe et la Covid-19, restent efficaces pour réduire les formes graves, même en cas de nouveaux variants.
Quels sont les symptômes à surveiller pour identifier rapidement les infections virales courantes en hiver, et quand faut-il consulter un professionnel de santé ?
Chaque virus provoque des symptômes spécifiques à son infection. Par exemple pour la grippe, on peut avoir de la fièvre élevée, fatigue, douleurs musculaires et toux sèche, pour la Covid-19 c’est généralement de la fièvre, toux, maux de gorge, perte de goût/odorat... et pour le VRS, une congestion nasale, toux, et difficulté respiratoire surtout chez les enfants.
Il faut absolument consulter si la fièvre dépasse 39 °C ou persiste plus de 3 jours. Il est aussi urgent de se rendre chez le médecin en cas de difficulté respiratoire, cyanose ou fatigue excessive. Pour les enfants, une consultation rapide est nécessaire dès l’apparition de signes de déshydratation, de respiration rapide ou d’altération de l’état général.
Les traitements disponibles pour les infections virales saisonnières en hiver sont-ils réellement efficaces ?
Pour les infections virales courantes comme la grippe, les antiviraux comme l’oseltamivir sont efficaces lorsqu’ils sont administrés tôt (dans les 48 premières heures). Les traitements symptomatiques (antipyrétiques, hydratation) restent essentiels. Pour la Covid-19, les antiviraux spécifiques et les anticorps monoclonaux sont réservés aux cas graves ou aux patients à risque. Il est à noter tout de même qu’aucun traitement antiviral n’est totalement curatif pour les nouveaux variants ou mutations. La vaccination demeure le meilleur outil de prévention.
Quelles mesures spécifiques doit-on prendre pour se protéger ?
Pour se protéger cet hiver, il est recommandé de se faire vacciner contre la grippe et la Covid-19, particulièrement pour les groupes à risque (enfants, personnes âgées, femmes enceintes). Sans oublier les mesures barrières comme le port du masque dans les lieux fermés ou bondés, le lavage fréquent des mains et la distanciation sociale. Il faut également renforcer l’immunité grâce à une alimentation équilibrée riche en vitamines (C, D), une hydratation adéquate et un sommeil suffisant.
Chaque année, un sentiment général se répand : les symptômes semblent devenir de plus en plus sévères. Mais cette impression est-elle fondée ? Sommes-nous réellement confrontés à des formes plus agressives de ces infections ?
Les spécialistes, que nous avons contactés, pour tenter de répondre à cette question se veulent tous rassurants. Ils insistent sur l’absence de signes alarmants cette année. Selon eux, la situation reste comparable aux saisons précédentes, sans hausse inhabituelle de la gravité ou de la fréquence des infections respiratoires. «Comme chaque saison de froid, les virus respiratoires saisonniers circulent habituellement au Maroc, à l’instar de nombreux autres pays. Cette année ne présente pas de nouveautés ni de situation inhabituelle. Notre système de veille épidémiologique confirme la présence de la grippe, du rhinovirus ainsi que du Sars-CoV-2. Par ailleurs, d’autres virus, tels que le métapneumovirus humain (HMPV), sont également détectés, mais à des niveaux faibles, comme c’est généralement le cas en cette période», déclare Dr Mouad Mrabet coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la Santé.
Même son de cloche chez Pr Saïd Motaouakkil, médecin-anesthésiste réanimateur, qui confirme que la situation actuelle s’inscrit parfaitement dans le cadre habituel des infections respiratoires hivernales. «Les virus à tropisme respiratoire sont les plus fréquents durant cette période hivernale marquée par le froid et l'humidité. Parmi eux, on retrouve : le virus de la grippe, particulièrement répandu actuellement dans le monde, les virus responsables des rhumes, le virus respiratoire syncytial (VRS), le virus de la Covid-19, ainsi que le métapneumovirus humain (HMPV), dont la circulation reste plus limitée», affirme-t-il.
«Sur le plan clinique, ces virus provoquent des symptômes similaires : fièvre, toux sèche, fatigue, douleurs articulaires et mal de gorge», explique le médecin. Et de préciser que «dans certains cas, l'infection peut atteindre les poumons en profondeur, entraînant une dyspnée. Cette complication peut évoluer vers une insuffisance respiratoire nécessitant une prise en charge en réanimation. Pour établir un diagnostic, nous disposons d'examens de laboratoire capables d’identifier le virus en cause, et ces examens sont disponibles au Maroc».
