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Les prix vont crescendo

Le Maroc n'est pas à l'abri des incidences de la cherté des matières premières.

Les prix vont crescendo
Dans le secteur du bâtiment et travaux publics, la pression sur les prix est grande. Actuellement, tous les industriels ont répercuté cette hausse sur le prix des matériaux de construction. Déjà les cimentiers ont ouvert le bal en novembre et décembre dernier. Ils ont fini par augmenter le prix sortie usine. Lafarge Maroc a opéré cette augmentation depuis le 16 novembre 2007. «Nous avons essayé de rattraper la flambée du prix du coke qui a grimpé de 60% et du fret. C'est la seule hausse que nous avons opérée. Pour le moment, il n'y a pas d'autre augmentation en vue», nous a confié Abdeslam Bikdir, directeur commercial de Lafarge Maroc, qui a augmenté le prix de son ciment entre 30 et 35 DH la tonne.

Holcim a également revu à la hausse ses tarifs. Selon un responsable commercial, ces derniers ont grimpé de 40 DH la tonne depuis novembre 2007. Même son de cloche chez Mohamed Chaibi, président directeur général de Ciments du Maroc. «Nous avons augmenté nos prix sortie usine en deux temps, en novembre et en décembre. Cette hausse se justifie par la cherté des matières premières». Et d'ajouter : «Ce sont les intermédiaires qui contrôlent le marché et s'enrichissent à nos dépens. En tout cas, nous sommes en train de mener une grande réflexion sur la réorganisation du circuit de distribution».

En fait, depuis le boom immobilier, des spéculateurs qui veulent s'enrichir rapidement achètent des stocks et créent la pénurie pour les vendre au prix fort. Nous avons vécu cela, surtout en 2007, quand les cimentiers criaient qu'ils n'ont pas revu leurs tarifs alors que sur le marché les prix avaient flambé. Le sac de 50 kg qui devait se vendre entre 55 et 60 DH a atteint jusqu'à 70 DH, voire plus dans certaines régions lointaines.

A noter que ces revendeurs peu scrupuleux ont réussi à se faire un argent fou, vu la grosse demande sur le ciment. Selon les chiffres officiels, la consommation nationale a atteint près de 12,8 millions de tonnes durant l'année écoulée, en hausse de 12,6% par rapport à 2006, malgré la détente amorcée depuis avril 2007. Et ce n'est pas près de finir. Durant l'année en cours, le secteur devrait encore tirer profit du bon comportement des secteurs immobilier et touristique et des chantiers d'envergure lancés à travers le Royaume.
Cette anarchie n'a pas concerné que le ciment. Depuis début 2008, l'acier a augmenté de 20% et le sable de 10%.

Qui dit augmentation du prix du ciment, dit hausse des prix des produits fabriqués à partir de ce matériau. C'est le cas des briques, du béton ….
Le fer à béton n'est pas en reste. Depuis une semaine, les prix ont atteint 15 DH le kilo contre 12 DH en 2006, soit une revalorisation de 20%. Sur le fer à béton, produit assez homogène, il y a une tendance à aligner le prix sur celui des concurrents. Cette hausse des prix est dictée d'une part par la hausse de la demande locale et également par le renchérissement des matières premières. A rappeler que durant l'année 2007, la consommation de l'acier (rond à béton et fils machine) a enregistré une hausse de 11,2%, comparée aux ventes réalisées en 2006. Au total, plus de 1,3 million de tonnes d'acier ont été écoulées l'année dernière contre 1,2 million de tonnes un an auparavant.

Ce volume est tiré vers le haut par la forte demande sur les matériaux de construction. A noter que c'est la Sonasid qui en a bénéficié le plus, vu qu'elle contribue à elle seule à hauteur de 62% de la production locale de l'activité sidérurgique au Maroc. Elle fabrique principalement de l'acier à béton crénelé à haute adhérence et de l'acier à béton lisse. Outre le ciment et l'acier, le sable a également vu ses prix grimper, passant de 150 DH le mètre cube en 2006 à
280 DH depuis le début de l'année. Ce marché est connu pour l'irrégularité du prix, vu le poids de l'informel et la durée courte des concessions. Ce secteur est également marqué par le manque de visibilité de l'Etat.

A noter que près de 75% des approvisionnements proviennent du pillage des plages et des dunes, ce qui cause une grande détérioration de l'environnement.
Outre ces produits, tous ceux qui touchent de près ou de loin à l'immobilier ont connu une inflation importante. Ces hausses sont surtout encouragées par la flambée des cours du pétrole et également par la spéculation qui bat son plein en l'absence d'un contrôle rigoureux.
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L'éolien au secours du béton

Pour venir à bout d'une partie de cette dépendance de l'industrie marocaine au pétrole, certains industriels réfléchissent sérieusement à investir dans le gaz et l'éolien. Déjà Lafarge a basculé depuis septembre 2005 vers l'éolien faisant de la cimenterie de Tétouan la première unité au monde à disposer de son propre parc éolien. Ce projet permet de produire l'équivalent de 50% des besoins en énergie électrique de l'usine et de réduire les émissions de gaz à effets de serre de l'équivalent de 30.000 tonnes de CO2/an. D'autres cimentiers pensent également à se doter de cette énergie. C'es le cas du Ciments du Maroc qui mènent des études dans ce sens dans le but de réduire les coûts. La piste de la production de l'électricité par le gaz est également envisagée par ce groupe.

Pour rappel, même si le Maroc ne détient pas des sources propres d'énergie, il a le soleil, le vent, la mer et la forêt. Autant d'ingrédients qui, s'ils sont bien exploités, peuvent être utilisées aussi dans la production des énergies renouvelables. La part des énergies renouvelables devrait être portée à 1.000 MW en 2012, soit 10% du bouquet énergétique et 20% de la production d'électricité.
A signaler également que cinq industriels ont déjà signé des conventions pour l'autoproduction d'énergie avec l'Office l'Office national de l'électricité (ONE), notamment Ciment du Maroc, Endesa, Nareva, Ynna Holding et Iberdrola. D'ici à 2010, leur puissance de production globale atteindra 820 MW. D'autres sociétés sont également interessées.
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