Le Matin : Votre projet s’intitule «La poussière dans les chocs : le maillon manquant dans les rétroactions des noyaux galactiques actifs (AGN)». Pouvez-vous nous expliquer, en termes simples, ce que sont les AGN et pourquoi leur étude est-elle cruciale pour notre compréhension de l'univers ?
Houda Haidar : Les trous noirs supermassifs, ces géants cosmiques tapis au cœur de la plupart des galaxies, y compris la Voie lactée, dévorent tout ce qui s'aventure trop près : étoiles, comètes, planètes... Mais lorsqu'ils atteignent leurs limites et ne peuvent plus rien absorber, ils libèrent une immense quantité d'énergie. C'est à ce moment-là qu'ils deviennent des noyaux galactiques actifs. On les appelle ainsi parce qu'ils siègent au centre des galaxies et émettent d'intenses jets lumineux, parfois plus brillants que l'ensemble des étoiles qui les entourent.
Qu'est-ce qui vous a motivée à vous spécialiser dans l'étude des trous noirs supermassifs et de la poussière près de ces phénomènes ?
Pour moi, la poussière est l'élément clé de l'Univers. C'est à partir d'elle que naissent les étoiles, les planètes, les galaxies et tout ce qui les relie. Elle joue aussi un rôle essentiel dans l'émergence de la vie telle que nous la connaissons, en fournissant de nombreux éléments fondamentaux, y compris l'eau ! Près des trous noirs supermassifs, la poussière devient un précieux indicateur, permettant de suivre leur budget énergétique et d’analyser leur influence sur leur environnement.
Qu'est-ce qui distingue votre recherche de celles menées jusqu'à présent sur la poussière et les trous noirs supermassifs ?
Lorsqu’un trou noir supermassif projette un jet puissant, celui-ci traverse le gaz et la poussière environnants, provoquant une onde de choc. Théoriquement, ces chocs devraient détruire la poussière. Pourtant, mes recherches ont révélé que, dans certains cas, elle peut non seulement survivre, mais aussi être illuminée par l’impact. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives sur le comportement de la poussière dans des environnements extrêmes. Grâce aux données du télescope spatial «James Webb», nous pourrons mieux comprendre les mécanismes physiques à l’œuvre.
Quels sont les défis principaux que vous avez rencontrés pour développer votre proposition et obtenir du temps d'observation avec le télescope spatial James Webb ?
L’été dernier, j’ai publié des résultats préliminaires montrant que la poussière pouvait survivre aux chocs près d’un trou noir supermassif situé à 70 millions d’années-lumière. Pour approfondir cette découverte, j’ai exploré les archives du télescope spatial «James Webb» à la recherche de données similaires, mais sans succès. C’est alors que j’ai compris qu’il me fallait proposer de nouvelles observations et soumettre une demande de temps d’observation. Mon idée était solide et originale, mais elle nécessitait des données adaptées pour être exploitée pleinement. Le plus grand défi a été de choisir quels trous noirs supermassifs cibler : un choix crucial, nécessitant de prendre en compte de nombreux facteurs pour que ma proposition soit à la fois scientifiquement pertinente et réalisable dans le cadre du «JWST».
À votre avis, quelles découvertes pourraient découler de vos recherches sur la poussière dans les environnements proches des trous noirs supermassifs, et comment ces découvertes pourraient-elles faire progresser notre compréhension de l'astrophysique ?
Si nous parvenons à confirmer que la poussière survit aux chocs et à comprendre comment ses propriétés – taille des grains, température, composition – évoluent, nous ouvrirons une nouvelle perspective sur le cycle de vie de la poussière cosmique. C'est une avancée majeure, car cette poussière est essentielle à la formation des étoiles, à la chimie interstellaire et à l’équilibre thermique des galaxies. De plus, puisque les galaxies et leurs trous noirs centraux semblent croître et évoluer ensemble, établir ce lien pourrait révolutionner notre compréhension de l’évolution galactique.
Quels sont vos objectifs à long terme en tant que chercheuse dans ce domaine, et comment voyez-vous l'évolution de la recherche sur les trous noirs supermassifs dans les prochaines années ?
Actuellement, mon travail se concentre sur la réalisation de simulations pour mieux comprendre le comportement de la poussière dans les environnements extrêmes autour des trous noirs supermassifs. Les observations du «JWST» révèlent des découvertes fascinantes, mais pour saisir pleinement la physique sous-jacente, il est essentiel de disposer de modèles expliquant comment la poussière interagit avec les chocs et les rétroactions. Mon objectif à long terme est de combiner simulations et observations afin d’obtenir une vision plus complète de ce phénomène.
La recherche sur les trous noirs supermassifs entre, selon moi, dans une nouvelle ère, notamment grâce au «JWST». Pour la première fois, nous pouvons observer les trous noirs les plus éloignés, formés seulement quelques centaines de millions d’années après le «Big Bang». Dans les années à venir, le domaine se concentrera probablement sur la traçabilité des tout premiers «germes» de trous noirs supermassifs. Comprendre leur formation est une clé essentielle pour percer le mystère de la structuration de l’Univers. C’est l’une des grandes questions de l’astrophysique contemporaine, et c’est une période passionnante pour y contribuer.
