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La croissance de ces dernières années foncièrement mitigée

Sommes-nous en train d'assister à l'amorce d'une nouvelle vision de politique économique au Maroc. Si depuis longtemps, y compris la décennie où le socialiste Fathallah Oualalou régnait sur le ministère des Finances, la préservation des équilibres macro-économiques était érigée en dogme, le nouveau gouvernement semble changer d'approche en reléguant au second plan cette préoccupation.

La croissance de ces dernières années foncièrement mitigée
Il faut dire qu'il a tout intérêt à procéder de la sorte. La conjoncture étant difficile, nécessitant la préservation du pouvoir d'achat des consommateurs et la prise en charge d'autres aspects du développement de sorte à le rendre équilibré et durable. Joignant les actes aux déclarations, l'Exécutif s'efforce de donner son empreinte à la gestion des affaires publiques, en rupture avec le passé. La déclinaison de cette nouvelle approche a été au cœur d'une importante journée d'étude organisée récemment à Rabat par l'Association des membres de l'inspection générale des finances (AMIF), sur le thème «La Loi de finances 2008 et les perspectives d'évolution des finances publiques» et qui a réuni un parterre des plus riches : membres du gouvernement, représentants d'institutions financières internationales, universitaires, chercheurs, députés et responsables et cadres des secteurs public et privé...

«Le développement économique n'assure pas systématiquement le développement et la promotion sociale», affirme d'emblée le ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar. Esquissant à grands traits ce que devra être la nouvelle approche de la politique économique, l'argentier du Royaume insiste sur la garantie d'une meilleure répartition des fruits de la croissance en «excluant l'assistanat au profit de la promotion sociale, et une meilleure répartition des fruits de la croissance à travers une plus grande intégration des régions dans la stratégie de développement du pays».
Enfonçant le clou, Mezouar a affirmé que la préoccupation n'est plus les équilibres macro-économiques. «A la logique du simple maintien de ces équilibres et la logique comptable, qu'il faut préserver, il faut substituer la logique de croissance», a t-il souligné.

D'une manière plus explicite, a-t-il expliqué, le principal enjeu est désormais de savoir «comment capter plus de valeur ajoutée à travers notre activité économique» et développer notre capacité à stimuler une croissance plus élevée et régulière dans une économie ouverte. «C'est notre capacité à innover et à renforcer le facteur de la différenciation de notre économie et de donner de la visibilité qui permettra d'assurer la forte croissance souhaitée», a-t-il souligné.
Autrement dit, il faut commencer par «savoir se poser les bonnes questions et les bonnes problématiques» pour une meilleure orientation des efforts et une canalisation des énergies. La démarche à adopter est de «se fixer l'objectif d'une meilleure répartition des richesses et d'agir en conséquence», a-t-il noté.
Ce qui reviendra à dire que, tout en mettant l'accent sur les exigences du contexte économique actuel, marqué par l'ouverture, la compétitivité et la nécessité d'une amélioration continue des recettes publiques, «l'action publique doit comprendre ces problématiques».

Elle devra, de même, être à «la quête de plus de valeur ajoutée», «orienter les ressources et les efforts vers les activités les plus rentables en termes de valeur» et faire émerger le potentiel latent non encore exploité.
S'appuyant sur cette nouvelle logique de l'affectation budgétaire, M. Mezouar ne semble pas gêné par l'importance des «dépenses de la compensation». Celles-ci ne doivent pas poser de problème, selon lui, à condition de leur orientation «vers les bonnes cibles». Il ne craint pas non plus l'accentuation du déficit budgétaire, «si le creusement de ce dernier garantit la résorption des carences, encore persistantes, en matière d'éducation, de santé et assure l'amélioration du pouvoir d'achat de la population». Par ailleurs, le ministre a fait savoir que «la croissance générée sur les dernières années a profité tout au plus à 3 ou 4 régions». Ce qui l'amène à préconiser l'intégration des régions dans l'économie via des stratégies ciblées en matière régionale, afin de faire émerger des pôles économiques régionaux.
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Nouveau système de compensation

La dépense publique doit répondre à la nécessité d'une meilleure allocation des ressources pour atteindre les objectifs du développement économique et social, selon Abdellatif Bennani, directeur du Budget, qui a également pris part à cette journée de travail. Evoquant une amélioration de la structure du budget de l'Etat, il concède toutefois que le système de compensation connaît des dysfonctionnements (voir repères). Pour y remédier, il préconise des mesures à court terme qui n'affectent pas le pouvoir d'achat de la population défavorisée. Il s'agit notamment de la révision de la structure des prix de reprise des produits pétroliers pour la lier au pétrole brut et non aux produits raffinés, l'indexation immédiate des essences, gasoil 350 et du fuel et la décompensation progressive des sucres en morceaux et lingots et réservation de la subvention au seul sucre granulé.

De même, il recommande la restitution intégrale et systématique du montant de la subvention par les industries fabriquant des produits à base de sucre, la réduction du contingent de la farine nationale de blé tendre de 50% dans l'immédiat et la réforme du circuit de commercialisation du gaz butane de manière à réduire l'intermédiation et son impact sur le prix (45% de marge).
Ces mesures se traduiront, selon A. Bennani, par une économie annuelle de près de 25% de la charge. A moyen terme, les mesures à prendre consistent en l'application totale du système d'indexation pour le gasoil : institution en 2007 du fonds de modernisation du secteur de transport doté de 400 MDH/an, l'augmentation du prix de gaz butane de manière uniforme sur une période de cinq ans pour aboutir à une indexation totale, la libéralisation de la farine de blé tendre et la décompensation du sucre granulé.
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Filet de sécurité

L'instauration d'un nouveau système de compensation doit être assortie d'un certain nombre de mesures d'accompagnement, permettant d'instituer le filet de sécurité au profit des populations défavorisées, selon le directeur du Budget. Il s'agit notamment d'une aide financière directe conditionnée par la réalisation des objectifs d'amélioration de la situation sociale des ménages bénéficiaires : scolarisation des enfants, accouchement en milieu hospitalier, suivi des programmes sanitaires, alphabétisation…
En ce qui concerne les conditions de mise en œuvre, il s'agit de la définition des critères d'éligibilité et des modalités de distribution de l'aide, choix des procédures de contrôle et identification des conditions de sortie. Ce qui permettra, conclut-il, de renforcer les moyens budgétaires alloués au développement social et la lutte contre la pauvreté.
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