On ne peut pas dissocier la politique culturelle du Maroc du rôle important qu’a joué la France et qu’elle continue à jouer à travers les réseaux et les budgets d’aide au développement dans le domaine culturel.
La coopération culturelle de la France au Maroc
«Le socle» de cette politique culturelle de la France au Maroc se traduit par l’existence d’un réseau d’établissements culturels appelés IFM (Institut français du Maroc). Ces IFM regroupent onze établissements disséminés dans la plupart des villes importantes du Maroc et ont été nouvellement reconfigurés pour répondre à un pays en pleine mutation.
Ils mettent en œuvre le programme de Service de coopération et d’action culturelle (SCAC) qui se trouve à Rabat, sous l’autorité de l’ambassadeur. La mission de cette vaste institution consiste à favoriser l’accès à la culture par une offre de programmes du meilleur niveau qui soit, française ou marocaine, à appuyer la diffusion de la production culturelle sur tout le territoire, à soutenir les initiatives de création marocaines pour qu’elles rencontrent leur public au Maroc ou en France et à accompagner la professionnalisation des métiers culturels. Le réseau français apporte ainsi son appui financier et technique aux secteurs des arts vivants, du livre et de l’édition, de l’audiovisuel et du cinéma, ou encore du débat d’idées, afin de contribuer à démocratiser l’accès au savoir.
Coup de pouce aux arts vivants
L’IFM contribue à un certain nombre d’initiatives innovantes dans le champ des arts plastiques («Collectif 212» et «Appartement 22» à Rabat, «La Source du Lion» à Casablanca) et de la musique («L’Boulevard des jeunes musiciens» à Casablanca, «Chorale» de Rabat). Il appuie également l’émergence de la danse contemporaine au Maroc en soutenant les projets de création des jeunes chorégraphes et leurs projets d’installation (Marrakech et Casablanca). Des bourses d’études et des stages sont dispensés en faveur de la formation de haut niveau de jeunes artistes marocains, toutes disciplines artistiques confondues. Par ailleurs, l’ambassade de France soutient la formation des jeunes comédiens de l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle (ISADAC) de Rabat, ou encore l’association Shems’y pour l’initiation aux arts du cirque. Un grand nombre de festivals culturels marocains reçoivent également ce soutien, tels que le Festival des musiques sacrées de Fès, le Printemps des Alizés d’Essaouira et le Festival Timitar à Agadir.
Pleins feux sur le cinéma
Le cinéma n’est pas en reste. Par sa programmation cinématographique «CinéFrance Maroc», l’IFM, participe à la survie de certaines salles de cinéma et plus largement au rayonnement du 7e Art. Une réussite qui ne se dément pas, puisque ce sont quelque 100 000 spectateurs qui fréquentent annuellement les salles des Instituts français. CinéFrance Maroc se décline également en Festivals. Il accompagne les temps forts du cinéma au Maroc comme le Mois du documentaire, la Nuit du Cinéma, FICAM Maroc (Festival international du cinéma d’animation de Meknès) ou le FIDADOC (Festival international du film documentaire d’Agadir). Pour consolider cette culture du cinéma, le réseau accompagne les jeunes dans la formation à l’image en collaboration avec le réseau éducatif marocain et français au Maroc (AEFE).
Le livre, une priorité
Le livre fait également partie des priorités de l’action de coopération de l’IFM. Celui-ci tisse des réseaux avec l’ensemble des acteurs du livre au Maroc, autant les institutions (Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, Archives du Maroc, Fondation du Roi Abdul Aziz, Bibliothèque Hassan II) que les auteurs, les libraires, les traducteurs et les éditeurs.
Afin d’encourager la lecture dans un pays où le Marocain lit peu, son soutien se fait sous forme d’échanges d’expertises, d’aides à l’édition et à la traduction, de la participation à des salons ou à leur organisation, ou encore de la création de prix littéraires.
Le Prix Grand Atlas, créé en 1993, et «La nouvelle noire» à Marrakech, pour ne citer que ceux-là, sont désormais des rendez-vous incontournables du paysage intellectuel marocain.
Histoire de patrimoine
L’Institut français intervient aussi sur le patrimoine. Grâce à l’Université populaire du patrimoine», lancée en 2011, il sensibilise le grand public à la sauvegarde et à la valorisation du patrimoine marocain. Ouverte à tous, l’université propose un enseignement associant la rigueur scientifique à la pratique et au débat et permet d’appréhender le patrimoine au-delà de son seul intérêt historique ou artistique.
Une politique linguistique volontaire
Si la langue française jouit d’un statut privilégié au Maroc (40% de la population marocaine s’exprimerait en français ou serait francophone), la politique du réseau français vise à consolider cette position, au travers, notamment, des actions de formation et des cours de langue, un appui soutenu à la formation des maîtres et par un événement majeur : le «Mois de la francophonie».
Chaque année, le SCAC de l’ambassade de France au Maroc prend part, en mars, au Mois de la francophonie en contribuant à des événements culturels (cinéma, danse, musique, livre et écrits), en partenariat avec des représentations d’États francophones et avec l’Association marocaine des enseignants de français (AMEF). Il met également en place, le reste de l’année, des manifestations culturelles, artistiques ou littéraires visant à promouvoir la langue française. Au fil des années, la programmation culturelle française a gagné ses galons grâce à une politique active et volontariste de promotion autant de la production française que marocaine. Elle contribue à la structuration du secteur marocain de la culture et assure un brassage et une fluidité intellectuelle continus entre les deux cultures.
Le patrimoine culturel en partage
L’excellence de la coopération culturelle entre le Maroc et la France résulte des liens d’amitié privilégiés que les deux pays ont su nouer à travers l’histoire. Ce partenariat modèle s’est imposé comme l’un des plus anciens, de par le monde, l’un des plus continus et des plus riches.
LE MATIN
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02 Avril 2013
À 22:21
