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Stratégie

L'avenir sera principalement fonction de l'évolution des regards portés par la société et ses élites sur l'agriculture, sur l'environnement, sur le monde rural, et sur le nouveau rôle de l'Etat dans l'économie du 21e siècle.

Stratégie
La disponibilité en ressources naturelles et l'évolution du monde comptent, mais ce sont les visions, les politiques et la gouvernance des pays qui primeront : les différences possibles d'évolutions sont considérables».
Il s'agit là d'une des plus importantes conclusions du travail de prospective relative au secteur agricole, menée par le Haut commissariat au Plan (HCP).
Pour explorer l'avenir, les chercheurs et analystes, qui ont élaboré cette étude, ont imaginé trois scénarios distints, les différences entre les 3 scénarios tenant à la manière dont l'ouverture serait gérée et accompagnée ou non de politiques.
Le premier scénario (S1) serait celui d'une ouverture subie et de politiques demeurant réactives, celles-ci ne changeraient pas fondamentalement.
Le deuxième scénario (S2) serait celui d'une libéralisation accélérée et d'un désengagement de l'Etat au bénéfice d'une agriculture très capitalistique, avec filet social pour les perdants.

Le troisième scénario (S3) serait celui d'une ouverture maîtrisée et d'un nouveau pacte agricole et rural. Des réformes sont mises en œuvre pour mobiliser l'ensemble des acteurs, promouvoir le développement rural et développer une agriculture compétitive et ouverte, mais aussi plurielle, territorialisée et durable. C'est le scénario d'une nouvelle gouvernance. Ainsi, le scénario 1 devrait conduire, selon cette étude, à un important creusement des dualités agricoles et à une disparition de nombreuses exploitations qui ne pourront faire face à la mondialisation. L'utilisation de l'eau resterait peu économe et peu efficace et une crise de l'eau deviendrait de plus en plus probable. La désertification s'accentuerait et les rendements se réduiraient fortement.

La dégradation des sols et le dérèglement climatique imposeraient l'abandon d'une partie très importante des superficies cultivées. De même, la volatilité de la croissance se verrait fortement amplifiée. Dans un scénario à croissance économique modérée (4%), les répercussions sur l'ensemble de l'économie nationale en seraient de plus en plus lourdes.
Dans ce contexte, une aggravation brutale de la situation agricole et rurale ne saurait être exclue. Les mécanismes de sauvegarde qui avaient joué dans le passé ne pouvant plus fonctionner de la même façon.
Une telle crise pourrait entraîner une régression du secteur agricole, une forte désaffection pour l'agriculture, une déprise agricole avec un retour à un pastoralisme plus extensif et plus destructeur et une reprise massive de l'exode rural.

Par contre, le S2 est un scénario de rupture ou de l'ouverture accélérée. Il s'agirait de la fin des politiques d'import substitution, la disparition des filières non rentables et la spécialisation du Maroc dans les filières pour lesquelles il dispose d'avantages comparatifs. Ce qui permettrait une adaptation au marché dans un contexte de compétitivité. Toutefois, le retrait de l'Etat, en laissant les acteurs économiques et la concurrence internationale dominer les décisions relatives à l'agriculture, favoriserait la formation d'une agriculture fortement capitalistique. Le système productif, caractérisé par une très forte intégration amont-aval, serait rapidement dominé par les macroacteurs de l'agro-industrie et de la grande distribution.

On assisterait également, prévient l'étude, à des mécanismes très forts de concentration foncière avec un rachat spéculatif des terres par des détenteurs de capitaux nationaux, et aussi étrangers, et avec le risque d'un transfert des profits vers l'extérieur.
La mise en œuvre d'un tel scénario aurait des impacts très lourds au plan social et territorial compte tenu des fragilités et niveaux de protection actuels.
Le nombre de perdants serait donc très élevé, obligeant à la mise en place d'un important filet social.

En somme, ce scénario pourrait conduire à une réduction massive (plus de la moitié) de la population agricole et devrait avoir des impacts négatifs sur l'environnement. S'agissant du troisième scénario, basé sur une ouverture maîtrisée et d'un nouveau pacte agricole et rural, il devrait avoir des conséquences économiques, sociales et environnementales bien différentes de celles des deux scénarios précédents.
«Grâce à la promotion d'une agriculture plurielle, performante et adaptée aux marchés interne et externe, la valeur de la production agricole devrait augmenter de façon très significative, nettement plus encore que dans le scénario S2. Le scénario S3 aurait aussi l'avantage d'une croissance forte du PIB rural non agricole grâce à la réussite de la diversification de l'économie rurale. Les exportations et importations devraient cependant progresser moins vite que dans le scénario S2 et l'approvisionnement en produits de base protégés représenter un coût économique global plus élevé.
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Le mix gagnant

Les enjeux auxquels le Maroc est confronté conduisent par conséquent à devoir rechercher, conclut cette étude, un scénario du type S3, à savoir un scénario s'attachant à concilier l'efficacité économique, la justice sociale, la préservation/valorisation de l'environnement et de la culture et la progressivité, considérées comme quatre composantes d'un même processus de développement. C'est un autre modèle de développement qui suppose un changement déterminé de politique et des progrès de gouvernance.

L'Etat, garant des grands équilibres et de l'intérêt des générations futures, joue un rôle important dans ce scénario, mais ce rôle évolue, l'enjeu n'étant plus d'«administrer» le développement, ni de «laisser faire», mais de reconnaître les ruraux comme les acteurs du futur et de les soutenir, de les mobiliser et de les responsabiliser au service d'un projet agricole et rural qui est aussi un projet de société pour tout le pays.

Le scénario S3, estime-t-on, correspond à la vision actuelle du Maroc d'une agriculture qui soit à la fois ouverte, compétitive, socialement diverse, territorialisée et durable. Il s'inscrit dans la nouvelle approche de développement que symbolise l'INDH, la Stratégie 2020 de développement rural et par le Schéma national d'aménagement du territoire…
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