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Succession de rounds

ça continue à défiler au siège de la Primature. Et ce n'est certainement pas demain la veille que cela risque de s'arrêter.

Succession de rounds
Et pour cause, le marathon du dialogue se poursuit à une cadence effrénée depuis la reprise du processus.
Un deuxième round qui vient de connaître, lundi dernier, une ultime étape avant le déclenchement d'un troisième round. Sachant que tout devra être réglé à la veille d'un premier mai qui s'annonce sous le double prisme, ô combien contrasté entre l'éventualité d'un apaisement de la tension sociale, ou, en revanche, sous l'aune d'un thermomètre qui risque d'atteindre des sommets. Des horizons qui restent, pour le moment, de l'ordre des avis des uns et des autres, mais qui, faute d'informations précises, relèvent du domaine des interprétations. Autant dire qu'on est dans une situation de l'expectative quant à la tournure que prendront les évènements. Reste, néanmoins, que des zones d'ombre sont en train de s'estomper, alors que d'autres persistent. En fait, tout au moins, les partenaires sociaux, notamment les patrons et les centrales syndicales, sont de plus en plus explicites quant à leur vision, ainsi que leurs revendications respectives.

Mais, entre les deux, c'est surtout le gouvernement qui se retrouve dans une situation peu enviable, puisqu'il est, pour ainsi dire, entre le marteau et l'enclume. D'une part, les engagements qu'il ne cesse de réitérer quant à la sauvegarde du pouvoir d'achat des populations, et de l'autr , il a les mains liées par les contraintes exogènes, dont la flambée des prix du baril de pétrole et celle des matières premières.
Or, dans cette configuration, il est sous le poids de plusieurs fardeaux, au même titre qu'il est l'objet de tirs venant de plus d'une direction. La situation est d'autant plus inextricable qu'il est censé faire preuve de doigté pour garder la main. Seulement, un simple retour sur les deux premiers rounds de ce qui est communément connu sous le sobriquet du dialogue social, tout porte à croire que la partie est plus que dure.

En fait, si le premier round a été une sorte de tour d'échauffement, le deuxième a été davantage corsé, puisque les différents partenaires sociaux sont entrés dans le vif du sujet. D'ailleurs, il suffit de revenir sur les déclarations des uns et des autres pour y voir plus clair. Ainsi, du 7 au 14 avril, le siège de la Primature a vu défiler bien du monde.
Coup sur coup, le Premier ministre et des membres de son team ont eu des rencontres avec les centrales syndicales les plus «représentatives». Abbas El Fassi, sans surprise, sortira les arguments des contraintes, comme pour signifier que la marge de manœuvre est par trop étroite. Un baril qui dépasse de loin les projections de la Loi de finances, une Caisse de compensation qui risque, si ce n'est déjà le cas, selon certaines indiscrétions, de battre de l'aile, du fait, entre autres, du feu qui embrase les matières premières.

Ipso facto, la Caisse, objet d'une interminable réforme qui ne sort pas encore des limbes de la réflexion, est plombée. Les 20 milliards de dirhams prévus sont presque totalement puisés et le déficit annoncé d'ici la fin de l'exercice en cours est pour le moins abyssal, avec un montant de 37 milliards. Dans la foulée, exception faite des produits subventionnés, c'est le panier de la ménagère qui s'enflamme. La montée de la revendication syndicale, demandant une révision substantielle à la hausse du SMIG, découle de cette situation. Calculs faits et défaits, les syndicats avertissent que le SMIG devra passer des 1.800 dirhams actuellement à 3.000 dirhams pour répondre aux exigences de la température du marché intérieur. Une vue de l'esprit, une possibilité ou simple surenchère qui consiste, selon les termes syndicaux, à demander un maximum pour pouvoir soutirer un minimum vital. Lequel devrait être marqueter auprès des «masses laborieuses» à la veille du 1er mai? Il y a un peu de tout cela à la fois. Bien qu'il aille sans dire que la situation sociale est telle qu'elle se reflète dans le pouls de la rue.

N'empêche, l'Exécutif dit qu'il a reçu le message et qu'il ne ménagera pas d'effort pour y répondre positivement. D'où le discours de la sérénité et de la responsabilité qu'il développe à chaque sortie médiatique devant les caméras des deux chaînes de télévision, lorsqu'il s'agit d'évaluer le déroulement du dialogue social en cours. Mais il se trouve qu'il ne peut à lui seul tout régler.
En fait, face à la revendication salariale, une sorte de fixation dans l'approche revendicative, tout dépend de la prédisposition du patronat. Ce dernier, pour une fois, brise le tabou qui a duré des lustres. La CGEM, par ses voix autorisées, évoque que les entreprises ne sont pas contre la revalorisation du SMIG. Ils font même montre d'un surplus de courage en avançant qu'ils sont pour une révision à la hausse de 10% échelonnée sur quatre ans. Calcul mental, cela fait 2,5% annuellement d'ici la fin du mandat de l'actuel gouvernement. Alors que ce dernier, même s'il ne l'a pas officialisée, serait pour la même augmentation, mais sur cinq an, soit une révision de deux points par an.

Plus, il assortit sa proposition en l'enveloppant dans un package général qui couvrira plus que la fixation salariale, puisqu'il évoque, par la même occasion, d'autres mesures pour protéger la capacité des ménages à subvenir à leurs besoins, sans oublier en cours de route, une meilleure répartition des fonds de la Caisse de compensation pour qu'ils soient injectés là où il faut, etc. Or, cela s'inscrit bien au-delà de l'immédiateté. Encore faut-il convaincre les syndicats de la conséquence de la marchandise qu'il tente de leur vendre. Pas du tout évident, quand on se trouve devant des syndicats qui s'impatientent. Et les patrons, alors ? Ils votent pour l'augmentation, dans la fourchette qu'ils proposent, mais la mettent au conditionnel. Un membre du bureau de la CGEM explique : « On est prêt à envoyer l'ascenseur, mais à condition qu'il nous soit renvoyé».

