Menu
Search
Samedi 23 Novembre 2024
S'abonner
close
Samedi 23 Novembre 2024
Menu
Search
lock image Réservé aux abonnés

L’urgence de se préparer aux vagues de chaleur plus longues et plus intenses

La chaleur tue ! Les vagues de chaleur se succèdent au Maroc depuis le début de l’été. Elles sont plus longues et plus intenses par endroits avec le risque de provoquer des décès notamment chez les personnes vulnérables. Face à ce risque, le ministère de la Santé affirme avoir pris des mesures d’urgence pour une gestion sanitaire efficace en cas de canicule. Ces mesures devront désormais faire partie d’un protocole bien assigné et respecté par tous pour éviter que le drame de Béni Mellal ne se reproduise ailleurs.

Le mercure a dépassé les 45 °C dans certaines régions du Maroc.
Le mercure a dépassé les 45 °C dans certaines régions du Maroc.
Les experts le prédisaient, aujourd’hui ça devient une réalité : les vagues de chaleurs sont de plus en plus longs et plus intenses. Et le Maroc ne fait pas l’exception.

Cette saison estivale a été marquée par des épisodes de très fortes chaleurs à travers plusieurs régions du Maroc. Si le risque augmente pour la population entière, il l’est encore plus pour les personnes âgées et les malades. Cette catégorie doit être protégée pour éviter la reproduction d’un drame comme celui de Béni Mellal.

En effet, pas moins de 21 décès ont été enregistrés le 24 juillet à Béni Mellal à cause de la vague de chaleur. Admis au Centre hospitalier régional de Béni Mellal, la majorité de ces décès concernaient des personnes âgées et d’autres souffrant de maladies chroniques.

Selon les services de santé, les températures élevées avaient causé la détérioration soudaine de leur état de santé et entraîné leur mort. «Nous regrettons ces décès qui ne doivent plus se reproduire. Nous sommes devant une nouvelle réalité qui ne fait que s’accentuer notamment pour des régions comme Béni Mellal. Une institution hospitalière dans ces régions à haut risque doit être équipée et préparée pour faire face à ces problèmes de canicule. De plus, il y avait une alerte générale émise par la direction de la météo, donc tout établissement qui accueille les personnes âgées ou avec des maladies chroniques doit être en mesure de les protéger», indique Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé. Selon lui, les personnes à risque, dans un hôpital ou autre, doivent être prises en charge. «Il faut systématiquement placer ces gens dans des salles adaptées, les surveiller et les hydrater. Dans les hôpitaux, il fait renforcer les ressources humaines en charge de ces personnes et les former pour détecter les signes d’alertes», recommande l’expert.

Dans un récent rapport publié par le Forum économique mondial, les fortes chaleurs, les inondations et les sécheresses feront plus de 8,5 millions de décès d’ici 2050. Les décès par la chaleur ont doublé en 20 ans et vont encore se multiplier par 2,5 fois en 2050 à cause des changements climatiques, du vieillissement des populations et de la hausse du nombre de maladies chroniques. Dans ce contexte, Dr Hamdi appelle à une réadaptation des politiques publiques en matière de santé. «Les températures continueront d’augmenter, la population devient vieillissante et les maladies chroniques se multiplient. Il faut donc instituer des protocoles adaptés et augmenter les niveaux de sensibilisation que ce soit des autorités sanitaires ou des citoyens. Les hôpitaux, centres de santé, prisons, maisons de retraite... tous ces établissements devront prendre en compte cette donne», explique l’expert. Il donne dans ce sens l’exemple des «salles refuges» qui existent un peu partout dans les pays européens et qui sont équipées en matériels et en personnel pour accueillir les personnes à risque en temps de grandes vagues de chaleur. Il a également mis l’accent sur la nécessité de former le personnel des hôpitaux pour assurer une meilleure gestion sanitaire des vagues de chaleur.

