«Je pense que le moment est venu pour faire évoluer le statut de la Bourse des valeurs de Casablanca avec comme première étape la diversification de son actionnariat», a déclaré S. Mezouar tout en exprimant, par la même occasion, la volonté du gouvernement de vouloir doter le CDVM de l'indépendance totale vis-à-vis des politiques.
Jusqu'à aujourd'hui, le capital de la société gestionnaire de la Bourse de Casablanca est détenu, à parts égales, par les intermédiaires ayant le statut d'une société de bourse. Ils sont au nombre de seize. On y trouve des structures de petite, moyenne ou de grande tailles, certaines d'entre-elles sont adossées à des banques, d'autres se distinguent par leur indépendance. Il faut dire que ce schéma «mutualiste» de la Bourse de Casablanca révèle ses limites dès lors qu'un nouvel intermédiaire reçoit l'agrément des autorités. Les modalités d'accès du nouvel entrant au Conseil d'administration suscitent toujours le débat entre les membres, provoquant parfois des guéguerres sans finalité ni intérêt pour le marché.
La piste ouverte par le discours de l'argentier du Royaume ouvre ainsi la voie à la démutualisation de la société de place. «L'idée est née d'un benchmark international qui montre bien que les Bourses qui fonctionnent bien ne sont pas exclusivement gérées par les sociétés de Bourse. Elles sont plutôt gérées par les institutionnels qui investissent le plus et qui animent remarquablement les flux transactionnels du marché», souligne un cadre au ministère des Finances. Et qui dit institutionnels dit compagnies d'assurances, Caisses de retraite…
Au Maroc, l'animation du marché boursier ne sort pas de ce schéma logique. Le rôle actif des institutionnels reste incontestablement décisif. D'ailleurs, certains n'hésitent pas à les qualifier de «faiseurs de marché». C'est le cas, par exemple, de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) qui gère un ‘'trésor de guerre'' via la Bourse et il serait tout à fait aberrant de l'empêcher de dire ce qu'elle en pense quant au fonctionnement actuel et celui futur de la BVC. Bref, l'esprit noble de la démutualisation exige de donner la parole aux différents intervenants.
Le Maroc n'a pas le choix. La tendance est déjà tracée à l'échelle internationale. Les sociétés mutualisées migrent vers la démutualisation. Reste maintenant à savoir d'abord à qui ouvrir le capital de la BVC? De combien de pourcentage? Et à quel prix? Personne n'est habilité à répondre à ce type de questions car tout simplement, le débat sur ce relifting actionnarial n'en est qu'à ses débuts. Cela dit, outre les institutionnels, il n'est pas exclu d'intégrer même les sociétés cotées dans le nouveau schéma capitalistique (bien qu'elles vont se retrouver ainsi juges et parties).
De même, les banques seraient également prises en ligne de compte dans le cadre de la nouvelle réflexion. Là encore, il se peut qu'il y ait une sorte de redondance actionnariale dans la mesure où les banques sont d'ores et déjà présentes au capital de la BVC à travers leurs filiales spécialisées dans l'intermédiation boursière. Tout en précisant que les intérêts peuvent parfois diverger entre la banque et la filiale, une source autorisée au sein du ministère des Finances estime que cet aspect pourrait être réglé en impliquant les banques à un niveau responsable. En fait, l'expérience de la démutualisation pourra s'inspirer d'un certain nombre de modèles locaux, notamment celui de la Smaex ou encore le cas du dépositaire Maroclear doté d'un conseil d'administration dans lequel le secteur bancaire est représenté par le président du GPBM.
Le dénominateur commun entre les trois entités (BVC, Maroclear, Smaex), c'est qu'elles sont toutes concessionnaires d'un service public. Les enjeux de la démutualisation dépassent le seul souci d'une appropriation capitalistique diverse et multiple. «L'ouverture du capital se rapporte aussi au potentiel de l'évolution de la technologie», souligne un haut cadre à la BVC.
Limitée jusque-là au seul marché au comptant, la Bourse de Casablanca est appelée à offrir, entre autres, une plate-forme dédiée aux marchés à terme. C'est d'ailleurs l'une des priorités au menu du plan tracé par le nouveau management de la société gestionnaire. Faut-il rappeler, à ce titre, le marché où les contrats à terme impliquent autant d'intervenants, et pas uniquement les sociétés de Bourse. Ils pourraient intéresser d'autres entités affiliées aux banques ainsi que les intermédiaires en valeurs du Trésor (IVT).
