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Accueil next Soufisme et psychanalyse au chevet de l'entreprise

«Régler l'amont agricole redonnerait un élan extraordinaire au secteur»

INTERVIEW Hassan Debbarh, président de la Fédération des industries de conserve des produits agricoles du Maroc (FICOPAM)

«Régler l'amont agricole redonnerait un élan extraordinaire au secteur»
Le Matin : Selon une étude qui a été réalisée par la profession, les entreprises opérant dans l'industrie des fruits et légumes transformés au Maroc ne se sont pas assez engagées dans leur restructuration pour saisir l'opportunité de l'ouverture des frontières. Est-ce que ce constat est toujours valable et comment se comporte le secteur actuellement aux niveaux de l'investissement, de la production et de la valeur ajoutée ?

Hassan Debbarh:
Tout d'abord, j'aimerais rappeler que la majorité des entreprises de la FICOPAM sont essentiellement exportatrices et à partir de ce constat, nous pouvons dire qu'elles sont déjà dans le marché international. Par contre, je confirme que les volumes traités par l'ensemble des opérateurs du secteur n'ont pas connu réellement une augmentation depuis une dizaine d'années car il vit une certaine stagnation pour des produits comme les fruits et les olives par exemple au moment où nous assistons à une baisse vertigineuse pour certaines spéculations concernant les haricots verts, les cornichons, le concentré des tomates… Cette situation se traduit effectivement par une faible diversification des produits et des marchés et par un faible niveau des investissements (uniquement ceux de renouvellement et modernisation ou dans de «nouveaux» métiers tels que la surgélation de fruits et légumes).

Quelles sont les contraintes du secteur ?

20% des entreprises réalisent 80% des volumes et par conséquent, les origines de la stagnation sont majoritairement à trouver en dehors de ces sociétés. Il est certain qu'il existe des entreprises ayant besoin d'une mise à niveau, et à cet effet, la FICOPAM a réalisé, très tôt, que la mondialisation exige de nos industriels d'être à niveau pour répondre aux exigences de plus en plus fortes de nos clients. Notre organisation professionnelle, avec l'assistance du ministère du Commerce et de l'Industrie (via l'Anpme, Anapec...) et via d'autres organismes internationaux (GTZ -projet AQPA-, PAAP1 et 2, ONUDI, etc.) participe de manière très forte, depuis plusieurs années, à la mise à niveau de nos industriels. Pour revenir aux contraintes du secteur, je pense que régler les problèmes relatifs à l'environnement de l'amont agricole, qui n'est pas une mince affaire, «suffirait» à redonner un élan extraordinaire à un secteur industriel qui a un marché potentiel non négligeable à condition de l'approvisionner d'un produit agricole, en quantité et en qualité, adapté à ses besoins.

Est-ce que la faible intégration entre les producteurs et les industriels persiste toujours ?

Certaines entreprises du secteur (deux ou trois) ont bénéficié des terres agricoles de la SODEA et ont entamé une intégration en amont que j'estime personnellement nécessaire. Toutefois, leurs tailles diffèrent et toutes n'ont pas la capacité d'opérer des intégrations en amont si nous supposons que nous pouvons leur garantir un terrain pour le faire, ce qui est loin d'être le cas! La production agricole est un métier à part entière et un agro-industriel n'est pas forcément un professionnel de l'agriculture.

Quelles sont les perspectives de cette industrie, autrement dit les principaux axes stratégiques pour son développement ?

Le développement du secteur passe par une stratégie adaptée tracée conjointement entre les ministères de l'Agriculture, du Commerce et de l'Industrie et les professionnels du secteur. Une fois que les unités pourront tourner à plein régime, à elles donc de transformer le potentiel réel sur un certain nombre de «marchés mûrs». Par exemple, aujourd'hui, des personnes se posent la question : pourquoi les exportations marocaines vers les Etats-Unis d'Amérique n'ont pas augmenté ? La réponse est simple : où est la matière première à exporter?

Pour de nombreux experts, les investissements étrangers, qui devraient se développer, auraient un effet «salutaire» pour le secteur. Est-ce que celui-ci arrive à en drainer ?

Le problème d'approvisionnement est de notoriété publique, un investisseur marocain ou étranger averti ne construirait pas une usine pour le plaisir s'il n'était pas certain d'avoir les matières premières pour l'alimenter.

A-t-on fait des progrès en ce qui concerne la spécialisation sur des produits à plus forte valeur ajoutée (huile d'olive, produits élaborés, produits de qualité spécifiques) ?

Depuis quelques années, nous assistons à une diversification qualitative de l'offre comme vous l'avez spécifiée: huile d'olive, huile d'argan, couscous spécial… Toutefois, la notoriété ne peut être au rendez-vous que si nous atteignons une «masse critique de production», le phénomène n'est donc pas représentatif et surtout ne justifie pas les frais de marketing et de la promotion.
En revanche, pour des produits-phares et dont les volumes de production le justifient, il est tout à fait nécessaire d'appuyer une promotion «générique» basée sur la mise en valeur des produits du terroir marocain.
Notre secteur vise à faire connaître, par exemple, les spécificités des préparations particulières des olives marocaines (olives tournantes, olives cassées, au citron, recettes traditionnelles, etc.) mais aussi les spécificités du profil variétal de «l'olive beldie» du Maroc. Il rappeler dans ce sens, que le Maroc est le deuxième exportateur mondial des olives de table. Ce type de promotion permettra de valoriser nos produits et d'exploiter certaines niches perméables à nos produits.
Nous applaudissons, à ce propos, l'initiative du ministère de l'Agriculture pour les textes récemment envisagés pour les produits marocains du terroir.
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