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Les implications de la réélection du Maroc au Conseil de la FIFA

La réélection de Fouzi Lekjaâ au Conseil de la FIFA renforce la position stratégique du Maroc sur l’échiquier du football international. Selon Yassine El Yattioui, expert en relations internationales et professeur à l’Université Lumière Lyon II, cette présence est un atout majeur pour le développement du sport au Maroc, mais au-delà elle ouvre de nouvelles perspectives en termes d’influence, de financement et de diplomatie sportive.

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La reconduction de Fouzi Lekjaâ, président de Fédération Royale marocaine de football (FRMF), au Conseil de la FIFA consacre sa position en tant que figure influente dans le football marocain et africain. Ce renouvellement de confiance, émanant des membres de la fédération et des acteurs du football mondial, témoigne en effet d’un large soutien des instances sportives tout en renforçant sa capacité à mener à bien des projets de développement ambitieux, aussi bien au niveau national qu’international.

Mais au-delà de la personne, ce nouveau mandat représente un atout stratégique majeur pour le Maroc, lui permettant d’accroître son influence dans les sphères du football mondial. Cette position privilégiée ouvre des perspectives significatives pour le développement du sport, non seulement au Maroc, mais également à l’échelle continentale, comme l’indique Yassine El Yattioui, spécialiste des relations internationales et secrétaire général du think tank NejMaroc. «La réélection de Fouzi Lekjaâ au Conseil de la FIFA représente une avancée stratégique majeure pour le Maroc dans le domaine du football international. Elle s’inscrit dans la continuité d’une politique marocaine ambitieuse en matière de diplomatie sportive, qui repose sur une approche proactive de coopération, d’investissement et de développement», affirme-t-il.

Des fonds pour le développement sportif

L’expert souligne que la place occupée par Fouzi Lekjaâ au sein de cette instance internationale confère au Maroc une certaine influence sur les décisions qui régissent le football mondial. Il rappelle que le Conseil de la FIFA est l’organe stratégique chargé de fixer les grandes orientations du football, notamment en matière de compétitions, de réglementation et de financement. «Le rôle du Conseil est crucial dans l’attribution des grandes compétitions et la répartition des fonds de développement. En consolidant sa place au sein des instances dirigeantes du football mondial, le Royaume renforce sa capacité d’influence et de négociation dans les grandes décisions stratégiques qui façonnent l’avenir du sport», précise-t-il.

De même, cette réélection offre au Maroc une opportunité de bénéficier des nombreux programmes de soutien proposés par l’organisation. «La FIFA alloue chaque année plusieurs centaines de millions de dollars aux projets de développement du football à travers le monde. Grâce à sa présence au sein du Conseil, le Maroc peut plus facilement accéder à ces financements pour poursuivre l’amélioration de ses infrastructures et le développement de ses compétitions locales», relève M. El Yattioui.



Il cite notamment le programme FIFA Forward, qui vise à soutenir le développement du football dans les pays en voie de développement, représentant une source précieuse de financement pour les fédérations nationales. «En 2022, ce programme a alloué 2,8 milliards de dollars aux fédérations membres pour la période 2016-2022, avec des aides directes pour la construction de stades, la formation des entraîneurs et le développement du football féminin. La FRMF, en raison de la position stratégique de Lekjaâ au sein de la FIFA, a pu tirer parti de ces fonds pour financer plusieurs initiatives», fait savoir l’expert.

Vers un «soft power» et «un nation branding» plus forts

Selon notre expert, la présence accrue du Maroc dans les arcanes du football mondial s’inscrit dans une stratégie plus large de soft power et de nation branding, visant à asseoir l’image du Royaume sur la scène internationale. «Le sport, et plus particulièrement le football, est devenu un instrument clé de la politique étrangère marocaine. La performance historique des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, avec une remarquable quatrième place, a non seulement consolidé le prestige du football marocain, mais a également servi de vitrine pour démontrer le dynamisme du pays dans ce domaine», analyse-t-il.

Ce nouveau positionnement s’inscrit donc dans une dynamique de consolidation du positionnement marocain au sein du football mondial. Grâce à une diplomatie sportive active et à des investissements stratégiques, le Maroc s’affirme comme un acteur incontournable, tant sur le plan africain qu’international. «Cette présence accrue dans les instances dirigeantes du football permet non seulement de défendre les intérêts du Maroc et du continent africain, mais également d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement pour le football national», assure l’expert.

