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Un Berbère, un Français, une réussite

L'année 1960, Pierre Bourneix venait de se rendre compte qu'il donnait beaucoup plus qu'il ne recevait de l'entreprise dans laquelle il travaillait.

Un Berbère, un Français, une réussite
Coach d'une équipe composée de plusieurs personnes au sein de la société «Café Mondial», Pierre était démissionnaire, initiative que son employeur refusera, lui proposant en contrepartie de s'associer à lui dans une nouvelle entreprise faisant dans le même produit. «Mon père était partant pour cette association, sauf que les tergiversations de son ex-employeur allaient révéler bien de coups bas.

Du coup, il décida de voler de ses propres ailes et loua un petit local de 100 m2 où était installé un torréfacteur. Les Cafés Bourneix venaient de voir le jour», explique Daniel. La petite affaire cachait bien du succès, puisque Pierre Bourneix prit aussitôt des allures de pôle d'attraction. En effet, le portefeuille-clients de Pierre allait lui être d'un grand secours, puisque les anciens habitués de «Mondial» se ruèrent chez lui. Les affaires marchaient bon train, jusqu'à atteindre des pics et, inévitablement, une certaine saturation.

Pierre Bourneix s'arrachait les cheveux, victime du succès de sa petite entreprise et de ses produits à la qualité indiscutable. Il avait besoin d'un bailleur de fonds, mais il éprouvait des répulsions rien qu'à l'idée de prendre un associé. Il se rendra à l'évidence et son choix sera, finalement, porté sur un ami fidèle, réputé pour son honnêteté et sa droiture, feu M'barek Yahi en l'occurrence.

«Pierre avait fait sa proposition d'association à mon père défunt, au tout début des années 70, chose qui l'avait séduit. Y voyant une opportunité d'affaires, d'autant plus que Pierre était son ami et son confident. Cette confiance partagée finira par aboutir à une association exemplaire. Pour preuve, les descendants de chacun des associés la perpétuent, toujours empreinte de respect et du souci de la bonne marche de l'entreprise», indique pour sa part Hassan Yahi, fils de l'un des instigateurs de cette association. M'barek Yahi, qui avait des affaires en commun avec ses frères H'mad, Ali, et Âbed, ne se limitera pas à s'associer avec Pierre et à donner autant à l'entreprise que son associé. Loin de là. En effet, M'barek, ce fils de Tafraoute, ambitieux par nature, forçant le respect et ayant, de son vivant, toujours eu le mot pour rire, allait pousser les limites de cette association.

«La famille Yahi est une perle rare. En effet, Haj M'barek avait une confiance totale dans notre gestion des choses. Il me répétait, à chaque fois qu'il débarquait ici : "Daniel, fonce, je te fais confiance"… ce sont des mots que je n'oublierai jamais. Quand il y avait des besoins importants en fonds, il n'hésitait jamais à sortir son chéquier. De plus, la continuité a été assurée de manière exemplaire grâce à ses descendants : ses enfants et ses neveux. Et là, je saisis vraiment la portée du choix de mon père de s'être associé au défunt… il avait vu juste en cet homme aux qualités remarquables…», conclut Daniel Bourneix, un brin ému. Aujourd'hui, en termes de co-gestionnaires, la société compte autant de Yahi que de Bourneix, tous unis pour la même cause : préserver et perpétuer ce que leurs géniteurs ont créé. Bref, il s'agit là d'une belle histoire d'amour aux saveurs caféinées, qui n'est pas prête d'épuiser son dernier arôme. Repose en paix, M'barek, "ton bébé" est entre de bonnes mains…
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