Le Matin Eco : Quel regard portez-vous sur la mesure amendée par la loi sur la SA qui donne la possibilité aux sociétés cotées de réduire le nominal de leur action à 10 DH ?
Si Mohamed Maghrabi : La nouvelle disposition de la loi sur les sociétés anonymes donnant la possibilité aux sociétés cotées en Bourse d'avoir un nominal de 10 dirhams peut, a priori, paraître anodine; mais transposée sur le paysage du marché boursier marocain en pleine mutation, elle aura pour objectif de faire évoluer le marché boursier dans le sens d'un meilleur développement, de son expansion, de son approfondissement et sa consolidation.
Cette mesure est non seulement une innovation juridique significative, mais elle aura également, nous l'espérons du moins, des conséquences positives sur le marché financier marocain en général, et celui boursier en particulier.
Dans quel sens ?
Le marché marocain est, certes, bien développé et a atteint une certaine maturité. Néanmoins, il souffre d'un actionnariat qui n'est pas très populaire. Car parmi les principaux obstacles au meilleur développement de ce marché et à son expansion, figure une large et profonde diffusion des titres auprès des particuliers
épargnants. Aujourd'hui, bien des sociétés ont coté leurs titres à la Bourse, mais se retrouvent avec une insuffisante liquidité de ce titre, justement parce qu'il est peu diffusé, car sa valeur d'introduction (en dirham) est assez élevée pour la petite épargne. Rappelons par similitude le taux de bancarisation qui est de 27% sans tenir compte des livrets d'épargne. En les intégrants, ce taux serait de 40%. Or, la majorité de ces livrets est détenue par les petits épargnants.
Le nombre d'actionnaires peut être un indicateur de développement et de maturité économique et financière d'un pays, parce qu'il exprime non seulement la participation des citoyens, à travers leurs épargnes, aussi modestes soit-elles, au financement des entreprises, mais aussi la connaissance et surtout la confiance qu'ont les citoyens marocains dans les entreprises de leur pays.
A votre avis, une telle mesure pourrait-elle corriger ce phénomène ?
Je ne dis pas que cette mesure va, à elle seule, régler ce problème mais je pense que cette solution facilitera à la petite épargne d'acquérir des actions sur le marché boursier, fructifier cette épargne et contribuer à financer l'économie. Cet état de fait a été déjà vécu lors de l'introduction en Bourse des actions Maroc Telecom, où on a constaté un nombre de souscripteurs supérieur à 100.000, et si ma mémoire est bonne, je pense que jamais on n'avait atteint ce chiffre auparavant, sans oublier que la contribution du réseau de Poste Maroc avait joué un rôle important dans la réalisation de ce chiffre.
Quel serait l'impact de cette disposition sur les sociétés déjà cotées?
On commence déjà à voir l'intérêt pour une telle opération. D'ailleurs, le Groupe Douja Promotion (Addoha) vient de convoquer une assemblée générale en vu de réduire le nominal de ses actions de 100 à 10 DH.
En effet, l'intérêt recherché est une meilleure liquidité, une meilleure valorisation et surtout un actionnariat populaire. Je ne dispose pas de statistiques sur le nombre des actionnaires en Bourse mais je pense qu'une telle mesure pourrait avoir un effet symétrique sur le nombre d'actionnaires, pourquoi pas l'effet de la division du nominal par 10 correspondrait à la multiplication des actionnaires à moyen terme par 10. S'il y a aujourd'hui 100.000 actionnaires, avec les opérations d'introductions et de privatisations, nous pourrons espérer être 1 million d'actionnaires à l'horizon 2010, ce qui représente 8% de la population bancarisée.
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La technique consiste à proposer aux actionnaires qui détiennent une action d'en obtenir plusieurs. Diviser le nominal par cinq revient donc à transformer une ancienne action en cinq nouvelles actions. L'opération modifie la valeur de l'action en proportion de la division. Dans le cas précédent (division du nominal par cinq), une ancienne action cotée à 100 dirhams vaudra désormais 20 dirhams. Surtout à ne pas confondre avec l'attribution gratuite d'actions et bien que ces deux opérations sur titres ont une finalité similaire, elles recouvrent néanmoins des procédures différentes.
Le “split” n'est pas une opération boursière, c'est juste une opération technique qui ne modifie en rien la capitalisation boursière de la société. Pour les actionnaires, c'est généralement une excellente opération, la mise à disposition d'un plus grand nombre d'actions sur le marché relançant généralement l'intérêt pour ‘'la valeur V''. Les cultures d'appréciation ne se ressemblent pas d'un pays à l'autre. Aux Etats-Unis par exemple, il est fréquent de recourir à la division du nominal car les investisseurs n'aiment pas les valeurs dont le cours unitaire est trop important. Rares sont les titres qui dépassent les 100 dollars.
En France, le conservatisme persiste (s'appuyant sur l'idée reçue que plus un cours est élevé, plus le titre est de qualité), mais la technique du «split» se généralise de plus en plus. Au Maroc, l'expérience ne fait que commencer.