Un mandat stratégique pour un agenda sportif chargé

Ce nouveau mandat revêt une importance stratégique, alors que le Royaume se prépare à accueillir des événements sportifs d’envergure. «Avec l’organisation de la Coupe du monde 2030, qui verra des matchs se jouer au Maroc en collaboration avec l’Espagne et le Portugal, la présence de M. Lekjaâ au sein des instances décisionnelles de la FIFA sera un atout majeur. Ce projet ambitieux nécessitera une coordination étroite avec les autorités sportives internationales et une gestion rigoureuse des investissements liés aux infrastructures et à la logistique», explique M. El Yattioui.

De surcroît, l’année 2025 s’annonce particulièrement riche pour le football africain et marocain, avec une série de compétitions majeures qui mettront en avant le continent. «Le Maroc accueillera la Coupe d’Afrique des nations féminine, une compétition qui prend de plus en plus d’ampleur et dont l’édition 2022, également organisée dans le Royaume, avait battu des records d’affluence et de médiatisation. Par ailleurs, la CAN U17 masculine se déroulera également au Maroc, contribuant à la mise en avant des jeunes talents du continent. Sur la scène internationale, le Mondial U17 féminin sera une occasion supplémentaire pour le football africain de démontrer ses progrès, alors que la Coupe d’Afrique des nations masculine, prévue du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, clôturera une année particulièrement riche en compétitions», ajoute-t-il.

Le Maroc, moteur du développement du football africain

Depuis son élection en 2021, Fouzi Lekjaâ, conformément à la vision clairvoyante de S.M. le Roi, a su transformer le paysage footballistique du Maroc, le propulsant au rang d’acteur incontournable sur la scène africaine et internationale. Grâce à une série d’initiatives stratégiques, le pays s’affirme non seulement comme une puissance footballistique, mais également comme un modèle de collaboration et de développement pour d’autres nations africaines.

«Le Maroc a considérablement renforcé ses relations avec les fédérations africaines, avec plus de 40 accords de coopération signés», souligne notre expert, mettant en avant l’engagement du Royaume dans le développement du football sur le continent. Ces accords, qui englobent des domaines variés tels que la formation des entraîneurs et des arbitres, le développement d’infrastructures et l’échange d’expertise administrative, témoignent de la volonté du Maroc de partager ses connaissances et son savoir-faire. «Des fédérations comme celles du Kenya, de l’Éthiopie, du Burkina Faso, de la Guinée et du Rwanda bénéficient déjà de l’accompagnement du Maroc, qui se positionne ainsi comme un moteur du développement du football sur le continent», ajoute-t-il.

Sur le plan des infrastructures, poursuit M. El Yattioui, le pays a investi massivement pour devenir une plateforme incontournable pour l’organisation d’événements footballistiques internationaux. Le Complexe Mohammed VI de football, inauguré en 2019 pour un coût estimé à 630 millions de dirhams (environ 60 millions d’euros), illustre parfaitement cette ambition. «Ce centre est aujourd’hui considéré comme l’un des plus modernes du monde», précise-t-il.

Au-delà de son rôle au sein du Conseil de la FIFA, Fouzi Lekjaâ occupe également des fonctions stratégiques au sein de la Confédération africaine de football (CAF). En tant que président de la commission des finances de la CAF, il joue un rôle central dans la gestion budgétaire de l’organisation et dans la redistribution des fonds destinés aux fédérations africaines. «Depuis son arrivée à ce poste, la CAF a mis en place plusieurs réformes financières visant à améliorer la transparence et l’efficacité de la gestion des ressources. La réorganisation des droits télévisés et des partenariats commerciaux a notamment permis une augmentation des revenus de la CAF de près de 30% entre 2019 et 2023», indique M. El Yattioui. Cette gestion rigoureuse et son expertise financière pourraient conduire M. Lekjaâ à occuper d’autres postes influents au sein de la FIFA, notamment dans les commissions liées à la gouvernance, aux finances ou au développement du football mondial, conclut-il.
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