En clair, la CGEM voudrait, en contrepartie, des carottes fiscales, notamment sur le front de l'IR et de la TVA. Pratiquement dans la fourchette de l'augmentation qu'ils veulent consentir. On en conviendrait, c'est d'un deal donnant-donnant qu'il est question. « Rien d'anormal », rétorque-t-on dans les rangs du patronat. Au rayon de l'argumentation, on renvoie à la compétitivité de l'entreprise marocaine qu'il ne faut pas grever, mais aussi à l'attractivité du pays, en termes d'investissement, qu'il ne faut pas entamer non plus. Sur ce front, ce sont surtout les secteurs exportateurs qui haussent le ton. A croire que seul « le prix de la sueur » serait le facteur déterminant en matière de compétitivité. Au sein même de la CGEM, cette vision n'est pas partagée. Certaines voix tonnent qu'il s'agit là d'un faux débat, mais sans pour autant identifier les récalcitrants. C'est, d'ailleurs, ce qui fait qu'à la tête de la confédération patronale, on avance que la question du SMIG relève d'une approche sectorielle. Et à ce niveau, les fiches de paie des employés n'affichent pas toutes le salaire minimum. Voire qu'une large frange du tissu productif ne l'applique tout bonnement pas.

La toile de fond étant précisée, encore faut-il aller vers le plan en avant à présenter. La réunion entre la délégation patronale, forte de ses poids lourds, et Abbas El Fassi entouré des ministres concernés, n'a pas été pour un tour d'horizon, mais bel et bien une séance de travail, à en croire certaines sources qui y ont pris part. D'autant plus, et c'est un détail à ne pas négliger, qu'elle n'a pas été la première du genre. Souvenons-nous, en fait, qu'au moment de la mise en circulation du fameux Livre blanc, le Premier ministre avait reçu une délégation de la Confédération patronale. Outre les grandes lignes dudit Livre, la délégation a aussi profité de l'occasion pour présenter ses attentes. Les mêmes pratiquement qui sont revenues: réglementation du droit de grève et autres efforts sur l'IR et la TVA.

Quant à l'actualité, on n'est pas sorti des principes, avec néanmoins ce plus que le patronat exige cette contrepartie pour consentir la révision à la hausse du SMIG. L'Exécutif, qui s'est contenté de prendre acte, devra revenir vers les syndicats, à partir du lundi ou mardi prochain, pour décliner les scénarios en perspective. Les réponses des centrales, qui n'ignorent pas les contours de la situation économique du pays, devront tomber juste après. Or, à retenir certains échos, tout porte à croire que les partenaires sociaux devront trouver un moyen terme. Le tout devant être bouclé d'ici la dernière semaine d'avril.
Maintenant, qu'attendre ? Les tirs à la corde devront se poursuivre et la patience est à rude épreuve. Le troisième round devra déboucher sur des réponses plus concrètes.
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L'imbroglio des acronymes

Dur, dur de gérer la multiplicité des horizons. A son corps, le Premier ministre et son équipe viennent d'en découvrir les désagréments. A peine investi, l'actuel gouvernement a vu les vannes de la protestation s'ouvrir. Même pas le temps de goûter à l'investiture que la rue s'est enflammée. Mais ce n'était là que l'annonce de jours qui allaient être encore plus pénibles. En fait, la flambée des cours à l'international, que ce soit pour l'or noir ou encore pour certaines matières premières, allait vite créer d'autres préoccupations dans le quotidien des Marocains. C'est sans équivoque: le gouvernement, en concoctant ses prévisions, n'a pas vu l'orage venir. Du coup, il se trouve dans un imbroglio d'acronymes. Ceux-ci vont d'abréviatifs fiscaux (TVA, IR), quand il est face aux patrons, à ceux des syndicats (FDT, UGTM, UMT, CDT, UNMT). Cinq centrales, cinq cahiers revendicatifs et une vision patronale sous forme d'un package. Le risque de s'y perdre n'est pas éloigné. Mais l'Exécutif tente de manager des négociations dans un environnement exogène hostile. Le vrai examen de passage en fait.
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Communication, quand tu manques…

Ce n'est pas le black-out mais cela lui ressemble. Le processus du dialogue social se passe comme s'il ne concernait que ceux qui y prennent directement part. Certes, on comprendra bien que les parties prenantes ont le devoir de réserve pour ne pas ébruiter un déroulement tendu, mais ce n'est pas une raison suffisante pour partager l'information avec l'opinion publique. A qui la faute? Il n'y a pas de tableau où accrocher les points de mérite ou de non-mérite en la matière.
Mais il n'en demeure pas moins qu'il y a un vrai problème de communication en la matière. Quand on demande aux trois partenaires sociaux des informations concernant leurs réunions, on n'a pour réponse que des généralités où chacun défend ses positions. Rien de plus.

Pas moyen d'avoir de l'information utile pour soutenir une thèse. Dans cette équation, c'est le gouvernement qui se retrouve mal en point. D'autant plus que certaines délégations syndicales se seraient plaintes que la presse en sait plus qu'elles et que l'Exécutif serait en train de brouiller les pistes. A croire l'un des membres de l'équipe El Fassi, des syndicats en veulent au gouvernement pour de présupposées fuites organisées de l'information. Dans d'autres cas, certains prêchent le faux pour pouvoir avoir le vrai. Alors que d'aucuns font carrément dans la manipulation de l'information. Tout cela aurait pu gagner en clarté si les uns et les autres procédaient par les voies normales de l'information officielle, claire, nette et limpide.
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