C'est dans cette optique qu'on pourra apprécier l'enjeu de la démutualisation de la BVC. Ouvrir le capital, associer et impliquer un maximum d'intervenants, prospecter les besoins, sonder les moyens, pour pouvoir enfin mieux dessiner l'avenir d'un marché qui gagne déjà en maturité. Le ministre des Finances l'a bien précisé. La diversification de l'actionnariat ne serait qu'une première étape. Quant aux étapes suivantes, la pratique internationale nous fournit déjà quelques éléments de réponse. La démutualisation d'une Bourse lui permet de tisser des rapprochements capitalistiques avec d'autres Bourses.
Cela rejoint aussi l'objectif de l'internationalisation de la place de Casablanca. Il y a quelques mois, la première Bourse mondiale, le groupe Nyse-Euronext, s'est dit «intéressée de près» par la Bourse de Tokyo. La déclaration du directeur général de Nyse-Euronext, John Tain, n'a été comprise que dans le cadre de l'intention de la Bourse japonaise d'ouvrir son capital à l'horizon 2009. Last but not least, l'ouverture du capital balise la voie d'une probable mise en cotation. Le scénario n'est pas exclu. La BVC cotée en Bourse, au Masi! Pourquoi pas? Grâce à l'ensemble de ses intervenants, comme disait le slogan, ensemble, tout devient possible.
L'industrie boursière se consolide tant aux niveaux régional et international. Ce processus s'est accéléré ces trois dernières années avec la fusion Nyse-Euronext qui a créé la Bourse d'actions la plus importante dans le monde. A cela s'ajoute la fusion entre CME et CBOT créant ainsi la Bourse de dérivés la plus importante en ternes de revenus.
Selon une étude menée par le cabinet Celent, la majorité des Bourses diversifient leurs sources de revenus et ne proposent plus seulement l'enregistrement à la cote, le trading et les services d'informations mais également des services post-transaction. De plus, de nombreuses Bourses proposent à la fois le trading des titres et des instruments dérivés, tandis que d'autres se concentrent soit sur les titres, soit sur les instruments dérivés. L'étude a montré aussi que les instruments dérivés sont de plus en plus populaires; le volume des transactions des dérivés ayant augmenté de 22% entre 2000 et 2006.
Jusqu'à aujourd'hui, le capital de la société gestionnaire de la Bourse de Casablanca est détenu, à parts égales, par les intermédiaires ayant le statut d'une société de bourse. Ils sont au nombre de seize. On y trouve des structures de petite, moyenne ou de grande tailles, certaines d'entre-elles sont adossées à des banques, d'autres se distinguent par leur indépendance. Il faut dire que ce schéma «mutualiste» de la Bourse de Casablanca révèle ses limites dès lors qu'un nouvel intermédiaire reçoit l'agrément des autorités. Les modalités d'accès du nouvel entrant au Conseil d'administration suscitent toujours le débat entre les membres, provoquant parfois des guéguerres sans finalité ni intérêt pour le marché.
La piste ouverte par le discours de l'argentier du Royaume ouvre ainsi la voie à la démutualisation de la société de place. «L'idée est née d'un benchmark international qui montre bien que les Bourses qui fonctionnent bien ne sont pas exclusivement gérées par les sociétés de Bourse. Elles sont plutôt gérées par les institutionnels qui investissent le plus et qui animent remarquablement les flux transactionnels du marché», souligne un cadre au ministère des Finances. Et qui dit institutionnels dit compagnies d'assurances, Caisses de retraite…
Au Maroc, l'animation du marché boursier ne sort pas de ce schéma logique. Le rôle actif des institutionnels reste incontestablement décisif. D'ailleurs, certains n'hésitent pas à les qualifier de «faiseurs de marché». C'est le cas, par exemple, de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) qui gère un ‘'trésor de guerre'' via la Bourse et il serait tout à fait aberrant de l'empêcher de dire ce qu'elle en pense quant au fonctionnement actuel et celui futur de la BVC. Bref, l'esprit noble de la démutualisation exige de donner la parole aux différents intervenants.
Le Maroc n'a pas le choix. La tendance est déjà tracée à l'échelle internationale. Les sociétés mutualisées migrent vers la démutualisation. Reste maintenant à savoir d'abord à qui ouvrir le capital de la BVC? De combien de pourcentage? Et à quel prix? Personne n'est habilité à répondre à ce type de questions car tout simplement, le débat sur ce relifting actionnarial n'en est qu'à ses débuts. Cela dit, outre les institutionnels, il n'est pas exclu d'intégrer même les sociétés cotées dans le nouveau schéma capitalistique (bien qu'elles vont se retrouver ainsi juges et parties).
