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«Les forces de nos deux pays peuvent promouvoir la stabilité dans la région»

Les relations politiques entre le Maroc et les États-Unis sont très solides et profondément enracinées dans l’histoire, selon Matthew Lussenhop, chargé d’affaires p.i. à l’ambassade des États-Unis d’Amérique. Sur le plan économique, il souligne que les relations commerciales sont prometteuses et que les entreprises américaines restent intéressées par le Maroc en tant que destination d’investissement. S’agissant de la question du Sahara marocain, M. Lussenhop rappelle que les États-Unis ont clairement indiqué que le plan d’autonomie du Maroc est «sérieux, réaliste et crédible, et qu’il représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations du peuple du Sahara».

«Les forces de nos deux pays peuvent promouvoir  la stabilité dans la région»
Matthew Lussenhop.

Le Matin : Quelles sont vos attentes de la visite de S.M. le Roi aux États-Unis ?
Matthew Lussenhop : On s’attend à ce que la visite qu’effectuera Sa Majesté le Roi aux États-Unis soit fructueuse. Les deux Chefs d'État vont certainement tenir des conversations profondes et sérieuses sur les moyens de renforcer la coopération bilatérale dans les domaines de la sécurité, la stabilité politique, le développement et les droits de l’Homme dans la région. Nous estimons qu’au niveau de ces domaines-là, notre partenariat peut concentrer les forces de nos deux pays en vue de promouvoir notre agenda commun dans la région, notamment en ce qui concerne la stabilité et la sécurité en Libye, la tolérance religieuse en Afrique du Nord et au Sahel, ainsi que la crise humanitaire en Syrie.

Comment évaluez-vous les relations politiques entre le Maroc et les États-Unis ?
Les relations politiques entre nos deux pays sont très solides, profondément enracinées dans l’histoire, et fondées sur nos valeurs partagées et notre vision commune. Nous sommes fiers de rappeler que les États-Unis et le Royaume du Maroc ont œuvré de concert en tant que partenaires pendant une longue période, depuis la reconnaissance par le Maroc des États-Unis peu de temps après notre indépendance. Le Maroc est un allié régional principal, un allié majeur non membre de l’OTAN, et un acteur incontournable dans les problèmes auxquels est confrontée actuellement la région du Moyen-Orient élargi et de l’Afrique du Nord.

Comment, à votre avis, pourra-t-on développer davantage les relations bilatérales qui ont pris un tournant décisif avec le lancement du Dialogue stratégique en 2012 ?
Le Dialogue stratégique entre les États-Unis et le Royaume du Maroc met en exergue le partenariat solide que nous avons établi avec le Maroc sur un large éventail de sujets, allant des questions bilatérales telles que notre Accord de libre-échange et le Millennium Challenge Corporation récemment arrivé à terme, aux questions régionales telles que nos travaux conjoints visant à renforcer la sécurité régionale. À travers le processus du Dialogue stratégique et d’autres réunions de haut niveau, le Royaume du Maroc et les États-Unis continueront à travailler ensemble pour élaborer et mettre en œuvre des plans d’action visant à promouvoir les objectifs de la politique étrangère, du commerce et du développement de chaque pays – tels que la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, le développement économique régional, l’autonomisation de la société civile et la résolution du conflit du Sahara.

Nos relations politiques sont au beau fixe alors que les relations économiques et commerciales continuent d’être en deçà des attentes. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de revoir l’ALE entre le Maroc et les États-Unis ?
Les relations économiques et commerciales entre le Maroc et les États-Unis sont excellentes et pleines de bonnes perspectives pour les deux pays. Depuis la mise en œuvre de l’ALE, conclu en 2006 entre les États-Unis et le Maroc, le commerce entre nos deux pays a augmenté de 244%. Bien que la croissance des exportations américaines vers le Maroc ait augmenté plus rapidement que les exportations marocaines vers les États-Unis, le Maroc a réussi à enregistrer une hausse impressionnante de 109% de ses exportations vers les États-Unis, passant de 446 millions de dollars à 933 millions de dollars pendant cette période. Il y a des avantages concrets de l’ALE pour l’économie marocaine et les exportateurs marocains. À titre d’exemple, Fresh Fruit Maroc vient de conclure un accord sans précédent de cinq ans pour exporter des agrumes vers les États-Unis. Cet accord prévoit 10 à 13 navires par an au port de Wilmington, Delaware, ayant un volume annuel escompté de 35 000 tonnes, créant ainsi des emplois aux États-Unis et au Maroc.
Selon les chiffres de l’Office des changes du Maroc, l’investissement étranger direct des États-Unis au Royaume est passé de 98 millions de dollars en 2005 à 131 millions de dollars en 2011.

