Il est 19 h, et le centre de gaming «Next Level», en plein cœur du quartier Agdal à Rabat, affiche complet. Casques vissés sur les oreilles, doigts agiles sur les manettes, une vingtaine de jeunes gamers, filles et garçons, sont plongés dans des univers virtuels où stratégie et rapidité d’exécution font la différence. Loin d’être une simple distraction, le gaming est en train de s’imposer comme une véritable industrie au Maroc, avec des ambitions qui dépassent le cadre du loisir.
Si autrefois le jeu vidéo se limitait à un passe-temps solitaire ou entre amis, aujourd’hui, il est devenu un véritable phénomène social et économique. Des compétitions d’e-sport aux formations spécialisées en développement de jeux vidéo, en passant par des projets de studios «Made in Morocco», le Royaume accélère sa transition vers une industrie du gaming plus structurée et compétitive à l’international.
«Avec mon équipe, nous avons pour ambition de créer une véritable pépinière de champions», explique-t-il. Son projet de coaching, mené en partenariat avec l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma (ISMAC), vise à fournir aux jeunes talents un encadrement adapté dès
leurs débuts.
Cette évolution vers la professionnalisation du gaming au Maroc est encouragée par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, qui a lancé une stratégie nationale de développement de l’industrie du gaming. Objectif : transformer cette passion en une véritable opportunité économique et professionnelle.
Mais l’initiative la plus ambitieuse reste la construction d’une cité du gaming à Rabat, dont les travaux devraient débuter en février 2025. D’autres infrastructures similaires verront le jour à Casablanca et dans plusieurs régions du Royaume.
«L’idée de créer une cité dédiée au gaming est dictée par la particularité de cette communauté. Les développeurs et les professionnels du secteur ont besoin d’un cadre propice à leur activité, qui ne peut pas être exercée dans un bâtiment classique», explique Nissrine Souissi, chargée du Développement de l’industrie du gaming au ministère, dans un entretien accordé à la «MAP».
Cette cité accueillera des studios de création, des espaces de formation et des bureaux pour les entreprises marocaines et internationales du secteur. Son objectif : offrir un cadre adapté pour favoriser l’émergence d’un écosystème compétitif et attractif à l’échelle mondiale.
De son côté, Issam Chentoui, également bénéficiaire du programme, développe un jeu vidéo inspiré de l’architecture et des monuments historiques de Marrakech. «Ce projet, né sur les bancs du lycée, a pris forme grâce à une auto-formation en programmation et en animation 3D», explique-t-il.
Pour Abdessamad Gharis, chargé de mission à l’Université Internationale de Rabat (UIR), cette initiative répond à un triple enjeu, à savoir développer des compétences locales de point, créer de nouvelles opportunités d’emploi et structurer un véritable écosystème gaming au Maroc. Il insiste, également, sur les débordements du gaming vers d’autres industries. «Les formations dans ce domaine ne se limitent pas au jeu vidéo. Elles ouvrent aussi des perspectives dans des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique ou la médecine, où la modélisation et la simulation sont essentielles», précise-t-il. L’une des forces du gaming est son potentiel en matière de soft power et de rayonnement culturel. Pour Nissrine Souissi, «les jeunes Marocains sont déjà en train de promouvoir notre culture. Lors de nos rencontres avec eux, nous avons constaté une touche marocaine dans leurs créations, tant au niveau des décors que des tenues traditionnelles comme la Jellaba et le Caftan».
Un point de vue partagé par Karin Houpillart, directrice de l’École ISART Digital en France, qui considère que le Maroc dispose d’atouts culturels, artistiques et historiques indéniables pour se démarquer sur la scène internationale. «Le public est toujours en quête de nouveauté. C’est un formidable vecteur d’investissement et de développement pour le rayonnement de la culture marocaine à l’international», affirme-t-elle. Toutefois, elle nuance : «Encore faut-il être en mesure d’internationaliser le produit. C’est là tout l’enjeu pour les jeunes créateurs marocains s’ils veulent rayonner en dehors des frontières.»
Pour elle, l’avenir du gaming marocain dépendra de la capacité des jeunes développeurs à s’adapter aux évolutions technologiques et à s’imposer sur le marché international.
Pour Badr El Bardaï, l’ambition est claire : «Je veux devenir le meilleur gamer au Maroc et dans la région, et me forger une réputation sur la scène mondiale.»
L’histoire du gaming marocain ne fait que commencer, et l’avenir de cette industrie repose désormais entre les mains de ses talents émergents, ses créateurs de jeux et ses entrepreneurs du numérique.
Avec des infrastructures en développement, une communauté dynamique et une stratégie nationale bien définie, le Maroc est en train de se positionner comme un acteur majeur du gaming en Afrique et au-delà. L’enjeu est désormais de transformer cet élan en une véritable industrie compétitive et durable.
Si autrefois le jeu vidéo se limitait à un passe-temps solitaire ou entre amis, aujourd’hui, il est devenu un véritable phénomène social et économique. Des compétitions d’e-sport aux formations spécialisées en développement de jeux vidéo, en passant par des projets de studios «Made in Morocco», le Royaume accélère sa transition vers une industrie du gaming plus structurée et compétitive à l’international.
L’essor de l’e-sport chez les gamers marocains
Dans cet univers effervescent, Badr El Bardaï, 22 ans, s’impose comme l’un des visages du gaming marocain. Passionné depuis l’âge de 10 ans, il cumule déjà plusieurs victoires en compétitions nationales et internationales. La plus récente à «University Masters Tournament» à Dubaï en juillet dernier, où il a représenté le Maroc avec son équipe, les «VoidWalkers».«Avec mon équipe, nous avons pour ambition de créer une véritable pépinière de champions», explique-t-il. Son projet de coaching, mené en partenariat avec l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma (ISMAC), vise à fournir aux jeunes talents un encadrement adapté dès
leurs débuts.
