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Santé bucco-dentaire : un projet de feuille de route en gestation pour optimiser l’accès aux soins

Alors que la santé bucco-dentaire représente un défi mondial majeur, le Maroc participe activement à l’élaboration de stratégies globales. Toutefois, le pays fait face à des défis importants, notamment des disparités dans l’accès aux soins et un manque de données récentes, nécessitant une révision urgente de sa politique nationale en la matière.

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Avec 3,5 milliards de personnes touchées à travers le monde, les maladies bucco-dentaires représentent un fléau silencieux parmi les maladies non transmissibles les plus répandues, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En novembre dernier, des délégations de plus de 110 pays se sont réunies à Bangkok pour un événement inédit : la toute première réunion mondiale dédiée à la santé bucco-dentaire. Organisée par l’OMS, cette rencontre a été l’occasion de préparer des Feuilles de route nationales et de négocier une déclaration commune visant à accélérer la lutte contre ces maladies omniprésentes, tout en renforçant les engagements collectifs des États membres.

Le Maroc s’engage dans la stratégie mondiale de santé bucco-dentaire

Contactés par nos soins, les services du ministère de la Santé et de la protection sociale nous affirment que le Maroc s’est pleinement aligné sur les orientations du «Plan d’action mondial pour la santé bucco-dentaire 2023-2030» de l’OMS. «Depuis 2022, notre pays a participé activement au processus d’élaboration de cette stratégie mondiale, à travers plusieurs réunions consultatives organisées par l’OMS. À l’instar des autres pays membres, le Maroc a élaboré un projet de Feuille de route nationale, conformément aux six domaines d’intervention définis par l’OMS à savoir la gouvernance, la promotion et prévention, les ressources humaines, les soins bucco-dentaires, les systèmes d’information et la recherche», indiquent les services du ministère. Et d’ajouter que «cette initiative s’inscrit parfaitement dans les grands chantiers nationaux, notamment la couverture médicale généralisée et la réforme du système national de santé. Ces réformes structurantes offrent une opportunité unique pour intégrer les soins bucco-dentaires essentiels dans un paquet de services en cours d’élaboration, en partenariat avec l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et les parties prenantes concernées».

Bien que le Maroc ait partagé son expérience en matière de gouvernance, de leadership et de financement dans le domaine de la santé bucco-dentaire lors de la conférence de Bangkok, en mettant en avant son engagement à aligner ses priorités nationales avec les objectifs mondiaux, il convient de noter que les données récentes manquent cruellement. La dernière enquête épidémiologique nationale, réalisée en collaboration avec l’OMS remonte à 2012. Celle-ci révèle une prévalence préoccupante de la carie dentaire (82% à 12 ans et 92% entre 35 et 44 ans) et des maladies parodontales (43,2% à 12 ans et 77,4% entre 35 et 44 ans).

Bien que des progrès aient été enregistrés par rapport à l’enquête de 1999, où la prévalence des caries atteignait 97,7%, la situation épidémiologique reste inquiétante à l’échelle nationale. L’Enquête mondiale de morbidité estime aujourd’hui une prévalence globale des maladies bucco-dentaires au Maroc de 42,3%, toutes tranches d’âges confondues. Cette situation renforce l’urgence pour le «Programme national de santé bucco-dentaire» d’actualiser ses données via une nouvelle enquête nationale, prioritaire dans le cadre de la révision de sa stratégie 2018-2025.

Des défis majeurs pour la santé bucco-dentaire au Maroc

Les services du ministère précisent que le Maroc fait face à plusieurs défis majeurs pour améliorer la santé bucco-dentaire et renforcer l’accès aux soins. «Parmi ces défis, on note une prévalence élevée des maladies et affections bucco-dentaires, reflétant un lourd fardeau pour la santé publique. Parallèlement, les besoins en soins curatifs et préventifs ne cessent d’augmenter, témoignant d’une transition épidémiologique et d’une évolution des attentes de la population. Cependant, l’accès équitable aux soins reste limité par des disparités territoriales importantes et un déséquilibre entre les secteurs public et privé», affirment-ils. Et d’ajouter que «le coût élevé des soins dentaires constitue un obstacle majeur pour de nombreux ménages, tandis que l’intérêt encore insuffisant de la population pour sa santé bucco-dentaire freine l’adoption de comportements préventifs adéquats. Toutefois, des initiatives prometteuses sont en cours, notamment le développement progressif d’infrastructures de santé et la mise en place de programmes de sensibilisation, qui ouvrent la voie à une meilleure prise en charge de la santé bucco-dentaire à l’échelle nationale». Parmi les défis majeurs, on note également une concentration de l’offre de soins bucco-dentaires dans certaines régions, créant ainsi des disparités géographiques. «Cette répartition inégale des services peut compliquer l’accès aux soins dans certaines zones du pays, soulignant ainsi la nécessité de renforcer l’équité et la disponibilité des soins bucco-dentaires à l’échelle nationale. Actuellement, le Maroc compte environ 500 médecins-dentistes dans le secteur public, tandis que le secteur privé dispose d’une couverture plus large, en termes de praticiens», affirme la même source.

Bien que des progrès aient été réalisés, le chemin reste long pour garantir à chaque citoyen marocain un accès équitable à des soins bucco-dentaires de qualité, d’autant plus que la mise en place d’une nouvelle Enquête nationale pourrait aider à mieux cibler les interventions futures.
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