De même, les banques seraient également prises en ligne de compte dans le cadre de la nouvelle réflexion. Là encore, il se peut qu'il y ait une sorte de redondance actionnariale dans la mesure où les banques sont d'ores et déjà présentes au capital de la BVC à travers leurs filiales spécialisées dans l'intermédiation boursière. Tout en précisant que les intérêts peuvent parfois diverger entre la banque et la filiale, une source autorisée au sein du ministère des Finances estime que cet aspect pourrait être réglé en impliquant les banques à un niveau responsable. En fait, l'expérience de la démutualisation pourra s'inspirer d'un certain nombre de modèles locaux, notamment celui de la Smaex ou encore le cas du dépositaire Maroclear doté d'un conseil d'administration dans lequel le secteur bancaire est représenté par le président du GPBM.
Le dénominateur commun entre les trois entités (BVC, Maroclear, Smaex), c'est qu'elles sont toutes concessionnaires d'un service public. Les enjeux de la démutualisation dépassent le seul souci d'une appropriation capitalistique diverse et multiple. «L'ouverture du capital se rapporte aussi au potentiel de l'évolution de la technologie», souligne un haut cadre à la BVC.
Limitée jusque-là au seul marché au comptant, la Bourse de Casablanca est appelée à offrir, entre autres, une plate-forme dédiée aux marchés à terme. C'est d'ailleurs l'une des priorités au menu du plan tracé par le nouveau management de la société gestionnaire. Faut-il rappeler, à ce titre, le marché où les contrats à terme impliquent autant d'intervenants, et pas uniquement les sociétés de Bourse. Ils pourraient intéresser d'autres entités affiliées aux banques ainsi que les intermédiaires en valeurs du Trésor (IVT).
C'est dans cette optique qu'on pourra apprécier l'enjeu de la démutualisation de la BVC. Ouvrir le capital, associer et impliquer un maximum d'intervenants, prospecter les besoins, sonder les moyens, pour pouvoir enfin mieux dessiner l'avenir d'un marché qui gagne déjà en maturité. Le ministre des Finances l'a bien précisé. La diversification de l'actionnariat ne serait qu'une première étape. Quant aux étapes suivantes, la pratique internationale nous fournit déjà quelques éléments de réponse. La démutualisation d'une Bourse lui permet de tisser des rapprochements capitalistiques avec d'autres Bourses.
Cela rejoint aussi l'objectif de l'internationalisation de la place de Casablanca. Il y a quelques mois, la première Bourse mondiale, le groupe Nyse-Euronext, s'est dit «intéressée de près» par la Bourse de Tokyo. La déclaration du directeur général de Nyse-Euronext, John Tain, n'a été comprise que dans le cadre de l'intention de la Bourse japonaise d'ouvrir son capital à l'horizon 2009. Last but not least, l'ouverture du capital balise la voie d'une probable mise en cotation. Le scénario n'est pas exclu. La BVC cotée en Bourse, au Masi! Pourquoi pas? Grâce à l'ensemble de ses intervenants, comme disait le slogan, ensemble, tout devient possible.
Tendances internationales
La concurrence que se livrent les animateurs de l'industrie boursière mondiale incite les Bourses à modifier leur modèle structurel de gouvernance et de passer du statut de sociétés à but non lucratif détenues par leurs membres à celui de sociétés cotées. Les douze principales Bourses sont toutes des sociétés démutualisées en termes de revenus et seules quatre d'entre elles sont des sociétés non cotées.L'industrie boursière se consolide tant aux niveaux régional et international. Ce processus s'est accéléré ces trois dernières années avec la fusion Nyse-Euronext qui a créé la Bourse d'actions la plus importante dans le monde. A cela s'ajoute la fusion entre CME et CBOT créant ainsi la Bourse de dérivés la plus importante en ternes de revenus.
Selon une étude menée par le cabinet Celent, la majorité des Bourses diversifient leurs sources de revenus et ne proposent plus seulement l'enregistrement à la cote, le trading et les services d'informations mais également des services post-transaction. De plus, de nombreuses Bourses proposent à la fois le trading des titres et des instruments dérivés, tandis que d'autres se concentrent soit sur les titres, soit sur les instruments dérivés. L'étude a montré aussi que les instruments dérivés sont de plus en plus populaires; le volume des transactions des dérivés ayant augmenté de 22% entre 2000 et 2006.