Cette évolution vers la professionnalisation du gaming au Maroc est encouragée par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, qui a lancé une stratégie nationale de développement de l’industrie du gaming. Objectif : transformer cette passion en une véritable opportunité économique et professionnelle.
Une industrie en construction
Le ministère a multiplié les initiatives pour structurer l’écosystème gaming marocain. Parmi elles, le «Morocco Gaming Expo», un événement phare qui a connu une première édition en mai 2024 à Rabat sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Cette plateforme a rassemblé des investisseurs étrangers et des experts du secteur pour explorer les opportunités du marché marocain, estimé à 2,24 milliards de dirhams.Mais l’initiative la plus ambitieuse reste la construction d’une cité du gaming à Rabat, dont les travaux devraient débuter en février 2025. D’autres infrastructures similaires verront le jour à Casablanca et dans plusieurs régions du Royaume.
«L’idée de créer une cité dédiée au gaming est dictée par la particularité de cette communauté. Les développeurs et les professionnels du secteur ont besoin d’un cadre propice à leur activité, qui ne peut pas être exercée dans un bâtiment classique», explique Nissrine Souissi, chargée du Développement de l’industrie du gaming au ministère, dans un entretien accordé à la «MAP».
Cette cité accueillera des studios de création, des espaces de formation et des bureaux pour les entreprises marocaines et internationales du secteur. Son objectif : offrir un cadre adapté pour favoriser l’émergence d’un écosystème compétitif et attractif à l’échelle mondiale.
Formation des talents de demain
L’un des piliers de cette transformation repose sur la formation. Le programme «Video Game Creator», lancé en partenariat avec la France, a déjà suscité plus de 2.100 candidatures, dont 35% de femmes. Des jeunes comme Zhor El Hamdouchi, diplômée de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguérir, incarnent cette nouvelle génération de développeurs marocains. «Mon projet de carrière est de monter mon propre studio de création de jeux vidéo 3D», confie-t-elle.De son côté, Issam Chentoui, également bénéficiaire du programme, développe un jeu vidéo inspiré de l’architecture et des monuments historiques de Marrakech. «Ce projet, né sur les bancs du lycée, a pris forme grâce à une auto-formation en programmation et en animation 3D», explique-t-il.
Pour Abdessamad Gharis, chargé de mission à l’Université Internationale de Rabat (UIR), cette initiative répond à un triple enjeu, à savoir développer des compétences locales de point, créer de nouvelles opportunités d’emploi et structurer un véritable écosystème gaming au Maroc. Il insiste, également, sur les débordements du gaming vers d’autres industries. «Les formations dans ce domaine ne se limitent pas au jeu vidéo. Elles ouvrent aussi des perspectives dans des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique ou la médecine, où la modélisation et la simulation sont essentielles», précise-t-il. L’une des forces du gaming est son potentiel en matière de soft power et de rayonnement culturel. Pour Nissrine Souissi, «les jeunes Marocains sont déjà en train de promouvoir notre culture. Lors de nos rencontres avec eux, nous avons constaté une touche marocaine dans leurs créations, tant au niveau des décors que des tenues traditionnelles comme la Jellaba et le Caftan».
Un point de vue partagé par Karin Houpillart, directrice de l’École ISART Digital en France, qui considère que le Maroc dispose d’atouts culturels, artistiques et historiques indéniables pour se démarquer sur la scène internationale. «Le public est toujours en quête de nouveauté. C’est un formidable vecteur d’investissement et de développement pour le rayonnement de la culture marocaine à l’international», affirme-t-elle. Toutefois, elle nuance : «Encore faut-il être en mesure d’internationaliser le produit. C’est là tout l’enjeu pour les jeunes créateurs marocains s’ils veulent rayonner en dehors des frontières.»
Un secteur économique en pleine ascension
Si le marché du gaming au Maroc est en pleine expansion, il reste encore loin des 300 milliards de dollars générés au niveau mondial. Pour accélérer son développement, le ministère ambitionne de créer 6.000 emplois directs d’ici 2030, couvrant 70 métiers liés au jeu vidéo, de la programmation à l’animation 3D en passant par la commercialisation. «Ce secteur connaît un réalignement avec l’intégration de l’intelligence artificielle (IA). C’est une industrie jeune qui se transforme en permanence. Aujourd’hui, l’IA générative bouleverse les codes du jeu vidéo en permettant des expériences plus immersives et personnalisées», explique Karin Houpillart.Pour elle, l’avenir du gaming marocain dépendra de la capacité des jeunes développeurs à s’adapter aux évolutions technologiques et à s’imposer sur le marché international.
Pour Badr El Bardaï, l’ambition est claire : «Je veux devenir le meilleur gamer au Maroc et dans la région, et me forger une réputation sur la scène mondiale.»
L’histoire du gaming marocain ne fait que commencer, et l’avenir de cette industrie repose désormais entre les mains de ses talents émergents, ses créateurs de jeux et ses entrepreneurs du numérique.
Avec des infrastructures en développement, une communauté dynamique et une stratégie nationale bien définie, le Maroc est en train de se positionner comme un acteur majeur du gaming en Afrique et au-delà. L’enjeu est désormais de transformer cet élan en une véritable industrie compétitive et durable.