Cet investissement s’est traduit par la création d’emplois pour les Marocains du secteur de l’aéronautique (coentreprise Boeing, 700 emplois), le secteur de l’automobile (Delphi Automotive, 4 890 salariés), le secteur de l’habillement (Fruit of the Loom, 3 700 salariés), la technologie de l’information (Dell Computers, 2 000 emplois), pour ne citer que quelques investissements américains importants au Maroc.
Les entreprises américaines restent intéressées par le Maroc en tant que destination d’investissement pour plusieurs raisons : son marché intérieur est en pleine croissance, son infrastructure est excellente et sa position géographique sert de passerelle vers d’autres pays de l’Afrique du Nord, l’Afrique subsaharienne et l’Europe.

Les États-Unis adoptent les mêmes dispositions de l’ALE auxquelles le Maroc est soumis, et nous sommes donc en réalité sur un pied d’égalité. Nous reconnaissons qu’il peut y avoir quand même certains problèmes techniques qui ralentissent la croissance des échanges, mais le gouvernement américain se tient prêt à collaborer avec ses partenaires marocains pour répondre à ces questions à travers les mécanismes de l’Accord de libre-échange, ainsi que les programmes actuels de promotion du commerce du programme de développement du droit commercial du Département du Commerce américain. D’autres mécanismes bilatéraux, tels que le Conseil de développement des affaires Maroc-États-Unis permettent aux entreprises marocaines d’établir des contacts avec des partenaires américains potentiels et de mieux comprendre les opportunités commerciales avec les États-Unis.

La première session du Dialogue stratégique entre le Maroc et les États-Unis a été caractérisée par une déclaration conjointe dans laquelle les États-Unis ont appuyé l’initiative marocaine qui consiste à accorder une autonomie élargie aux provinces du Sud sous la souveraineté marocaine. Quel regard portez-vous sur le plan marocain d’autonomie pour les provinces du Sud ?
La politique américaine envers le Sahara occidental est restée constante pendant de nombreuses années, et notre position concernant cette question demeure inchangée. Les États-Unis continuent d’appuyer les efforts visant à parvenir à une solution pacifique, durable et mutuellement convenue. Nous avons clairement indiqué que le plan d’autonomie du Maroc est sérieux, réaliste et crédible, et qu’il représente une approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations des populations du Sahara occidental à gérer leurs propres affaires dans la paix et la dignité. Nous continuons d’appuyer les négociations menées par les Nations unies et espérons que les parties puissent œuvrer pour parvenir à la résolution du conflit.

Quelles sont les principales priorités de votre ambassade au Maroc ?
La toute première priorité de chaque ambassade américaine dans le monde entier est d'assurer la sécurité des citoyens américains qui visitent, vivent ou travaillent à l'étranger.
De plus, le rôle de notre mission est de représenter le gouvernement et le peuple des États-Unis en œuvrant dans le but de nourrir et renforcer nos relations bilatérales qui sont déjà fortes. Nous maintenons ouvertes les voies de communication avec le gouvernement marocain, la société civile, les médias, les universités, les entreprises et les autres secteurs et nous saisissons toute opportunité d’engagement avec le peuple marocain.
Le renforcement de la compréhension mutuelle entre nos deux grands pays constitue le moyen le plus sûr pour faire avancer nos intérêts communs.

Comment décririez-vous les réformes entreprises par le Maroc ces dernières années ?
Nous félicitons le Maroc pour les efforts consentis qui permettent d’anticiper les changements dans la région à travers l’organisation d’élections libres et justes, l’élargissement de la participation des citoyens, et la prise de mesures supplémentaires afin de s'assurer que le gouvernement reflète la volonté du peuple.
Les États-Unis soutiennent les efforts du gouvernement marocain visant à mettre en œuvre les réformes destinées à renforcer l'État de droit, protéger les droits de l'Homme et promouvoir la bonne gouvernance en conformité avec les idéaux prévus dans la Constitution de 2011.
          

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