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Échiquier national

Nous sommes en juillet 2007. Trois conventions d'investissements pour de nouveaux projets cimentiers ont été signées avec les groupes Ynna Holding, Sefrioui et l'espagnol Lubasa.

Échiquier national
Elles portent sur la création de quatre nouvelles cimenteries pour un investissement de 8,8 milliards de dirhams. L'offre de production nationale va se trouver de ce fait largement renforcée par une capacité de production additionnelle de 6 millions de tonnes. L'annonce de l'avènement de ces nouveaux entrants avait provoqué la grogne chez les anciens cimentiers. «Si les uns l'on fait dans une logique d'intégration horizontale, on ne peut pas ignorer qu'ils ont été attirés par l'appât du gain dans un secteur où les marges peuvent atteindre 40%», nous apprend cet ancien cimentier. C'est dire que les fournisseurs historiques perdront des parts du gâteau. Suite à cette annonce, plusieurs hypothèses de marché ont été avancées. Certains opérateurs ont prédit que les régions allaient connaître un surplus d'offre.

«La taille du marché national et même dans l'hypothèse la plus optimiste, ne permet pas d'absorber avant longtemps, les excédents de production qui vont résulter de ces capacités additionnelles importantes. Il s'en suivra donc une période de déséquilibre du marché», nous affirme Dominique Drouet, président du directoire de Holcim Maroc. Les nouveaux entrants, eux, se sont basés sur une logique de travail complètement différente. Ils partent du constat qu'en 2007, les ventes de ciment ont été de 12,2 millions de tonnes, en augmentation de 12% par rapport à 2006. Cette année, sur les quatre premiers mois, 4,8 millions de tonnes ont été écoulées, soit une augmentation de 21% par rapport à la même période de 2006.

«Par rapport à la production actuelle, cela dégage un besoin annuel à combler de 1,4 millions de tonnes par an. Ce chiffre est l'équivalent de la production annuelle d'une cimenterie», avance Rachid Iben Khayat, directeur de projet de Ciments de l'Atlas.

Nouveaux entrants :
un an après

Tous comptes faits, les nouveaux entrants, constitués de grands promoteurs immobiliers, se sont lancés dans l'aventure. Dans une logique d'intégration horizontale, Ynna Holding vient positionner sa filiale Ynna Asment sur la région de Settat, déjà investie par Holcim Maroc qui inaugure ce vendredi 13 juin sa nouvelle cimenterie. «L'investissement a été effectué en ligne avec notre vision stratégique de devenir l'opérateur de référence dans l'immobilier et le bâtiment», affirme Omar Chaâbi, vice-président exécutif de Ynna Holding. En effet, depuis 1964, le groupe Chaâbi s'est constitué autour des métiers du bâtiment. Ynna Steel, filiale spécialisée dans la sidérurgie s'inscrivait aussi dans cette même logique.
Dans un premier temps, Ynna Asment ne produira qu'un million de tonnes.
Ensuite, elle pourra atteindre une capacité de production de 3 millions de tonnes. Une partie de cette production alimentera les projets immobiliers du groupe lancés en Afrique et au Moyen-Orient.

«Le projet a bien avancé. Nous avons obtenu toutes les autorisations, sécurisé les carrières et le terrain et réalisé l'étude d'impact environnementale», nous apprend Omar Chaâbi. Des appels d'offres ont été lancés pour trouver le fournisseur d'installation. Aujourd'hui, le groupe est en phase de choix du fournisseur.
L'autre gros calibre de la promotion immobilière, Anas Sefrioui avait annoncé la création de deux unités de production à Fqih Bensalah et Ben Ahmed, regroupées sous la coupole de Ciment de l'Atlas, filiale du groupe Anas Sefrioui. Ces deux usines auront une capacité de production de 1 million de tonnes par an chacune.
Le premier site de Ben Ahmed est situé dans la région Centre. Il cible le marché du grand Casablanca. La cimenterie de Beni Mellal concerne, quant à elle, la région de Tadla Azilal. Un marché sur lequel aucune autre cimenterie ne s'est positionnée.

