Menu
Search
Lundi 29 Décembre 2025
S'abonner
close
Lundi 29 Décembre 2025
Menu
Search

Le pragmatisme fait défaut

Les défis auxquels font face les pays maghrébins et la région méditerranéenne dans son ensemble nécessitent d'œuvrer de concert pour donner naissance à une nouvelle relation entre un voisinage au nord, intégré et développé, et un voisinage au sud en quête d'un développement et d'une intégration politique.

Le pragmatisme fait défaut
Dominique Strauss-Kahn, le patron du FMI, l'a récemment affirmé l'urgence de faire aboutir ce projet. Dominique Strauss-Kahn, avait en effet pressé, la semaine dernière à Tunis, les Etats du Maghreb de concrétiser leur intégration économique. Les pays maghrébins effectuent près de 80% de leurs échanges avec l'UE mais le commerce régional se limite à 3% du total de leurs échanges.
Le patron du FMI avait indiqué avoir discuté avec le président Zine El Abidine Ben Ali de l'intégration du Maghreb et de la crise financière mondiale, faisant état de sombres perspectives régionales. «Les perspectives du FMI ne sont pas formidables, 2009 sera une année difficile», y compris pour les pays du Maghreb «même s'ils continuent d'avoir des taux de croissance assez significatifs», a-t-il noté.

Et de citer les entraves au commerce régional, les projets d'infrastructures communs et divers projets privés en suspens. Le patron du FMI a affirmé l'urgence de faire aboutir le projet d'une banque régionale en souffrance depuis 1991. Selon lui, la crise financière fera sentir ses effets dans les pays du Maghreb en 2009 même s'ils sont épargnés par les premiers effets directs. L'intégration maghrébine n'est plus un impératif qui interpelle uniquement les pays concernés. Elle est devenue une exigence régionale et un maillon incontournable dans la chaîne du libre-échange à l'œuvre en Méditerranée. De plus, les blocages dont pâtit la construction maghrébine “font occasionner'' un manque à gagner substantiel dont le coût est appelé à devenir à terme de moins en moins soutenable pour l'ensemble des partenaires. Outre les effets qu'elle pourrait susciter en matière de dynamisation des relations économiques entre les pays maghrébins, la relance de l'Union du Maghreb arabe se présente en tant que gage de crédibilité du partenariat avec l'UE.

Non moins important, le rapprochement économique entre les pays maghrébins serait également nécessaire pour faire face aux défis crées par la résurgence de nouvelles puissances concurrentes, notamment asiatiques, à travers le parachèvement d'une boucle compétitive autour de la Méditerranée. Bien que les échanges des pays maghrébins avec l'UE, d'une part, et le reste du monde, d'autre part, aient, en moyenne, progressé plus vite entre 1990 et 2006, une dynamique encourageante des échanges intra-Maghreb semble s'instaurer depuis 1998, illustrant une ouverture croissante des pays membres sur leur espace régional. Ainsi, l'examen de l'évolution des échanges au sein du Maghreb fait apparaître une nette amélioration durant la dernière décennie.

Alors qu'ils ne dépassaient pas 803 millions de dollars en 1990, ils ont totalisé 2,2 milliards de dollars en 2006. En 2007, les échanges commerciaux entre le Maroc et les quatre pays de l'UMA ont totalisé un montant de 11,2 MMDH. L'Algérie se positionne en tête des partenaires maghrébins du Maroc avec 7,4 MMDH (dont 6,4 MMDH d'importations notamment de gaz, de pétrole et hydrocarbures, fer et acier, zinc brut et produits chimiques), devenant ainsi le premier partenaire commercial africain du Maroc. Cependant, comparativement aux autres regroupements régionaux, les échanges intra-maghrébins ne sont pas suffisamment développés et demeurent encore marginaux.
Le commerce global intra-maghrébin, lui, se limitait en 2006 à 1,2% des échanges extérieurs de la zone. Par comparaison, le commerce intra-zone représentait 32,7% des échanges de l'UE, 11,1% de l'ASEAN, et 10,1% des pays du MERCOSUR.

De plus, le commerce régional des pays maghrébins, de son côté, ne dépassait pas 3,1% des exportations globales de la région.
Par ailleurs, l'examen du commerce intra-maghrébin entre 2000 et 2006 fait ressortir, à titre d'illustration, que les ventes des produits agroalimentaires sur le marché algérien n'ont représenté respectivement que 0,6% des exportations marocaines de ces produits et 0,3% des importations globales algériennes de produits agroalimentaires. Paradoxalement, celles-ci proviennent à hauteur de 40% de France et d'Espagne. L'essentiel des achats algériens de textile s'effectue auprès de la Turquie, de la Chine et de l'Espagne. Le Maroc et la Tunisie ne sont que faiblement présents sur le marché algérien: leur part du marché ne représente, respectivement, que 0,9% et 0,8% des importations de textiles de l'Algérie, soit seulement 0,3% des exportations globales marocaines de ces produits et 0,1% de celles de la Tunisie.

La progression rapide des échanges intra-maghrébins sur la période récente laisse indiquer qu'un potentiel de développement du commerce régional existe, comme il ressort de la référence à l'indicateur d'intensité bilatérale.
Ce dernier se situe à près de 0,50 pour les exportations du Maroc à destination de l'Algérie et de la Tunisie, soit un niveau inférieur de moitié à ce qu'autoriserait le poids de ces pays dans le commerce mondial. Ainsi, pourvu que les conditions politiques et réglementaires soient réunies, le relèvement de l'intensité bilatérale des échanges entre ces pays à un niveau comparable à celui observé dans certains regroupements régionaux des pays en développement, notamment le MERCOSUR, fait ressortir, toutes choses égales par ailleurs, un manque à gagner en termes d'échanges commerciaux. Ce manque à gagner est estimé à presque 980 millions de dollars annuellement non compris les hydrocarbures et à 2,1 milliards de dollars, soit 1% du PIB si on prend en compte les importations de produits énergétiques en provenance de l'Algérie et de Libye.
--------------------------------------------------------------

Une banque maghrébine en 2009

Les cinq pays du Maghreb envisagent de rendre opérationnelle une banque maghrébine en 2009 recommandée par le FMI. Il s'agit « d'oeuvrer à rendre opérationnelle la Banque maghrébine de l'investissement et du commerce extérieure (Bmcie) au cours de l'an 2009 ». Cette recommandation a été adoptée à l'issue d'une « Conférence sur les progrès de l'intégration régionale et la promotion des projets communs au Maghreb », organisée sous l'égide du FMI, avec la participation des ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales d'Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie.
Dominique Strauss-Kahn, a appelé à l'accélération de la mise en place de la banque maghrébine pour faciliter la création de projets communs.
La création de cette banque a été décidée depuis 1991 et son statut a été établi, sans toutefois que cette institution ne soit opérationnelle.
Lisez nos e-Papers