Chaleur et médicaments

L’autre risque pour les personnes âgées et celles ayant des maladies chroniques en période de grande chaleur est celui lié à la prise des médicaments. En effet, ces personnes ont généralement des traitements assez lourds qu’il faut suivre méticuleusement, sauf qu’en cas de chaleur, le rythme est parfois perturbé. Qu’en pense Dr Hamdi ? L’expert n’exclut pas un certain impact de la chaleur sur les médicaments. «La chaleur influe sur certains médicaments dont l’efficacité se trouve réduite. Il s’agit notamment de sirops, de crèmes, d’insuline... Ces produits risquent de perdre leur efficacité en cas de forte chaleur. Il faut donc bien les protéger», note l’expert. Mais il existe également des médicaments qui peuvent aggraver les effets de la chaleur, alerte le médecin. «Le paracétamol chez une personne âgée, déshydratée risque d’endommager le foie», explique notre interlocuteur. Les anti-inflammatoires, les neuroleptiques, les diurétiques... L’expert conseille ainsi de conserver les médicaments à l'abri de la chaleur excessive, dans un endroit où la température est inférieure à 25 degrés ou dans le réfrigérateur si possible.

Les conseils à suivre en ces temps de canicule

Il y a deux mesures absolument essentielles à prendre en compte par toutes les catégories, insiste Dr Hamdi : Boire de l'eau, c’est une nécessité vitale pour les adultes et les enfants et humidifier son corps ou au minimum le visage et les extrémités plusieurs fois par jour, puis les exposer à une source d’air. «Ce processus d’évaporation de l'eau est la solution pour aider à extraire la chaleur de l'intérieur du corps. Il faut savoir que les personnes âgées ne transpirent pas comme les jeunes. Cette procédure peut donc sauver la vie de milliers de personnes», souligne l’expert. Et d’expliquer que les personnes âgées ressentent moins la chaleur, ont moins soif et leur corps perd sa capacité à évacuer la chaleur par la transpiration, la chaleur reste donc piégée dans leur corps et s'accumule, causant rapidement des dommages aux organes, pouvant entraîner la mort le jour même ou dans les jours suivants, si le problème n'est pas traité.

Le médecin rappelle enfin que tout le monde est affecté par la hausse des températures. Cependant, certaines catégories sont plus vulnérables au risque de décès dû à la chaleur excessive, notamment : les personnes âgées, les nourrissons et les jeunes enfants, en particulier avant l'âge de quatre ans, les malades chroniques, les femmes enceintes, les travailleurs en plein air, les ouvriers, les sportifs...

Autres mesures préventives

Maintenir la fraîcheur du logement : Garder la maison fraîche avec une température de pièce inférieure à 32 degrés le jour et 24 degrés la nuit. Pendant la journée, fermer les fenêtres pour empêcher la chaleur excessive d'entrer.

La nuit, ouvrir les fenêtres et les portes pour créer un courant d'air lorsque la température extérieure est plus basse.

Éviter d'utiliser l'éclairage et les appareils électriques pour ne pas augmenter la chaleur intérieure.

Utiliser la climatisation si disponible, en fermant les portes et fenêtres pour économiser l'énergie et réduire la charge sur le réseau.

Éviter de sortir pendant les heures les plus chaudes de la journée, de 11 h à 17 h.

Éviter les efforts physiques intenses. Si nécessaire, les réaliser entre 4 heures et 7 heures du matin.

Rafraîchir et hydrater le corps : Prendre des bains d'eau froide (moins chaude que la température corporelle, sans excès) sans se sécher après. Utiliser des vaporisateurs d'eau froide pour mouiller le corps, surtout le visage, les extrémités et le tronc. En alternative, utiliser des compresses froides ou des serviettes humides.

Porter des vêtements légers et amples en matières naturelles comme le coton, de couleur blanche ou claire pour ne pas absorber la chaleur.

Boire de l'eau régulièrement avant même de ressentir la soif, ainsi que des liquides comme des jus, des soupes, des yaourts pour apporter les sels minéraux nécessaires sans consommer des boissons trop froides qui suppriment la sensation de soif.

En cas de symptômes suivants : fatigue, vertiges, soif intense, maux de tête, crampes musculaires douloureuses, nausées, vomissements, diarrhée, sécheresse et rougeur de la peau, déshydratation du corps et de la bouche, perte de poids... Il faut :

• Se déplacer rapidement ou déplacer la personne atteinte dans un endroit frais.

• Boire de l'eau ou du jus de fruit pour réhydrater le corps.

• Demander de l'aide.

• Prendre la température corporelle sans utiliser de médicaments antipyrétiques.

• Refroidir le corps en aspergeant la peau d'eau à une température comprise entre 25 et 30 degrés et appliquer des compresses humides froides. Ventiler constamment.
Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.