«La capacité que nous allons installer dans cette région est supérieure à la demande du marché, mais nous dédierons 50% de la production à la région et 50% iront à Fès, Marrakech, Khouribga, …», nous informe Rachid Iben Khayat. Ciments de l'Atlas s'est faite entourer de professionnels du secteur cimentier et autres et se fait accompagner par des compétences étrangères.
Quant à Lubasa, groupe espagnol spécialisé dans les matériaux de construction et la promotion immobilière associé à Sâad Kettani, ancien PDG de Wafa, il s'attaque à la région Centre-Nord. Il construira une cimenterie d'une capacité d'un million et demi de tonnes par an dans la région de Sidi Kacem, plus précisément à Zagotta.
Une enveloppe de plus de 3,5 milliards de DH a été dédiée à cet investissement. Les premières livraisons sont prévues pour début 2011.

Le contrat d'achat des machines a déjà été signé, le terrain terrassé et clôturé. A l'instar de Ciments de l'Atlas, le fournisseur d'installations sera également Polysius, une société allemande spécialisée en ingénierie cimentière.
Enfin, un autre groupe espagnol, Essentium, ainsi que son partenaire, le cimentier international Orascom, avaient conclu avec l'Etat une convention pour la construction d'une usine à Nador dont la capacité de production est d'un million de tonnes. Maintenant que Lafarge a acheté 100% de Orascom, le projet de la cimenterie de Nador est en stand-by.

La riposte
Les quatre groupes cimentiers historiques, à savoir, Lafarge, Ciments du Maroc, Asment Temara et Holcim, ne tarderont pas à riposter. Les uns avaient déjà pressenti l'avènement de cette vague de nouveaux entrants tandis
que d'autres y ont réagi subséquemment. «Nous avons pris acte de ces annonces, et continuons à travailler, en tout cas en ce qui concerne Holcim, à notre compétitivité, à assurer le meilleur approvisionnement du marché», affirme Dominique Drouet. Des projets seront déployés durant la période 2008-2011. Les sommes à injecter par ces quatre groupes, entre extensions et nouvelles unités de production, dépassent les 7,3 milliards de DH. Ciments du Maroc construira la plus grande usine dans la région d'Agadir, à Chtouka-Aït Baha, avec une capacité de production qui dépasse les 2 millions de tonnes par an. Elle nécessite un investissement de 3,5 milliards de DH et sera opérationnelle à fin 2009.

Selon des responsables de la boîte, cette entité vise à atténuer la saturation de la cimenterie d'Agadir qui assure l'approvisionnement d'un large marché allant d'Agadir à Laâyoune. Avec cette nouvelle entité, le cimentier est sûr de préserver son monopole sur toute la région sud qui est positionnée quatrième en terme de consommation du ciment au Maroc. De son côté, Lafarge Maroc est en train de renforcer sa présence dans le nord du pays. Le cimentier vise aussi bien le doublement de la capacité de clinkérisation que de broyage de l'usine de Tétouan pour assurer un million de tonnes additionnelles. Ces nouvelles infrastructures ont nécessité un investissement de 1,5 milliard de DH. Il est à rappeler que la cimenterie du groupe Holcim de Settat sera mise en service. Elle assurera une capacité de production de 1,7 million de tonnes par an.

Par ailleurs, la capacité de l'usine de Fès sera doublée. Elle sera opérationnelle en 2010. Asment Temara n'a pas manqué à l'appel. Le cimentier investira également près de 1,3 milliards de dirhams pour une cimenterie à Meknès. Sa capacité de production quant à elle se limitera à un peu plus de 500.000 tonnes par an. La course n'est pas près de prendre fin. Va savoir si le marché absorbera réellement toute la production qui découlera des différents projets sus-cités. En attendant, le problème majeur à régler reste celui de la hausse des prix, surtout en sachant que la même tarification pour le ciment est appliquée dans les différentes régions.
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