Houda Haidar : Les trous noirs supermassifs, ces géants cosmiques tapis au cœur de la plupart des galaxies, y compris la Voie lactée, dévorent tout ce qui s'aventure trop près : étoiles, comètes, planètes... Mais lorsqu'ils atteignent leurs limites et ne peuvent plus rien absorber, ils libèrent une immense quantité d'énergie. C'est à ce moment-là qu'ils deviennent des noyaux galactiques actifs. On les appelle ainsi parce qu'ils siègent au centre des galaxies et émettent d'intenses jets lumineux, parfois plus brillants que l'ensemble des étoiles qui les entourent.
Qu'est-ce qui vous a motivée à vous spécialiser dans l'étude des trous noirs supermassifs et de la poussière près de ces phénomènes ?
Pour moi, la poussière est l'élément clé de l'Univers. C'est à partir d'elle que naissent les étoiles, les planètes, les galaxies et tout ce qui les relie. Elle joue aussi un rôle essentiel dans l'émergence de la vie telle que nous la connaissons, en fournissant de nombreux éléments fondamentaux, y compris l'eau ! Près des trous noirs supermassifs, la poussière devient un précieux indicateur, permettant de suivre leur budget énergétique et d’analyser leur influence sur leur environnement.
Qu'est-ce qui distingue votre recherche de celles menées jusqu'à présent sur la poussière et les trous noirs supermassifs ?
Lorsqu’un trou noir supermassif projette un jet puissant, celui-ci traverse le gaz et la poussière environnants, provoquant une onde de choc. Théoriquement, ces chocs devraient détruire la poussière. Pourtant, mes recherches ont révélé que, dans certains cas, elle peut non seulement survivre, mais aussi être illuminée par l’impact. Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives sur le comportement de la poussière dans des environnements extrêmes. Grâce aux données du télescope spatial «James Webb», nous pourrons mieux comprendre les mécanismes physiques à l’œuvre.
Quels sont les défis principaux que vous avez rencontrés pour développer votre proposition et obtenir du temps d'observation avec le télescope spatial James Webb ?
L’été dernier, j’ai publié des résultats préliminaires montrant que la poussière pouvait survivre aux chocs près d’un trou noir supermassif situé à 70 millions d’années-lumière. Pour approfondir cette découverte, j’ai exploré les archives du télescope spatial «James Webb» à la recherche de données similaires, mais sans succès. C’est alors que j’ai compris qu’il me fallait proposer de nouvelles observations et soumettre une demande de temps d’observation. Mon idée était solide et originale, mais elle nécessitait des données adaptées pour être exploitée pleinement. Le plus grand défi a été de choisir quels trous noirs supermassifs cibler : un choix crucial, nécessitant de prendre en compte de nombreux facteurs pour que ma proposition soit à la fois scientifiquement pertinente et réalisable dans le cadre du «JWST».
À votre avis, quelles découvertes pourraient découler de vos recherches sur la poussière dans les environnements proches des trous noirs supermassifs, et comment ces découvertes pourraient-elles faire progresser notre compréhension de l'astrophysique ?
Si nous parvenons à confirmer que la poussière survit aux chocs et à comprendre comment ses propriétés – taille des grains, température, composition – évoluent, nous ouvrirons une nouvelle perspective sur le cycle de vie de la poussière cosmique. C'est une avancée majeure, car cette poussière est essentielle à la formation des étoiles, à la chimie interstellaire et à l’équilibre thermique des galaxies. De plus, puisque les galaxies et leurs trous noirs centraux semblent croître et évoluer ensemble, établir ce lien pourrait révolutionner notre compréhension de l’évolution galactique.
Quels sont vos objectifs à long terme en tant que chercheuse dans ce domaine, et comment voyez-vous l'évolution de la recherche sur les trous noirs supermassifs dans les prochaines années ?
Actuellement, mon travail se concentre sur la réalisation de simulations pour mieux comprendre le comportement de la poussière dans les environnements extrêmes autour des trous noirs supermassifs. Les observations du «JWST» révèlent des découvertes fascinantes, mais pour saisir pleinement la physique sous-jacente, il est essentiel de disposer de modèles expliquant comment la poussière interagit avec les chocs et les rétroactions. Mon objectif à long terme est de combiner simulations et observations afin d’obtenir une vision plus complète de ce phénomène.
La recherche sur les trous noirs supermassifs entre, selon moi, dans une nouvelle ère, notamment grâce au «JWST». Pour la première fois, nous pouvons observer les trous noirs les plus éloignés, formés seulement quelques centaines de millions d’années après le «Big Bang». Dans les années à venir, le domaine se concentrera probablement sur la traçabilité des tout premiers «germes» de trous noirs supermassifs. Comprendre leur formation est une clé essentielle pour percer le mystère de la structuration de l’Univers. C’est l’une des grandes questions de l’astrophysique contemporaine, et c’est une période passionnante pour y contribuer.