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«Le Maroc a tout à gagner en développant ses relations interafricaines»

«Le Maroc a tout à gagner en développant  ses relations interafricaines»
Dr Khalid Chegraoui.

Le Matin : Quelle évaluation faites-vous des relations du Maroc avec les pays du Sud et tout particulièrement ceux de l’Afrique ?
Dr Khalid Chegraoui : Les relations maroco-africaines tiennent une place stratégique dans la politique extérieure du royaume, de par l’africanité du Maroc et de par ses intérêts immédiats sur le plan économique et politique. Aussi, au niveau social, la communauté marocaine est-elle assez présente dans un certain nombre de pays du continent. Communauté qui représente un autre modèle des RME souvent oubliés, mais qui participent, par contre, grandement et de manière intégrée à développer et défendre les intérêts marocains tout en associant des pays amis en Afrique.
Le volet stratégique tient surtout à la question de notre intégrité territoriale, question qui a été pour beaucoup dans le retrait du Maroc de l’ancêtre de l’union africaine l’OUA, et des luttes des différents acteurs marocains afin de démontrer la légitimité des positions nationales. En ce sens, depuis ce retrait, le Maroc a boosté ses relations bilatérales et régionales en Afrique. Ce qui lui a donné une place de choix comme acteur et partenaire économique important dans les échanges et au niveau des diverses participations en termes d’aide au développement, à la formation, au transfert technologique et à la préservation de la paix sous l’égide de l’ONU par exemple.
Ceci dit et malgré tous ces efforts, le volume des échanges entre le Royaume et les pays africains reste dérisoire par rapport aux volumes enregistrés par les acteurs principaux dans le Marché africain.
En cela le Maroc ne déroge guère de la norme africaine qui estime le niveau des échanges interafricains à un maximum de 5% des échanges extérieur du continent. En effet, le Maroc arrive à peine à réaliser un taux de 6,4% de ses échanges avec le continent à travers un volume de 28,4 milliards de dirhams en 2010, selon le rapport de la direction des études et des prévisions financières daté de 2012.

C’est la sixième visite que le Souverain effectue dans des pays africains. Quelle lecture en faites-vous ?
Les visites royales en Afrique subsaharienne rentrent dans un cadre naturel suivant l’intérêt que porte le Royaume à ses racines africaines depuis l’aube de notre histoire. En terme de statistiques globales, presque 50% des activités diplomatiques royales et gouvernementales se positionnent dans et vers le continent africain. Ce qui met l’Afrique dans une position extrêmement stratégique dans les visions du souverain et des différents gouvernements marocains. Ce qui prouve que le Maroc n’a jamais perdu de vue cette Afrique, que ce soit sur le plan institutionnel ou personnel, politique, économique, social et culturel. Aussi, les visites du Souverain ont un impact important et direct sur l’évolution de la diplomatie et la défense des intérêts marocains dans le continent. Et ce, à travers l’aura que ça procure et l’efficacité de la démarche pratique et intégrée de ces visites qui lient le politique au social à l’économique et au culturel. Ces visites sont aussi un appel et une garantie pour le secteur privé marocain ainsi que public pour s’investir plus amplement dans le marché africain.
Reste que des régions très importantes et fortement stratégiques du continent souffrent de l’absence brillante du Maroc. C’est le cas de l’Afrique de l’Est et australe, principalement anglophone ainsi que les pays lusophones.

Qu’est-ce que cela peut apporter au Royaume sur le plan politique et économique ?
Premièrement, c’est la preuve que le Maroc tient à son africanité. Le fait d’appartenir au monde méditerranéen et plus un atout pour le continent qu’une entrave. Deuxièmement, ces visites replacent la donne géostratégique et économique du Maroc dans son envergure et son élan vital à un moment où le monde souffre des méfaits de la crise économique, où les dangers du terrorisme, du séparatisme et de la banalisation de l’idée de l’État nation guettent la région du Sahel-Sahara, et de par là toute l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord. Troisièmement, les visites royales sont une garantie ultime pour l’investisseur marocain et africain local, afin de concrétiser des rapports de coopération gagnant-gagnant. Mais aussi pour mettre sur pied des rapports d’échange d’expériences et de transferts divers entre le Maroc et le reste des pays du continent.  

Pensez-vous que les opérateurs économiques, tant publics que privés, sont assez conscients de l’importance du marché africain ?
Sûr qu’ils sont conscients de l’intérêt de ces rapports, mais sans pour autant être en parfaite situation de connaissance du continent.
En ce sens, à part quelques secteurs qui ont investi le marché africain comme le transport aérien, la banque, les télécoms, l’eau et l’énergie…, il reste pas mal de secteurs en friche qui attendent des acteurs privés et publics marocains, plus d’agressivité et plus de présences et d’insertion dans le tissu africain. Il suffit de prendre leçon sur la Turquie, le Brésil et l’Inde, pour ne pas donner l’exemple de la Chine.

Selon vous quelles seraient les perspectives des relations du Maroc avec les pays africains ?
Le Maroc a tout à gagner en développant ses relations interafricaines. Sur le plan économique, c’est un marché très lucratif malgré ses entraves et ses propres logiques.
Aussi, sur le plan stratégique, il est sûr que la consolidation des relations sur le plan économique et culturel est à même de changer les positions politiques de certains États vis-à-vis du Maroc. Car en politique, l’intérêt économique prime.

Quels sont les obstacles à éviter pour améliorer ces relations, tant sur le plan politique qu’économique ?
Il est exigé d’avoir une stratégie à long terme de notre politique africaine, de développer nos connaissances du continent sur tous les plans. Et ce, en procédant par approche savante et pratique, avec plus de coordination et de collaboration entre les acteurs publics, privés et universitaires qui aideront à la prise de décision et à l’analyse. Les rapports aussi doivent obligatoirement changer vers plus de clarté…

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