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Maladie rénale chronique : le rôle du médecin de famille

La maladie rénale chronique est en train de devenir un véritable fardeau pour les systèmes de santé, notamment au Maroc. Le rôle essentiel du médecin généraliste ou médecin de famille dans la prévention de cette pathologie est de plus en plus évident. Explications avec Amal Bourquia, professeure en néphrologie, dialyse et transplantation, présidente de l’association REINS.

La maladie rénale chronique (MRC) est un problème de santé publique majeur avec d’importants enjeux économiques. Elle est, en effet, en train de devenir l’une des maladies chroniques non transmissibles les plus répandues dans le monde. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la MRC touche 10% de la population mondiale. L’organisation prévoit qu’elle deviendra la cinquième maladie chronique la plus courante en 2040.

Au Maroc, la maladie rénale chronique touche près de 3 millions de personnes. «Principalement due au diabète et à l’hypertension artérielle, la MRC est une pathologie de dépistage facile et pourtant généralement prise en charge trop tardivement. Elle évolue silencieusement et peut aboutir à l’insuffisance rénale terminale (IRT), qui nécessite la dialyse ou la transplantation rénale.

Des soins lourds pour le patient et coûteux pour le système de santé, alors qu’un dépistage précoce permettrait de ralentir considérablement la progression de la maladie en la traitant au plus tôt», déclare au «Matin» Amal Bourquia, professeure en néphrologie, dialyse et transplantation, présidente de l’association REINS.

D’après le ministère de la Santé, le Maroc compte plus de 320.000 patients atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC) avec une moyenne de 3.400 cas supplémentaires par an. Ces patients ne sont pris en charge que par 134 néphrologues dans le secteur public et 329 dans le privé, sachant que les traitements liés à la dialyse représentent 26,7% des dépenses totales des maladies de longue durée (ALD) dans le cadre de l’Assurance maladie obligatoire. «Près de 38.000 patients en IRC au stade terminal sont traités par dialyse aujourd’hui au Maroc. La prévalence et l’incidence de cette pathologie augmentent malheureusement chaque année, d’où l’importance du travail de prévention à faire en amont et qui incombe d’abord au médecin de famille ou médecin généraliste. En effet, ce dernier devrait avoir une position principale parmi les intervenants du parcours de soins de la MRC. Une collaboration entre les professionnels des différents secteurs de la santé est nécessaire pour améliorer la détection, le traitement et le pronostic de l’IRC», souligne Pre Bourquia. Et d’ajouter que «le rôle du médecin généraliste est majeur dans l’IRC débutante.

Grâce à lui, on peut prévenir l’apparition de cette maladie chez le sujet à risque, maîtriser l’évolution de l’IR débutante, et contrôler la progression de l’IRC débutante avec le néphrologue. Ainsi, nous, néphrologues, avons besoin de mieux coordonner nos efforts avec le médecin de famille, en particulier pour la prise en charge des patients diabétiques que nous voyons souvent trop tard».

D’après la présidente de l’association REINS, le médecin généraliste ou médecin de famille peut suivre de près les patients atteint de diabète et d’hypertension artérielle (HTA), souvent associés à l’IRC. «Il doit rechercher des marqueurs d’atteinte rénale (microalbuminurie...) et œuvrer ainsi pour ralentir la progression de la néphropathie diabétique en assurant un équilibre glycémique grâce au traitement le plus adapté, assurer un contrôle régulier et un bon traitement de l’HTA, veiller au respect des règles diététiques, la recherche d’une activité́ physique régulière adaptée à l’âge du patient...

Toutes ces mesures, qui relèvent du rôle du médecin généraliste, présentent un potentiel important face à la prévalence de l’IRC qui augmente», insiste Pre Bourquia.
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