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Séisme d'Azilal : les explications de Nacer Jabour

La terre tremble encore au Maroc et suscite l'inquiétude des habitants peu habitués à ce phénomène. En effet, depuis le séisme d'Al Haouz, une série de secousses ont été enregistrées dans des régions différentes du royaume. La dernière en date est celle survenue dans la province d'Azilal d'une magnitude de 5,1. Le Matin a contacté le Chef de division à l’Institut national de géophysique (ING), Nacer Jabour, afin d’avoir un éclairage scientifique sur les raisons derrière ces répliques sismiques récurrentes.

Mardi 2 janvier, le réseau National de Surveillance et d'Alerte Sismique a relevé une secousse tellurique d'une magnitude de 5,1 sur l’échelle de Richter, dans la province d'Azilal. D'une profondeur de 13 Km, le séisme avait pour épicentre la commune d'Ait M'Hamed. Cette secousse, et d'autres moins puissantes enregistrées un peu partout au Maroc, rappelle le tragique séisme d'Al Haouz qui est toujours dans les mémoires. Son ampleur, sa profondeur, sa localisation en ont fait un événement majeur pour les sismologues qui avaient évoqué les risques de répliques pouvant s'étendre sur plusieurs mois. C'est ce que confirme également Nacer Jabour, Chef de division à l’Institut national de géophysique (ING). "Suite au séisme d'Al Haouz, le Maroc est confronté à une intensification notable de l'activité sismique. L'intensité de ce séisme a provoqué une augmentation significative de la pression sur les structures géologiques à travers le pays", explique le scientifique. Et de noter que la province d’Azilal se situe à la jonction entre le Moyen Atlas et le Haut Atlas, c'est-à-dire dans une zone sismique à risque.

Des failles ont été réactivées suite au séisme d’Al Haouz

L'évolution post-sismique se manifeste par la réactivation de plusieurs failles à l'échelle nationale, comme en témoigne la récente secousse de magnitude 5,1 dans la province d'Azilal. Pr. Jabour a indiqué que "cette réactivation n'est pas limitée à la zone directement touchée par le séisme initial, mais s'étend à des régions relativement éloignées", démontrant ainsi une complexité géophysique étendue.

Et d’ajouter qu’une augmentation de 10% du taux de sismicité a été observée, en terme de nombre de séismes et de leurs magnitudes, ce qui a entraîné la déstabilisation de multiples failles.

Et ce n'est pas fini ! Plusieurs failles, déstabilisées suite au séisme majeure, attendent désormais de bouger, a signalé Pr. Jabour, notant que "les failles qui étaient sur le seuil de fracture ou de rupture ont déjà bougé, les autres vont suivre mais avec un peu de retard". "Les failles adjacentes peuvent bouger en séquentielle avec des séries de séismes qui sont observés un peu partout sur le territoire national", a-t-il expliqué.

Pr. Jabour a, par ailleurs, précisé que le séisme d'Al Haouz, en tant que "séisme intraplaque", où le foyer s’est situé à l’intérieur d’une plaque tectonique, a généré des réajustements dans un court laps de temps dans son voisinage immédiat, mais que d'autres régions nécessiteront plus de temps pour reprendre un nouvel équilibre.

Bien que les zones spécifiques de réactivation des failles ne puissent pas être prédites avec certitude, l'Institut National de la Géophysique continuera à surveiller attentivement l'évolution de la sismicité pour mieux comprendre les liens de causalité et dégager les failles responsables du séisme.

Une nouvelle carte sismique se dessine

Cette activité sismique déclenchée depuis le 8 septembre 2023 interpelle les scientifiques de l’Institut national de géophysique qui travaillent actuellement sur une mise à jour de la carte sismique du Maroc. "La nouvelle carte ne verra le jour que d’ici un an minimum, le temps de faire tous les calculs et recherches qui nécessitent de regrouper plusieurs experts", explique Pr. Jabour. Cette carte permettra un découpage des zones en fonction des niveaux de sismicité attendus et servira de base pour l'application des règles de classification et de construction parasismique.
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