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Avancées et appréhensions

Au-delà des chiffres, la mise en œuvre de la stratégie touristique à l'horizon 2010 est déjà bien avancée. Le constat est visible à l'œil nu. Seul l'ambitieux Plan Azur témoigne de la bonne marche du processus. «Nous sommes en ligne avec les objectifs.

Avancées et appréhensions
Les six stations balnéaires sont d'ores et déjà concédées. Les travaux se poursuivent dans cinq stations. Le projet du site de la plage blanche est à l'étude,» souligne Omar Bennani, directeur des aménagements et des investissements au ministère du Tourisme. Face à l'engouement suscité par la démarche du Plan Bleu, l'Etat a dû concéder deux autres belles stations balnéaires qui n'étaient pas initialement prévues dans le cadre de la vision de 2010. Elles viendront donc affiner le magnifique décor des sites d'Oued Chbika à Tan Tan et de celui de Cala Iris à Al Hoceïma. «Tous ces investissements demandent un certain temps. Elles ne seront pas toutes construites en 2010», tempère néanmoins O. Bennani. Comme quoi il ne faut pas pousser l'ambition jusqu'aux frontières de l'irréalisme. Chaque projet a ses propres dimensions et, partant, ses propres contraintes.

L'ouverture des différentes stations se fera d'une manière progressive. Saïdia ouvrira le bal, dès cette année, mais juste pour la partie réservée aux activités d'animation. Elle sera suivie en 2009 par Mazagan (El Jadida), Mogador (Essaouira) et Luxus (Larache). Le lancement de la station de Taghazout est prévu pour 2010. Ce léger décalage qu'accuserait le site d'Agadir est dû d'abord au fait qu'il a changé d'acquéreur aménageur suite au désistement et au conflit opposant l'homme d'affaires saoudien Saleh Kamel à son ex-associé Azedine Lakhouaja.
De son côté, le nouvel acquéreur, l'américain Colony Capital, chef de file du consortium désigné à l'issue d'un appel d'offres en 2006, vient de recevoir l'autorisation de lotir il y a à peine quelques semaines. Car, au début, il avait déposé un plan qui couvre la corniche à hauteur de quatre mètres seulement alors que la Convention d'investissement prévoyait une dizaine de mètres. Les chantiers de Taghazout ont finalement repris les travaux sachant que la partie consacrée au golf est d'ores et déjà terrassée.

A quelques semaines de la 8e édition des Assises du tourisme, qui se tiendra à Tétouan le 14 juin prochain, les professionnels du secteur abordent le cap et la vision 2010 avec sérénité. L'essentiel des verrous a sauté. On n'évoque plus les problèmes de foncier ou de financement. C'est la raison pour laquelle le choix des thématiques à débattre cette année a été orienté vers des variables qualitatives type développement durable, qualité et surtout la formation.
Les Assises de Tétouan auront la particularité d'avoir lieu dans un contexte particulier. Le baromètre du secteur arrêté au terme du premier trimestre annonce la couleur d'une nouvelle cartographie de la tendance globale : une hausse des arrivées touristiques accompagne une baisse des nuitées comptabilisées par les hôtels classés. La croissance du voyage individuel se fait au détriment du voyage packagé. En effet, à fin mars, les touristes ayant franchi les postes frontières sont au nombre de 2,5 millions, soit une progression de 16% par rapport à la même période en 2008.

Quant au volume des nuitées enregistrées auprès des hôteliers, il accuse une baisse de l'ordre de 6%. Le secteur se trouve ainsi face à une nouvelle donne qui risque de paniquer la Vision et à laquelle il faudra apporter les réponses idoines. Ce phénomène ne concerne certes pas toutes les destinations, mais il a, au moins, touché fortement les villes qui concentrent l'essentiel des flux touristiques, en l'occurrence Marrakech et Agadir. En un an, la ville ocre a vu son taux d'occupation céder 10 points, passant de 67 à 57%. De même à Agadir, le taux est passé de 64 à 52%. La tendance est à la baisse bien que les causes ne sont pas les mêmes entre les deux villes. Le mode d'hébergement des visiteurs de Marrakech évolue vers le sens de l'appropriation. En atteste la nature du boom immobilier caractérisant cette ville ces dernières années. On a l'impression que le nombre des résidences secondaires acquises par les «non résidents» dépasse le nombre des lits offerts par la destination. L'impact économique du voyage individuel est double mais contradictoire. D'un côté, il provoque un manque à gagner direct chez les hôteliers classés.

De l'autre, il génère une dynamique de flux qui profite à d'autres secteurs d'activité (transport, commerce…). A 260 kilomètres de Marrakech, le problème ne se pose pas de la même manière. «Ce phénomène commence à se développer sur Agadir, mais il n'est pas encore dominant. Il y a un an, 90% des visiteurs viennent à travers des vols charters affrétés par les tours-opérateurs. Cette propension a baissé aujourd'hui jusqu'à 70%. Le reste, 30%, vient à titre individuel», explique Chakib Lahlou, directeur général du Centre régional du tourisme à Agadir.
L'offre aérienne y est pour quelque chose. Le trafic point à point n'a pas encore touché des marchés demandeurs comme Düsseldorf, Bruxelles, Londres et Genèves, etc. «Le CRT a entretenu des démarches auprès de la RAM, l'ONDA et l'ONMT, pour étudier les scénarios envisageables. Mais rien n'est concret pour le moment», tient à préciser Lahlou.

Et d'ajouter que «le CRT a pris l'initiative de mettre en place un fonds de 12 millions de DH pour le développement aérien de manière à encourager les charters à desservir la ville.» Créé il y a un mois, ce fonds auquel a participé la région reste ouvert aux autres intervenants, notamment l'ONMT ou encore l'ONDA qui peut à la rigueur contribuer à la démarche rien qu'en proposant une fiscalité aéroportuaire incitative. L'essentiel, c'est d'arranger un bon PPP (partenariat public-privé). Le printemps touristique de la capitale du Souss n'en sera que plus beau.
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Éviter les sièges vides

La course à la taille critique à laquelle se livrent les tours-opérateurs et les compagnies d'assurances leur permet certes de réaliser des économies d'échelle en évitant le phénomène des sièges vides. Mais, au passage, elle se fait au détriment d'une ville comme Agadir. Le mouvement des rapprochements stratégiques qui caractérise le marché mondial des métiers du tourisme provoque directement une baisse de fréquence du trafic desservant la destination. Si autrefois, on comptait un vol pour chaque tour-opérateur ou pour chaque compagnie aérienne, aujourd'hui, dès qu'une fusion se concrétise, on doit compter un seul avion pour deux opérateurs. L'exemple du marché anglais est édifiant dans ce sens.

La fusion entre les deux grands voyagistes Thompson et First choice, effective depuis le début du mois de mai, s'est immédiatement traduite par une restriction du nombre de vols desservant Agadir. Il est passé de 5 à seulement trois vols par semaine. Et qui dit deux vols de moins, dit 600 touristes de moins chaque semaine. D'ailleurs, à fin mars 2008, en termes de nuitées, la plus forte baisse a été constatée sur le marché britannique (-40%).
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