Si Mohamed Maghrabi : La nouvelle disposition de la loi sur les sociétés anonymes donnant la possibilité aux sociétés cotées en Bourse d'avoir un nominal de 10 dirhams peut, a priori, paraître anodine; mais transposée sur le paysage du marché boursier marocain en pleine mutation, elle aura pour objectif de faire évoluer le marché boursier dans le sens d'un meilleur développement, de son expansion, de son approfondissement et sa consolidation.
Cette mesure est non seulement une innovation juridique significative, mais elle aura également, nous l'espérons du moins, des conséquences positives sur le marché financier marocain en général, et celui boursier en particulier.
Dans quel sens ?
Le marché marocain est, certes, bien développé et a atteint une certaine maturité. Néanmoins, il souffre d'un actionnariat qui n'est pas très populaire. Car parmi les principaux obstacles au meilleur développement de ce marché et à son expansion, figure une large et profonde diffusion des titres auprès des particuliers
épargnants. Aujourd'hui, bien des sociétés ont coté leurs titres à la Bourse, mais se retrouvent avec une insuffisante liquidité de ce titre, justement parce qu'il est peu diffusé, car sa valeur d'introduction (en dirham) est assez élevée pour la petite épargne. Rappelons par similitude le taux de bancarisation qui est de 27% sans tenir compte des livrets d'épargne. En les intégrants, ce taux serait de 40%. Or, la majorité de ces livrets est détenue par les petits épargnants.
Le nombre d'actionnaires peut être un indicateur de développement et de maturité économique et financière d'un pays, parce qu'il exprime non seulement la participation des citoyens, à travers leurs épargnes, aussi modestes soit-elles, au financement des entreprises, mais aussi la connaissance et surtout la confiance qu'ont les citoyens marocains dans les entreprises de leur pays.
A votre avis, une telle mesure pourrait-elle corriger ce phénomène ?
Je ne dis pas que cette mesure va, à elle seule, régler ce problème mais je pense que cette solution facilitera à la petite épargne d'acquérir des actions sur le marché boursier, fructifier cette épargne et contribuer à financer l'économie. Cet état de fait a été déjà vécu lors de l'introduction en Bourse des actions Maroc Telecom, où on a constaté un nombre de souscripteurs supérieur à 100.000, et si ma mémoire est bonne, je pense que jamais on n'avait atteint ce chiffre auparavant, sans oublier que la contribution du réseau de Poste Maroc avait joué un rôle important dans la réalisation de ce chiffre.
Quel serait l'impact de cette disposition sur les sociétés déjà cotées?
On commence déjà à voir l'intérêt pour une telle opération. D'ailleurs, le Groupe Douja Promotion (Addoha) vient de convoquer une assemblée générale en vu de réduire le nominal de ses actions de 100 à 10 DH.
En effet, l'intérêt recherché est une meilleure liquidité, une meilleure valorisation et surtout un actionnariat populaire. Je ne dispose pas de statistiques sur le nombre des actionnaires en Bourse mais je pense qu'une telle mesure pourrait avoir un effet symétrique sur le nombre d'actionnaires, pourquoi pas l'effet de la division du nominal par 10 correspondrait à la multiplication des actionnaires à moyen terme par 10. S'il y a aujourd'hui 100.000 actionnaires, avec les opérations d'introductions et de privatisations, nous pourrons espérer être 1 million d'actionnaires à l'horizon 2010, ce qui représente 8% de la population bancarisée.
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Qu'est-ce que le split du nominal
La division du nominal, appelée “split” dans le jargon boursier, consiste pour une société à échanger chaque action contre un nombre proportionnel d'actions de moindre valeur. Cette opération est en général profitable à l'entreprise mais aussi à ses actionnaires.La technique consiste à proposer aux actionnaires qui détiennent une action d'en obtenir plusieurs. Diviser le nominal par cinq revient donc à transformer une ancienne action en cinq nouvelles actions. L'opération modifie la valeur de l'action en proportion de la division. Dans le cas précédent (division du nominal par cinq), une ancienne action cotée à 100 dirhams vaudra désormais 20 dirhams. Surtout à ne pas confondre avec l'attribution gratuite d'actions et bien que ces deux opérations sur titres ont une finalité similaire, elles recouvrent néanmoins des procédures différentes.
Le “split” n'est pas une opération boursière, c'est juste une opération technique qui ne modifie en rien la capitalisation boursière de la société. Pour les actionnaires, c'est généralement une excellente opération, la mise à disposition d'un plus grand nombre d'actions sur le marché relançant généralement l'intérêt pour ‘'la valeur V''. Les cultures d'appréciation ne se ressemblent pas d'un pays à l'autre. Aux Etats-Unis par exemple, il est fréquent de recourir à la division du nominal car les investisseurs n'aiment pas les valeurs dont le cours unitaire est trop important. Rares sont les titres qui dépassent les 100 dollars.
En France, le conservatisme persiste (s'appuyant sur l'idée reçue que plus un cours est élevé, plus le titre est de qualité), mais la technique du «split» se généralise de plus en plus. Au Maroc, l'expérience ne fait que commencer.