Concernant le traitement, Pr Motaouakkil souligne que celui-ci repose principalement sur un traitement symptomatique, incluant des antipyrétiques pour la fièvre, des analgésiques pour les douleurs et une supplémentation en vitamines. Il existe également des traitements antiviraux pour la grippe et la Covid-19, mais il n’existe pas encore de traitement antiviral spécifique contre le métapneumovirus humain (HMPV). «Ce virus, découvert en 2001, est connu pour circuler depuis plus de 50 ans, comme en témoignent les analyses de sérums d'anciens malades. En Chine, il n’y a pas de situation d’urgence sanitaire liée à ce virus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) surveille néanmoins la situation épidémiologique, sans pour autant émettre de recommandations spécifiques pour le moment», indique l’expert.
Les personnes les plus sensibles et susceptibles de développer des formes graves de ces infections sont évidemment les enfants en bas âge, les personnes âgées de plus de 65 ans, les patients souffrant de maladies chroniques, ainsi que ceux présentant un déficit immunitaire. «Il est important de rester vigilant face à ces infections, tout en gardant à l’esprit qu’elles restent sous contrôle», rassure Pr Motaouakkil.
Entretien avec Dr Ayman Aït Haj Kaddour, médecin conférencier
Le Matin : Les virus circulant cet hiver présentent-ils des particularités en termes de transmission, de virulence ou de durée des symptômes par rapport aux saisons précédentes ?
Dr Ayman Aït Haj Kaddour :
Certains variants du Sars-CoV-2 peuvent présenter une contagiosité accrue, bien que leur virulence soit souvent moindre grâce à la vaccination.
Pour la grippe, la souche H1N1 prédomine, avec une symptomatologie classique, mais parfois prolongée chez les patients à risque.
La co-infection par plusieurs virus (grippe, Covid-19, autres infections respiratoires) entraîne-t-elle des complications spécifiques cette année ?
La co-infection par plusieurs virus est possible et peut entraîner une symptomatologie plus sévère, notamment chez les personnes âgées, les enfants, et les patients immunodéprimés.
Une co-infection par plusieurs virus peut aussi causer une charge inflammatoire accrue, augmentant le risque de complications comme les pneumonies.
Au Maroc, où l’accès rapide aux soins peut être limité dans certaines régions, ces co-infections doivent être surveillées de près.
Comment les mutations ou l’apparition de nouveaux variants influent-elles sur la propagation et la gravité des épidémies ?
Les mutations virales, en particulier pour le Sars-CoV-2, peuvent faciliter une propagation plus rapide (augmentation de la transmissibilité), et influencer la réponse immunitaire et diminuer l’efficacité des vaccins ou traitements existants. Cependant, les vaccins disponibles au Maroc, notamment pour la grippe et la Covid-19, restent efficaces pour réduire les formes graves, même en cas de nouveaux variants.
Quels sont les symptômes à surveiller pour identifier rapidement les infections virales courantes en hiver, et quand faut-il consulter un professionnel de santé ?
Chaque virus provoque des symptômes spécifiques à son infection. Par exemple pour la grippe, on peut avoir de la fièvre élevée, fatigue, douleurs musculaires et toux sèche, pour la Covid-19 c’est généralement de la fièvre, toux, maux de gorge, perte de goût/odorat... et pour le VRS, une congestion nasale, toux, et difficulté respiratoire surtout chez les enfants.
Il faut absolument consulter si la fièvre dépasse 39 °C ou persiste plus de 3 jours. Il est aussi urgent de se rendre chez le médecin en cas de difficulté respiratoire, cyanose ou fatigue excessive. Pour les enfants, une consultation rapide est nécessaire dès l’apparition de signes de déshydratation, de respiration rapide ou d’altération de l’état général.
Les traitements disponibles pour les infections virales saisonnières en hiver sont-ils réellement efficaces ?
Pour les infections virales courantes comme la grippe, les antiviraux comme l’oseltamivir sont efficaces lorsqu’ils sont administrés tôt (dans les 48 premières heures). Les traitements symptomatiques (antipyrétiques, hydratation) restent essentiels. Pour la Covid-19, les antiviraux spécifiques et les anticorps monoclonaux sont réservés aux cas graves ou aux patients à risque. Il est à noter tout de même qu’aucun traitement antiviral n’est totalement curatif pour les nouveaux variants ou mutations. La vaccination demeure le meilleur outil de prévention.
Quelles mesures spécifiques doit-on prendre pour se protéger ?
Pour se protéger cet hiver, il est recommandé de se faire vacciner contre la grippe et la Covid-19, particulièrement pour les groupes à risque (enfants, personnes âgées, femmes enceintes). Sans oublier les mesures barrières comme le port du masque dans les lieux fermés ou bondés, le lavage fréquent des mains et la distanciation sociale. Il faut également renforcer l’immunité grâce à une alimentation équilibrée riche en vitamines (C, D), une hydratation adéquate et un sommeil suffisant.