Menu
Search
Lundi 23 Juin 2025
S'abonner
close

Viandes rouges à 150 DH/kg : affluence dans les boucheries et polémique sur la flambée des prix avant l’Aïd

À l’approche d’un Aïd Al-Adha exceptionnellement célébré sans rituel sacrificiel, les prix des viandes rouges atteignent des sommets dans les marchés et souks marocains. Les boucheries sont prises d’assaut par des familles désireuses de perpétuer les repas de fête. Une flambée des prix qui fait polémique.

No Image
Les préparatifs de l’Aïd Al-Adha prennent cette année une tournure singulière au Maroc. En dépit de la recommandation Royale d’annuler le sacrifice rituel dans un souci de préservation du cheptel national et de soulagement des foyers à revenu modeste, les marchés de viande connaissent une forte effervescence. De nombreux citoyens se ruent sur les boucheries pour acheter viandes rouges et abats en grande quantité, afin d'assurer les traditionnels repas familiaux.

Mais cette demande accrue a un prix : le kilogramme de viande d’agneau dépasse désormais les 150 dirhams, selon les observations recueillies dans plusieurs villes. Les abats, notamment le foie ou la panse (douara), enregistrent également des hausses spectaculaires. Cette situation alimente le mécontentement des consommateurs, pris entre traditions et contraintes économiques.

Une hausse jugée injustifiée et spéculative

La députée Fatima Tamni, représentante de la Fédération de la gauche démocratique, a interpellé le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, sur ce qu’elle qualifie d’augmentation injustifiée des prix des viandes rouges. Dans une question écrite adressée au gouvernement, elle évoque un dysfonctionnement des circuits de distribution et de contrôle, qui permettrait à certains opérateurs de pratiquer des manœuvres spéculatives.



Selon plusieurs témoignages relayés par la députée, certains grossistes et bouchers limiteraient volontairement l’abattage pour créer une rareté artificielle, ce qui accentue mécaniquement la pression sur les prix. Un phénomène aggravé, selon elle, par l’absence d’un contrôle rigoureux de la part du ministère et un vide en matière de régulation.

Si l’abattage rituel est suspendu cette année, les habitudes familiales liées à l’Aïd perdurent. Les boucheries enregistrent un afflux inhabituel : jusqu’à 40 clients par jour dans certaines villes, selon des professionnels du secteur. Résultat : déséquilibre entre l’offre et la demande, et flambée des tarifs.

A noter que dans plusieurs villes, les autorités ont pris des mesures pour gérer la situation : interdiction de l’abattage domestique, fermeture temporaire des abattoirs collectifs, ou encore campagnes de sensibilisation sur la préservation du cheptel. Mais sur le terrain, ces initiatives semblent insuffisantes pour contenir la hausse des prix et répondre à la demande accrue.

La situation révèle une responsabilité collective, estime-t-on dans certains milieux associatifs : celle de l’État à réguler efficacement, celle des professionnels à éviter la spéculation, et celle des citoyens à adapter leurs habitudes à la conjoncture actuelle.
Lisez nos e-Papers